Personnes déplacées internes et réfugiés : Le cœur n’est pas à la fête

Demain, la communauté musulmane célèbre la fête de l’Aïd El kebir. Mais pour les personnes déplacées internes et les réfugiés, le cœur n’est pas à la fête en raison des difficultés du quotidien

Publié jeudi 05 juin 2025 à 09:27
Personnes déplacées internes et réfugiés : Le cœur n’est pas à la fête

Koura Diarra mène cette activité génératrice de revenus pour subvenir aux besoins de sa famille

 

La Tabaski est une des fêtes musulmanes les plus populaires pour la communauté du Prophète Mohamed (PSL). Les préparatifs pour ces ripailles font l’objet de préoccupations pour les chefs de famille qui remuent ciel et terre pour satisfaire les désirs de leurs familles, notamment leurs enfants et épouses. Mais les réalités de la vie ne facilitent pas la satisfaction de ces agapes, ce qui ajoute une couche à la montagne de soucis que drainent les chefs de famille.  La situation devient de plus en plus complexe pour les personnes déplacées internes (PDI) qui se trouvent «arrachées» à leur milieu d’origine du fait de l’insécurité. Notre équipe a fait une immersion dans le monde des PDI et de quelques réfugiés pour voir comment la fête se prépare de leur côté.


Si certains n’ont pas voulu se prononcer sur les préparatifs de la fête pour des raisons diverses, à la Cité des enfants à Niamakoro par contre, ce n’est pas encore la plus grande joie. Bien que la Tabaski soit un moment d’allégresse, les PDI hébergées sur ce site n’ont pas le cœur à la fête. De plus, leurs esprits vagabondent et n’arrivent pas à trouver de quoi se mettre sous la dent. Contrairement à certaines familles et quartiers où les bêlements des moutons annoncent la fête ; ici, le silence prédominant annonce l’abattement des humeurs. Pas de musique, ni de rires d’enfants excités pour l’occasion.

Mme Diarra Heta Sissoko, déplacée interne depuis quatre ans, vit sur ce site avec ses petits enfants et belles-filles. Ceux-ci expriment une profonde tristesse. «Nous n’avons pas grande chose pour fêter cette année. On a ni moutons, ni habits», se désolent-ils à notre interrogation. Notre interlocutrice nous informe qu’habituellement, ce sont leurs parents de la diaspora qui leur viennent en appui pour faire face aux charges de la fête. Cette année particulièrement, déplore cette victime de l’esclavage par ascendance, rien n’a encore été fait.

 À cette tristesse, s’ajoute la nostalgie de leur village d’origine (Diéma) qui enlève toute envie de fêter. C’est cet état de fait qu’explique Kama Diarra qui se remémore les moments prodigieux de la fête, il y a quelques années. «Au village, on célébrait la Tabaski dignement, avec des moutons, de nouveaux habits et de bons plats. Aujourd’hui, par contre, je n’ai plus le goût à cette fête», affirme-t-il d’un air triste.

Le même sentiment de désintérêt anime Koura Diarra également déplacée interne. Pour donner plus de joie à sa famille déplacée, elle exerce de petites activités génératrices de revenus (au moment de notre entretien, elle posait le henné sur les pieds et les mains d’une cliente) pour avoir de quoi vêtir et coiffer ses plus jeunes frères et sœurs. «La fête, ce n’est plus ma priorité. Je fais juste de mon mieux pour égayer mes frères et sœurs», précise-t-elle.

Pour avoir des précisions sur la situation des familles hébergées au sein de la Cité des enfants, nous avons approché le directeur général adjoint de la Cité des enfants. N’ Famara Kéïta explique que la Cité des enfants héberge au total 129 PDI qu’elle essaie de mettre dans les conditions optimales depuis 2021 malgré les difficultés. Concernant les préparatifs de la fête de cette année, il assure que des efforts sont en cours pour permettre aux personnes vulnérables de fêter dans la dignité. Déjà, assure-t-il, un partenaire a fait don d’habits pour les enfants.

Un geste qu’il salue, mais estime insuffisant au regard des besoins réels. Contrairement aux années précédentes, les contributions en faveur des personnes déplacées internes sont timides. D’où l’appel du représentant de la Cité des enfants à la solidarité : «Nous exhortons les bonnes volontés à faire preuve de générosité, pour que ces familles puissent fêter comme les autres.»

Du côté des réfugiés, la situation n’est pas non plus reluisante. Venus de divers pays (Burkina Faso, Niger, Centrafrique, RD Congo et du Soudan), ils vivent aussi dans la précarité. Selon M’Paly Sylla, administrateur et superviseur à la Commission nationale chargée des réfugiés (CNCR), les fêtes comme la Tabaski représentent une occasion importante de soutien moral et matériel pour les réfugiés. Pourtant, précise-t-il, pour les occasions du genre, les réfugiés comme les PDI ne disposent pas souvent de ressources ce qui fait qu’ils ne peuvent compter que sur l’élan de solidarité et l’humanisme de leur pays d’accueil. M’Paly Sylla, précise aussi qu’il n’existe pas à ce jour de camps dédiés spécifiquement aux réfugiés, ces derniers cohabitent avec les PDI. Pour cela, il exhorte les bonnes volontés à l’entraide.

Il faut noter qu’à ce jour, la CNCR a recensé 220 000  réfugiés au Mali, dont 88.000 sont en attente d’enrôlement dans les bases de données. Concernant les personnes déplacées internes victimes d’esclavage par ascendance qui sont hébergées sur le site de la Cité des enfants, le DGA indique qu’un processus de retour dans leurs localités d’origine est en cours, à la suite d’un procès qui leur a été favorable. Une première vague est déjà repartie pour préparer l’arrivée des autres, prévue pendant les vacances scolaires, car de nombreux enfants sont encore en classes.

DEMBÉLÉ Siguéta Salimata

Lire aussi : Région de Bougouni : L’armée détruit deux bases des groupes terroristes

Les Forces armées maliennes (FAMa) continuent avec abnégation leur mission d’escorte des camions transportant du carburant dans notre pays. C’est ainsi que dans le cadre d'une mission d'appui aérien au profit d'un convoi de carburant sur l'axe Kadiana-Kolondiéba-Bougouni, l' aviation a effec.

Lire aussi : 2è session du Collège des Chefs d’Etat de la Confédération AES : C'est parti pour la réunion des Hauts fonctionnaires

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a présidé, ce lundi 15 décembre, l'ouverture des travaux des Hauts fonctionnaires de la Confédération AES devant se tenir jusqu'au18 décembre dans notre pays..

Lire aussi : Sécurisation du territoire : Plusieurs terroristes neutralisés par les FAMa

Entre opérations terrestres ciblées et frappes aériennes de précision, les Forces armées maliennes (FAMa) ont mené, du 12 au 14 décembre 2025, une série d’actions offensives contre des groupes armés terroristes dans plusieurs régions du pays. L’état-major général des Armées dresse .

Lire aussi : Kéniéba : célébration du centenaire de l’école de Sitakily

Le lundi 8 décembre, ils sont venus de Djebé, Boureya, Kandiona, Saramakana, Waliya et de tout le Mali pour célébrer le Centenaire de l’École fondamentale de Sitakily..

Lire aussi : Cartographie de la fertilité des sols : Un programme régional de 3 ans lancé

Le Programme régional de cartographie de la fertilité des sols en Afrique de l’Ouest a été officiellement lancé, vendredi dernier, dans notre pays par le conseiller technique au ministère de l’Agriculture, Amadou Cheick Traoré, dans les locaux du laboratoire de technologie alimentaire du .

Lire aussi : Réflexion sur le développement : Le PNUD et les acteurs nationaux se concertent

Le Programme des Nations unie pour le développement (Pnud), en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a organisé, jeudi dernier dans un hôtel de Bamako, un cadre stratégique de réflexion de haut niveau sur le développement. Objectif : S.

Les articles de l'auteur

Numérique : terreau fertile à la désinformation

Les médias traditionnels ou classiques prennent le temps de recouper l’information avant de la diffuser. Tel n’est pas forcément le cas des nouveaux acteurs du métier appelés «vidéoman» qui, à la recherche de buzz et de sensation forte pour se faire plus d’audience, tombent facilement dans la désinformation.

Par DEMBÉLÉ Siguéta Salimata


Publié vendredi 12 décembre 2025 à 09:03

Programme africain de mini-réseaux : Plus de 8.000 bénéficiaires

Le Projet national du Programme africain de mini-réseaux permettra la mise en service directe d’au moins 309 kilowatts de puissance solaire photovoltaïque installée et 754 kilowattheures de capacité de stockage sur batteries. Il bénéficiera directement à plus de 8.000 personnes, dont 50% de femmes..

Par DEMBÉLÉ Siguéta Salimata


Publié vendredi 28 novembre 2025 à 08:47

Journalisme de solutions et fact-checking : 90 journalistes et blogueurs formés

Le groupe de presse Mali Tribune, en collaboration avec le Fonds d’appui aux moteurs du changement (Famoc), a organisé les 24 et 25 novembre une session de formation dédiée au journalisme de solutions et à la lutte contre la désinformation et les discours de haine. Objectif : sensibiliser les participants et renforcer leurs capacités sur les deux notions. C’était au Centre Abbé David de Sébénikoro..

Par DEMBÉLÉ Siguéta Salimata


Publié vendredi 28 novembre 2025 à 08:31

Mariam Boubacar Maïga : Le jour où tout a basculé

Il y a 16 ans, Mariam Boubacar Maïga a frôlé la mort dans un accident de la circulation dont elle traîne encore les séquelles. Actuellement journaliste reporter et présentatrice à la chaîne nationale de télévision ORTM 2, elle témoigne pour l’Essor à l’occasion de la Journée mondiale du souvenir des victimes de la circulation routière.

Par DEMBÉLÉ Siguéta Salimata


Publié lundi 17 novembre 2025 à 08:36

Ousmane Maïga, directeur général de l’Anaser : «Pour réduire le nombre d’accidents, il est essentiel de renforcer les sanctions »

Le Mali, à l’instar des autres pays, a commémoré, hier, la Journée mondiale du souvenir des victimes de la circulation routière. À cette occasion, le directeur général de l’Agence nationale de la sécurité routière (Anaser), Ousmane Maïga, nous a accordé une interview exclusive. Il fait l’état des lieux de la sécurité routière dans notre pays et évoque les actions menées pour réduire le nombre d’accidents.

Par DEMBÉLÉ Siguéta Salimata


Publié lundi 17 novembre 2025 à 08:35

Circulation routière : Ces véhicules « Messagers »

Entre prières, proverbes et conseils, les véhicules de transport en commun ou des camions se transforment en de véritables panneaux ambulants rendant la circulation inspirante et motivante.

Par DEMBÉLÉ Siguéta Salimata


Publié mercredi 12 novembre 2025 à 10:19

SamonaM : une étape importante dans le processus de modernisation du système financier malien

La 1ère édition a été marquée par des expositions des banques et Fintechs, des panels et ateliers.

Par DEMBÉLÉ Siguéta Salimata


Publié lundi 10 novembre 2025 à 11:10

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner