Morosité dans la vente de journaux : Les kiosques sont désertés

Pas d’affluence devant les kiosques à journaux. De kiosques à journaux, il n’y en a plus des tonnes ! Les quelques rares clients jettent un coup d’œil et passent leur chemin. Il est environ 10 heures à la Place de la liberté, à Bamako où se trouve un kiosque. Qu’est-ce qui peut justifier ce manque d’engouement pour les publications.

Publié lundi 05 mai 2025 à 07:01
Morosité dans la vente de journaux : Les kiosques sont désertés

 Les journaux doivent s’intéresser aux préoccupations quotidiennes des populations afin d’inverser la tendance 

 


Les explications sont multiples. Si certains lecteurs, rencontrés sur place, soulignent un manque de sérieux dans les parutions aujourd’hui, d’autres, des distributeurs ou encore des professionnels des médias, estiment que les journalistes vivent et travaillent dans des conditions précaires qui peuvent déteindre sur la qualité de l’information.

Dans un kiosque, nous avons croisé un client, Drissa Dembélé, qui, d’ailleurs, n’est pas venu acheter un journal mais, plutôt, lire la Une de certaines parutions que la Chambre de commerce de Bamako, où il livre les journaux, depuis plus de 20 ans, ne reçoit pas. Selon notre interlocuteur, les journaux restent une source fiable d’information. «Tous les matins, je regarde la presse pour être au diapason de l’actualité, parce que c’est un média traditionnel, qui donne des bonnes informations», avance-t-il. Reconnaissant que les gens ne s’intéressent plus aux journaux comme auparavant, il en ignore les vraies raisons.

Quelques minutes après, un autre client fait son entrée sous le petit hangar où les journaux sont bien alignés. Comme la plupart des lecteurs, ce vieux retraité âgé de plus de 70 ans, est également venu dire «bonjour» à son ancien client, car il achète rarement des journaux. «J’ai arrêté de donner mon avis sur les parutions de journaux, parce que cela ne change rien. Aujourd’hui, je lis rarement les journaux, tout simplement, parce que les contenus laissent à désirer. Et je l’ai dit maintes fois, mais je ne constate aucune évolution», regrette le vieux, sans plus de commentaires.


LE BON VIEUX TEMPS- Madou Sidib
é, un revendeur de journaux depuis plus de 30 ans, affirme que les lecteurs n’achètent plus les journaux parce qu’ils trouvent que leur contenu est inintéressant. «Aujourd’hui, il y a peu de gens qui s’intéressent aux journaux. Et cela peut s’expliquer par un manque de confiance entre lecteurs et producteurs d’information. Avant, nos clients s’informaient à travers nos journaux parce que, selon eux, les vraies informations s’y trouvaient», dit-il. Avant de rappeler que dans les années 90 jusqu’à 2000, les points de vente des journaux étaient toujours bondés de monde.

«À cette époque, notre activité était une bonne affaire mais, aujourd’hui, elle est devenue une perte de temps. Je pouvais vendre 100 exemplaires du quotidien national L’Essor et d’autres parutions privées avant 11 heures. Mon kiosque était déjà vidé à cette heure, contrairement à aujourd’hui où je ne prends que deux exemplaires  du journal L’Essor, faute de clients», regrette Madou Sidibé. Cependant, le vendeur de journaux reconnaît qu’aujourd’hui, le quotidien national d’information du Mali fait des efforts remarquables pour améliorer son contenu.

Le constat de la désertion des lieux de vente de journaux est le même dans ce kiosque à Badalabougou, en commune V du District de Bamako. Selon Mohamed Diallo, le vendeur, le journal ne nourrit plus son homme. «La plupart de nos clients étaient des hommes politiques, qui ne font pas beaucoup d’activités actuellement», déplore-t-il. En précisant que les fournisseurs leur cèdent les journaux à 250 Fcfa pour qu’ils puissent les revendre à 300 Fcfa, pour gagner un bénéfice de 50 Fcfa.

Certains revendeurs ou distributeurs de journaux interrogés, estiment que les journaux ne sont plus achetés, parce que les articles sont déjà publiés sur Internet, au moment de la parution. «Je pense que ce sont les journalistes mêmes qui sont à la base de cette mévente des journaux. Les articles publiés dans les journaux, sont directement mis sur l’internet au même moment. C’est ce qui fait que, beaucoup de lecteurs s’informent sur les réseaux sociaux», soutient Bamoussa Coulibaly, revendeur de journaux. Sur son lieu de vente des journaux, aucun client, depuis le matin. Il est 12 heures. Bamoussa Coulibaly, qui n’a fait aucune vente, craint une disparition des journaux avec la concurrence du numérique.

Les conditions précaires des journalistes seraient également un frein à la bonne qualité des informations. Rares sont ceux qui travaillent dans de meilleures conditions, notamment salariales. «Les journalistes reporters ne sont pas bien payés. Beaucoup parmi eux, ne bénéficient ni de la protection sociale de l’INPS, ni de la couverture médicale de l’AMO. Ce sont des patrons de presse qui en profitent seuls», constate un distributeur, sous couvert d’anonymat. Il juge que cette condition des reporters peut expliquer la multiplication des journaux.

«Chacun veut créer son propre journal. C’est pour gagner de l’argent. Nous avons environ 200 titres de journaux. Même si les contenus restent toujours les mêmes. C’est à travers l’abonnement que souscrivent certaines structures que beaucoup arrivent à survivre, sinon ce n’est pas par la vente au numéro», analyse-t-il. 
Plusieurs facteurs sont à la base de la mévente des journaux à Bamako.


Traditionnellement, le Mali n’est pas un pays où la lecture est une priorité. «Nous n’avons pas un public de lecteu
rs. Dans les années 1991, le public s’intéressait aux journaux pour s’informer car il n’y avait pas beaucoup de médias. Pendant cette époque, les kiosques étaient partout à travers la ville, mais aujourd’hui ces lieux de vente se font rares», reconnait, Seydou Sissouma, journaliste, membre de la Haute autorité de la communication (HAC) et chargé de cours à l’École supérieure de journalisme et des sciences de la communication de Bamako (ESJSC).

S’agissant du désintérêt du public pour les journaux, Seydou Sissouma confirme que «la pauvreté du contenu» est à la base du constat même s’il est convaincu qu’une bonne production nécessite des moyens financiers. Cette hypothèse est soutenue par le doyen Diomansi Bomboté, journaliste. «Les journaux doivent traiter le quotidien des Maliens. Les sujets qui intéressent le public, doivent être la préoccupation des journalistes tout en évoquant des choses inédites. Mais si nous reprenons les mêmes informations, déjà publiées par les radios ou télévisons, cela n’aura plus d’importance», fait savoir le doyen.

Cette mévente des journaux serait une raison qui pousserait plusieurs étudiants des écoles de journalisme à choisir d’autres spécialités que la Presse écrite. En tout cas, c’est ce que nous dit Aboubacar Sangaré, étudiant sortant de l’ESJSC, qui a opté pour la télévision parce que selon, lui, l’audiovisuel est plus facile. «Je me suis dit que je suis bon en télé plus qu’en presse écrite. Tout ce qui est technique, caméra, montage, m’attire», dit-il. Il ajoute aussitôt : «Je n’ai pas choisi la Presse écrite car j’ai constaté que sur le marché de l’emploi, elle n’offre pas autant d’opportunités intéressantes que l’audiovisuel. Pour un journaliste débutant, il serait un peu compliqué d’y gagner sa vie», estime le jeune journaliste. Au total, ils étaient 30 admis au concours d’entrée, pour la 7è promotion. Après la spécialisation, 16 ont choisi la télévision, 9 ont opté pour la radio et 5 pour la presse écrite dont une jeune dame.

À ce sujet, le chargé de cours de presse écrite, Seydou Sissouma explique que la radio et la télévision sont des médias chauds dans lesquels, les journalistes sont reconnus facilement, à travers leurs productions, par le public. Alors que le journaliste de la presse écrite travaille dans l’ombre. «Contrairement à l’audiovisuel, la presse écrite demande beaucoup d’investissement intellectuel», ajoute l’enseignant.

La question qui peut tarauder l’esprit du public, c’est de savoir comment ces employés des rédactions sont payés par leurs patrons, vu que les journaux ne font pas de recettes. Le directeur de publication du quotidien privé «L’Indicateur du Renouveau», Alou Daou explique qu’«au Mali, aucun journal ne pourrait payer ses employés avec la vente des journaux». «Par exemple, pour une seule parution, nous pouvons dépenser 100.000 Fcfa pour faire une vente de 10.000 Fcfa seulement. Nous avons des partenariats d’abonnement et de la publicité qui alimentent nos caisses, nous permettant de rémunérer les journalistes», précise-t-il.

Moussa M. DEMBÉLÉ

Rédaction Lessor

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