Une évidence saute aux yeux. Notre pays avec l’IER garde une bonne longueur d’avance sur nombre de ses voisins africains dans le domaine de la recherche agricole et reste même compétitif à l’échelle planétaire. Cette belle promesse risque d’être compromise par les péripéties. L’IER, pilier de la recherche agricole au Mali, est aujourd’hui confronté à une crise silencieuse et profonde. Depuis le 1er janvier dernier, l’Institut a enregistré le départ à la retraite de 17 agents, parmi lesquels figurent 2 directeurs de recherche, 1 maître de recherche, 2 chargés de recherche, 4 attachés de recherche et 8 agents d’appui.
Ces départs traduisent un tournant dans l’histoire de l’Institut, confronté à l’érosion lente mais réelle de ses compétences internes. Il y a une décennie, l’IER comptait près de 875 chercheurs. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 600. L’impact de cette baisse drastique du personnel scientifique est accentué par le fait que ceux qui partent sont les plus expérimentés. «En 2025, deux directeurs de recherche sont partis. Un directeur de recherche, c’est quelqu’un qui a au moins trente années d’expérience. Ce n’est pas remplaçable en un ou deux ans», explique le directeur général de l’établissement, Dr Kalifa Traoré. Bien que confiant à la capacité de résilience de sa structure, il admet que le vieillissement du personnel et la rareté des recrutements constituent une bombe à retardement.
À cet égard, l’IER a choisi d’intégrer systématiquement des programmes de formation diplômante dans tous ses projets. «Si un projet ne prévoit pas de renforcer les capacités humaines, je ne le signe pas», affirme le directeur général, qui note au passage qu’il n’existe pas d’école nationale dédiée à la formation de chercheurs. On devient chercheur sur le terrain, par l’expérience. «Il faut 10 à 15 ans pour avoir un chercheur chevronné», précise-t-il.
Grâce à cette politique de sa direction général, l’Institut a pu initier ou soutenir la formation de 12 doctorants, 10 étudiants en master et 17 en licence. L’objectif est de former de futurs cadres capables de prendre la relève scientifique. Dr Kalifa Traoré espère que ces jeunes, après leur formation, seront recrutés par l’État pour renouveler le vivier de compétences. «Aujourd’hui, nous avons certes des difficultés, mais aucun service n’a été fermé. Au contraire, de nouveaux programmes ont vu le jour, notamment sur le blé, avec un centre basé à Diré et une coordination nationale sur le changement climatique», insiste-t-il pour rassurer.
Cependant, cette vision optimiste n’est pas partagée par tous. Du côté du Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la sonnette d’alarme est tirée sur un tout autre front. C’est celui de la régularité administrative du personnel de l’IER. Selon Cheick Abdoul Kader Bouaré, le responsable du Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique à l’IER, l’Institut viole les dispositions de son propre accord d’établissement en employant de manière prolongée des agents contractuels de l’État et des fonctionnaires non détachés. Pourtant, l’article 2 de l’accord d’établissement est explicite : seuls les agents contractuels de l’IER ou les fonctionnaires dûment détachés peuvent prétendre à y travailler et à bénéficier des primes prévues.
DÉSÉQUILIBRE FINANCIER- S’appuyant sur le rapport du Bureau du Vérificateur général relatif aux exercices 2019 à 2022, le syndicaliste soutient que sur 540 fonctionnaires en poste à l’IER, 348 ne sont pas détachés légalement et 73 sont des contractuels de l’État. Cela représente un total de 421 personnes, soit près de 80 % du personnel, en situation administrative irrégulière. «Ce sont ces agents qui bénéficient pourtant de primes et indemnités réservées au personnel régulier de l’Institut», s’indigne le syndicaliste.
Parmi les avantages indûment perçus, détaille Cheick Abdoul Kader Bouaré, il y a les indemnités de responsabilité, de fonction spéciale, de résidence, de salissure ou de risque, mais aussi la prime de contrat, de zone, d’ancienneté, et de fonction spéciale d’appui à la recherche. L’impact budgétaire de ces paiements est lourd. Le syndicaliste estime que l’incidence financière avoisine les 2,96 milliards de Fcfa par an, soit plus de 80 % de la masse salariale de l’IER, évaluée à 3,7 milliards de Fcfa et entièrement subventionnée par l’État.
Or, insiste-t-il, les textes sont clairs. Selon l’article 4 de l’Ordonnance n°01-024/P-RM du 22 mars 2001 portant création de l’IER, les ressources de l’Institut proviennent principalement des subventions étatiques, dans le cadre de contrats de performance signés périodiquement. L’article 6 de la même ordonnance précise que ces contrats doivent couvrir salaires, primes et recrutements, dans le strict respect des statuts définis par l’État. De même, le manuel de gestion du personnel de l’IER indique que «tout personnel de l’Institut est recruté comme contractuel» et que «l’application de ce statut aux fonctionnaires exige un détachement préalable».
La direction défend sa position en mettant en avant les contraintes du terrain, la rareté des profils spécialisés et les lourdeurs administratives qui freinent les détachements. Mais pour le représentant syndical, cette gestion irrégulière est à la fois un dysfonctionnement juridique et un déséquilibre financier. «On ne peut pas, d’un côté, plaider le manque de ressources, et de l’autre, entretenir un système de primes injustifiées», souligne Cheick Abdoul Kader Bouaré.
L’IER se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Entre départs massifs de chercheurs expérimentés, insuffisance de personnel, incohérences statutaires et surcharge financière, l’avenir de la recherche agricole au Mali dépendra de la capacité des autorités à impulser une réforme en profondeur du mode de gestion de l’Institut. Sans quoi, le risque est grand de voir s’éteindre peu à peu la flamme d’une institution autrefois fleuron de l’innovation scientifique dans le monde rural.
Makan SISSOKO
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