Engrais organique : La recette pour une fertilisation durable des sols

Oumar Fomba est transporteur mais aussi propriétaire d’un champ de deux hectares à Samayana, village situé à une trentaine de kilomètres de Bamako. Le dimanche 11 juillet dernier, notre équipe de reportage s’est rendue dans son champ.

Publié vendredi 18 août 2023 à 05:36
Engrais organique : La recette pour une fertilisation durable des sols

Ce transporteur, non moins paysan, scrute ses animaux et ses plantes. Au tour de lui, on aperçoit des moutons et des espèces de volailles (pintades, poulets, dindons, canards) jasant dans une ambiance incommensurable. Outre des manguiers, des karités, des nérés et des boutures de goyaves s’y trouvent. À l’autre bout du champ, tout entouré de grillage, on voit des tas de bouses de bœuf en épars. Pour ses besoins, notre interlocuteur a mis en place un système de production de l’engrais organique «farafin nɔgɔ» à partir des excréments de ses animaux.


Il explique : «Nous rassemblons leurs fientes dans un trou, nous en ajoutons les déchets et ordures, de l’herbe et du banco. De temps en temps, on l’arrose pour qu’il soit bien décomposé avant le début d’hivernage afin d’avoir de l’engrais organique.» Cette technique, bien connue dans le Mandé, permet à nombre d’agriculteurs de satisfaire une bonne partie de leurs besoins en engrais. Oumar Fomba ne cache pas qu’il préfère l’engrais organique à l’engrais chimique, appelé «tubabu nɔgɔ».


Une préférence qui s’est imposée au fil des années de pratique de l’agriculture. Aujourd’hui, il n’utilise plus que de l’engrais organique, car «les plants nourris avec cet engrais donnent des produits bios avec un agréable goût». L’agriculteur estime que ce type d’engrais permet de fertiliser le sol et de le conserver durablement. Ses cultures phares sont le maïs, le mil et le haricot cette dernière est cultivée sous le maïs pour le fourrage d’animaux. Son gardien est natif de Béléko, dans la Région de Dioïla, une des grandes zones agricoles du Mali. Installé dans le champ d’Oumar avec sa femme, Adama Diarra nous partage leur idée sur les deux engrais dans leur contrée.

Selon lui, tous les deux sont utilisés chez eux. Cependant, l’engrais organique permet à la culture d’avoir la force de résister dans la durée, tandis que l’engrais chimique lui donne un vif élan dans un temps mesuré et permet aussi d’augmenter sa production. Le jeune homme explique aussi qu’ils ont deux sortes de terres : sableuse et non sableuse. Leur différence est que celle sableuse conserve plus l’humidité. «L’engrais chimique aide beaucoup dans les parties moins conservatrices d’humidité, parce qu’il fait avancer rapidement les plantes», croit savoir Adama Diarra.

 

RESTAURER LA FERTILITÉ- Le chef de la division promotion et valorisation des cultures et produits végétaux à la Direction nationale de l’agriculture (DNA), Tiémoko Lanfia Touré, fait savoir que les deux engrais ont à peu près le même rôle qui est de booster la production agricole, d’augmenter les rendements. Mais la différence est que l’engrais organique contribue à la structuration du sol, c’est-à-dire la restauration de la fertilité et la conservation de humidité dans le sol. Il contribue à l’amélioration des propriétés physiques ou chimiques du sol. Tiémoko Lanfia Touré rassure que cet engrais n’est pas toxique pour la terre parce que c’est à base naturelle. «Il est aussi considéré comme l’engrais de fond. On l’utilise en général avant l’installation des cultures. Il soutient la culture durant tout le cycle», explique l’expert agricole de la DNA.

Les engrais chimiques contribuent aussi à l’augmentation de la production agricole. Mais le seul problème est que ce sont des produits toxiques. Leur utilisation prolongée et irrationnelle peut provoquer le problème d’acidité du sol et contribuera à la baisse de la fertilité du sol. Selon Tiémoko Lanfia Touré, les deux engrais (chimique et organique) peuvent être combinés et utilisés. Est-ce que les paysans peuvent se passer des engrais minéraux? L’expert répond : «Dans les politiques agricoles en Afrique de façon générale, on est en train de faire la promotion de l’agro écologie. Cela ne veut pas dire qu’il faut bannir l’engrais chimique, mais plutôt un usage raisonnable car il a un impact négatif sur la santé humaine, animale et sur l’environnement.»

Pour le moment, ajoute-t-il, l’agriculture biologique tant souhaitée n’est pas à la portée de tout le monde. Elle demande, en effet, beaucoup de fonds que peu de pays peut mobiliser. Aussi, la production d’engrais organique est très limitée au Mali. Les quelques sociétés qui ont commencé à produire ne peuvent pas couvrir les besoins des paysans, révèle Tiémoko Lanfia Touré qui explique au passage que les engrais chimiques de fond jouent le rôle de compost. Ils peuvent contenir plusieurs composants chimiques, comme le potassium, le phosphate, le diazote et souvent le calcium associé.

Lire aussi : Région de Bougouni : L’armée détruit deux bases des groupes terroristes

Les Forces armées maliennes (FAMa) continuent avec abnégation leur mission d’escorte des camions transportant du carburant dans notre pays. C’est ainsi que dans le cadre d'une mission d'appui aérien au profit d'un convoi de carburant sur l'axe Kadiana-Kolondiéba-Bougouni, l' aviation a effec.

Lire aussi : 2è session du Collège des Chefs d’Etat de la Confédération AES : C'est parti pour la réunion des Hauts fonctionnaires

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a présidé, ce lundi 15 décembre, l'ouverture des travaux des Hauts fonctionnaires de la Confédération AES devant se tenir jusqu'au18 décembre dans notre pays..

Lire aussi : Sécurisation du territoire : Plusieurs terroristes neutralisés par les FAMa

Entre opérations terrestres ciblées et frappes aériennes de précision, les Forces armées maliennes (FAMa) ont mené, du 12 au 14 décembre 2025, une série d’actions offensives contre des groupes armés terroristes dans plusieurs régions du pays. L’état-major général des Armées dresse .

Lire aussi : Kéniéba : célébration du centenaire de l’école de Sitakily

Le lundi 8 décembre, ils sont venus de Djebé, Boureya, Kandiona, Saramakana, Waliya et de tout le Mali pour célébrer le Centenaire de l’École fondamentale de Sitakily..

Lire aussi : Cartographie de la fertilité des sols : Un programme régional de 3 ans lancé

Le Programme régional de cartographie de la fertilité des sols en Afrique de l’Ouest a été officiellement lancé, vendredi dernier, dans notre pays par le conseiller technique au ministère de l’Agriculture, Amadou Cheick Traoré, dans les locaux du laboratoire de technologie alimentaire du .

Lire aussi : Réflexion sur le développement : Le PNUD et les acteurs nationaux se concertent

Le Programme des Nations unie pour le développement (Pnud), en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a organisé, jeudi dernier dans un hôtel de Bamako, un cadre stratégique de réflexion de haut niveau sur le développement. Objectif : S.

Les articles de l'auteur

#Mali : Grand marché de Bamako : Le défi de la gestion des déchets demeure

Des usagers, tout en saluant les efforts de la délégation spéciale de la mairie du District de Bamako, estiment qu’elle doit mieux faire. Tous pointent du doigt les quartiers riverains qui viennent y déverser les déchets nuitamment.

Par


Publié vendredi 12 avril 2024 à 07:27

#Mali: Gouvernance de l’entreprise : Les capacités des administrateurs renforcées

«Rôle, fonction et responsabilités de l’administrateur dans la gouvernance de l’entreprise», c’est le thème d’une session de formation que le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a présidé mercredi dernier dans les locaux de son département..

Par


Publié lundi 08 avril 2024 à 05:26

#Mali : Entreprises agricoles au Mali : Nécessaire vulgarisation des textes régissant le secteur

Notre pays a un potentiel en terre agricole estimé environ à 43 millions d’hectares utilisables pour l’agriculture et l’élevage. Seulement 7 millions d’hectares, soit 4,5% sont cultivés. La vulgarisation des textes peut aider à profiter de cet énorme potentiel.

Par


Publié vendredi 05 avril 2024 à 06:29

#Mali : Gestion des déchets : Une opportunité de promotion de l’économie circulaire

«Enjeux, défis et opportunités de l’économie circulaire au Mali». C’est le thème national retenu, cette année, pour la Journée internationale zéro déchet, célébrée le 30 mars de chaque année. La cérémonie de lancement des activités, placée sous le parrainage de la délégation spéciale de la mairie du District de Bamako, a eu lieu samedi dernier dans les locaux de la direction nationale de l’urbanisme et de l’habitat.

Par


Publié mardi 02 avril 2024 à 06:49

#Mali : Ségou et Koutiala : Les bienfaits des projets Oxfam

Ces projets ont permis l’autonomisation de centaines de femmes grâce à des activités génératrices de revenus se rapportant à l’élevage et la transformation de produits locaux.

Par


Publié vendredi 29 mars 2024 à 07:37

#Mali : Bakari Mangané à propos du changement climatique : «Il faut accélérer les actions d’atténuation pour lutter contre ce désastre»

La Journée météorologique mondiale a été célébrée le 23 mars sous le thème «La météo en première ligne de l’action climatique». Occasion de mettre en avant le rôle crucial de cette science dans la lutte contre le changement climatique. Dans cette interview qu’il a bien voulu accorder à l’Essor, le chargé des prévisions et alertes météorologiques à l’Agence nationale de la météorologie (Mali météo), Bakari Mangané, évoque les défis et prône un changement de mentalité.

Par


Publié jeudi 28 mars 2024 à 07:35

#Mali : Technologies agricoles : Les innovations des chercheurs de l’IER

Le Centre régional de recherche agronomique de Sotuba a abrité hier la 3è Journée portes ouvertes du Parc de technologies et d’innovations agricoles (PTA), suite à l’initiative dénommée «Pôle de coordination de l’innovation, la recherche, la vulgarisation et le conseil (Ireach)»..

Par


Publié mercredi 13 mars 2024 à 06:54

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner