Moussa Diarra, Abdoulaye Guindo et Boubacar Traoré
Au Mali, l’information semble aujourd’hui créer plus de confusion que d’éclairage. L’essor des technologies numériques a mis fin au monopole de l’information jadis détenue par les médias traditionnels. Ainsi, une nouvelle ère s’est ouverte : celle de la désinformation. La récente polémique née d’une question posée sur le plateau du journal télévisé de l’ORTM illustre cette fracture et relance un débat central : faut-il encore faire confiance aux médias publics ou aux canaux privés et numériques ?
Sur la question, le directeur de l’Agence nationale de presse du Mali, Moussa Diarra, signale que les trente dernières années ont été marquées par l’avènement incontestable des technologies de l’information et de la communication. Donnant ainsi la possibilité à un large public de diffuser, partager et même fabriquer des informations, textes ou images, dans l’intention de tromper. Selon le directeur technique de l’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), cette situation a créé un dysfonctionnement entre médias publics, privés et canaux digitaux qui font une diffusion plus rapide de l’information.
À l’inverse, rappelle Moussa Diarra, les médias classiques ont toujours recoupé l’information avant de la diffuser. «Ceci est la base du journalisme. Il y va de notre crédibilité. Et lorsqu’un média commet une erreur, l’éthique et la déontologie journalistiques l’obligent à la corriger», insiste le journaliste. De son avis, les médias traditionnels sont aujourd’hui victimes de la désinformation, leur crédibilité étant souvent mise à mal auprès du public. Il appelle les journalistes à cultiver le doute et la prudence afin d’éviter de tomber dans le piège des fausses informations.
Face à la désinformation, il plaide pour une réglementation adaptée à la réalité des médias sociaux ainsi que les moyens de communication électronique. «Il faut imposer la formation à tout le monde, même aux citoyens», préconise Moussa Diarra, en invitant les hommes de médias à assumer leur responsabilité en tant que garants de l’information en vue de protéger le secteur. Également, il les exhorte à faire une utilisation plus judicieuse de ces outils afin d’améliorer, assainir et réaliser des progrès dans la rapidité et la vérification.
Abdoulaye Guindo, coordonnateur de la plateforme Benbere, spécialisée dans la lutte contre la désinformation, définit pour sa part la désinformation comme une fausse information délibérément fabriquée pour nuire à un individu, une institution, un État ou une nation. Selon lui, la lutte contre le phénomène mobilise aujourd’hui journalistes, organisations de la société civile et utilisateurs des réseaux sociaux, à travers des contenus vérifiés et des campagnes de sensibilisation incitant à l’esprit critique face à toutes informations.
fact-checking- Il rappelle que la désinformation a certes toujours existé, mais elle est devenue particulièrement virale avec l’avènement des réseaux sociaux. «Des plateformes comme WhatsApp, accessibles, utilisées en langues locales et même via des messages vocaux, jouent aujourd’hui un rôle central dans la circulation des fausses informations», observe-t-il. De son analyse, les conséquences sont lourdes avec l’amplification des conflits, l’exacerbation des stéréotypes et la propagation des discours de haine.
«La désinformation pousse aussi à rejeter des études et des conclusions pourtant scientifiques, décrédibilise les journalistes et les institutions», renchérit-il. En tant que fact-checker, le coordonnateur de la plateforme «Benbere» affirme recourir à plusieurs outils de vérification. Pour détecter les images et vidéos sorties de leurs contextes, il utilise notamment la recherche inversée via Google Images, InVid ou YouTube Data Viewer. Pour les déclarations fausses ou les chiffres trompeurs, il s’appuie sur la recherche en sources ouvertes (OSINT) et sur des sources primaires, c’est-à-dire les personnes qui en savent sur l’information ou les victimes qui font l’objet de fausses informations.
Cependant, le fact-checking se heurte à de nombreuses difficultés, notamment l’accès limité à certaines sources, en particulier dans les zones de conflits armés ou pour des informations relatives aux événements et opérations militaires. Il souligne aussi les difficultés en lien avec l’Intelligence artificielle, dont la vérification nécessite l’utilisation d’outils de vérification assez chers. Dans ces conditions, précise Abdoulaye Guindo, «Benbere» renonce parfois à vérifier certaines informations. D’autant plus que la vérification des faits repose sur des sources factuelles vérifiables. «Quand elles manquent, on ne fact-check pas», alerte-t-il.
Malgré ces obstacles, la plateforme poursuit son engagement, notamment à travers la formation qui a des impacts significatifs. «Les personnes formées deviennent à leur tour des vérificateurs sur les réseaux sociaux. Cela nous encourage à continuer le combat», se réjouit-il.
Même analyse du côté de Boubacar Traoré, rédacteur en chef du desk Fact-checking de Kalux FM, qui estime que la désinformation est l’une des causes majeures de la guerre informationnelle. Il insiste, à cet effet, sur l’éducation aux médias et le développement de l’esprit critique du public pour relever le défi.
Le signalement des contenus trompeurs sur les réseaux est également, selon lui, un mécanisme essentiel pour freiner leur propagation. Évoquant un cas de fausse information relayée par des médias étrangers faisant état d’un prétendu blocus de Bamako, Boubacar Traoré évoque les dégâts causés par les fausses informations. «La désinformation crée la psychose, un sentiment de rejet et peut mettre en conflit les communautés», prévient-il, soulignant que ces informations se propagent rapidement compte tenu de leurs aspects émotionnels.
DEMBÉLÉ Siguéta Salimata
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