Yacouba Traoré «Yaba» : Au bon souvenir d’un talent

Ce joueur a fait les beaux jours du Stade malien et de l’équipe nationale. Il faisait partie de la campagne victorieuse des Aigles à la Coupe Cabral en 1989

Publié mardi 11 février 2025 à 07:42
Yacouba Traoré «Yaba» : Au bon souvenir d’un talent

Le football, ça conserve. Yacouba Traoré «Yaba», les cheveux grisonnants, fait en moins ses 62 ans (parce qu’il est né en 1963). L’homme n’a pas la même verve de ses années de footballeur, les balais sont passés par là, mais tient bon dans ses baskets. Ce lundi 12 août 2024, votre serviteur s’est entretenu avec un homme qui a encore de la frite dans sa nouvelle maison à Kalaban-Coura. Bien stylé, un chapeau vissé sur la tête, la barbe bien soignée et élégamment mis dans un ensemble basin getzener bien brodé, Yaba présente tout de l’homme d’affaires. Retour sur le passé et la reconversion d’un footballeur.

C’était un architecte du football élégant. Un feu follet, adepte des dribbles déroutants, des accélérations à casser les reins de ses adversaires. Il prenait plaisir à les faire marcher à quatre pattes, surtout les défenseurs rustres qui nourrissaient l’ambition de le casser. Yaba, c’était aussi la magie de la spontanéité, de l’explosivité, de l’improvisation. Pendant des années, il a été le chef d’orchestre de l’attaque des Blancs de Bamako, c’est lui qui donnait le tempo de l’accélération. Adulé par ses coéquipiers et redouté par ses adversaires, il a marqué les esprits. Les férus du sport roi se souviennent d’un joueur au centre de gravité bas, et qui faisait tourner en bourrique ses adversaires. Demandez à un défenseur de l’AS Biton de Ségou, ce qu’il en pense.

L’ancien joueur du Stade malien fait de multiples prestations de services. «Je suis en partenariat avec des commerçants de la place. Je pourvois aux commandes de certaines structures. Dans le jargon populaire, on nous colle l’épithète de fournisseurs. Je me suis reconverti dans ce domaine pour gagner ma vie, après avoir traversé une période de turbulence avec le Centre de formation que l’État nous avait donnés au stade Ouezzin Coulibaly», raconte-t-il. 

Pour mémoire, de 2004 à 2012, Yaba était éducateur de football au Centre Ouezzin Coulibaly dans le cadre du projet de réinsertion des anciens sportifs, initié par le Président de la République d’alors Amadou Toumani Touré (ATT). L’après ATT a été moins bon pour lui avec des arriérés de salaires, le contraignant à se détacher de ce programme. Aujourd’hui, son agrément de fournisseur en poche, il livre des services. Mais le football, c’est dans son ADN. Il n’a pas tourné le dos au monde du foot et n’entend pas le faire. Malgré la déception qu’il est en droit de ruminer.

L’histoire de Yaba est tellement riche qu’on se perd dans ses méandres. En effet, il a commencé sa carrière dans les années 1973-1974 dans son quartier natal, Badialan 2. La même période, il sera détecté par Aly Koïta «Faye», probablement l’un des plus grands dénicheurs de talents dans le foot malien, et alors entraîneur des équipes de catégorie d’âge du Djoliba. En 1976, il signe sa première licence chez les Rouges et évolue en compagnie des Moussa Kéita «Dougoutigui», feu Sory Gouanlé «Petit Sory», autre garçon talentueux.


 Il restera un petit temps avant d’enfiler le maillot du Stade malien. Sélectionné en équipe nationale par l’entraîneur Idrissa Touré «Nani», lors des éliminatoires de la CAN 1980 contre la Gambie, le jeune attaquant fera trembler les filets dès sa première apparition sous les couleurs nationales. Suivra un long bail avec les Aigles qui va durer huit ans. 
Yaba Traoré a également évolué à l’AS Biton de Ségou, dont le dirigeant de l’époque, feu Amary Daou, avait mis le paquet pour s’attacher ses services. Une maison avait été mise sur la table

 

UNE PRIME D’INTERNAT À 1.000 FCFA- Revenu au Stade malien en 1988, il prendra sa retraite deux ans plus tard, après le sacre des Aigles en Coupe Amilcar Cabral. On s’en souvient, le canonnier a été, avec feu Gaoussou Samaké, l’un des grands artisans de cette première consécration de notre pays dans une compétition sous-régionale. Autre temps, autre réalité. L’ancien footballeur établit une comparaison entre les conditions actuelles de nos footballeurs et celles de leur époque. «À notre temps, l’amour du club, le talent, le travail et la discipline constituaient les conditions des entraîneurs.


Dans chaque équipe, il y avait des vedettes et un leader. Au Stade malien, le guide était Lassine Soumaoro, qui veillait sur tout le monde, avec des ordres à exécuter sans murmure. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Sur quel joueur malien on peut compter à tout moment dans les situations difficiles ? Il n’y en a pas. Pourtant, ils sont dans toutes les conditions, contrairement à notre époque où la prime d’internat était de 1.000 Fcfa, alors que la prime de voyage était fixée à 30.000 Fcfa», révèle l’ancien international.

Sans se prononcer directement sur la crise qui affecte le football au niveau de la Fédération malienne de football (Femafoot) et des clubs, Yaba résume le tout à une question d’intérêt. Pour lui, chacun défend simplement son bifteck, sans se préoccuper du sport. On le sait, aujourd’hui le football nourrit royalement son homme. Était-ce le cas hier ? L’ancien sociétaire des Blancs de Bamako ne tourne pas autour du pot. Il assène sa part de vérité et explique devoir tout au football, le bon carnet d’adresses, l’aura, la sympathie des supporters, entre autres. Il n’entend donc pas être ingrat vis-à-vis de la discipline. Il fait même sienne cette réflexion de l’ancien président des Rouges, Karounga Kéita dit Kéké : «Le football n’est pas ingrat, mais ce sont les hommes qui le sont».

En tout cas, Yaba fit un footballeur génial.  Il transporte le public des stades Omnisports et Bouvier d’alors et ceux des régions dans l’extase par son toucher de balle, ses accélérations, sa vista. Les passionnés de foot se rappellent encore de cette accélération puis ce changement de direction qui a vu un arbitre de touche s’écrouler pour avoir tenté d’accompagner Yaba dans ce sprint.

 «L’enfant du Badialan 2 avait le don de se faire discret, pour ensuite  enclencher inopinément l’offensive, se rabattant vers l’intérieur avant d’envoyer un missile au gardien», nous confiait il y a quelques années le doyen Mad Diarra sur l’ancien joueur du Stade malien. En finale de la Coupe du Mali de 1982 contre l’AS Biton de Ségou, on se rappelle encore ses dribles sur le défenseur ségovien Joe Frazier, pour offrir le 4è but à Seydou Diarra «Platini».

Deux ans plus tard, par ses accélérations, il offrait le premier doublé à son club en finale de la 24è édition de la Coupe du Mali contre le Djoliba en compagnie des Bréhima Guèye, Lassine Soumaoro, Mamadou Coulibaly dit Kouicy, Abdoulaye Kaloga, Seydou Diarra «Platini» pour ne citer que ces quelques noms. Et ce coup franc qu’il a marqué en 1989 contre la Guinée-Bissau, en Coupe Cabral, pour propulser en demi-finales les Aigles, qui finiront par remporter leur premier trophée contre la Guinée (3-0), souligne encore le doyen Mad Diarra. C’est dire qu’on peut faire un livre sur la vie de Yacouba Traoré «Yaba» ou plutôt la carrière sportive de l’ancien international.    

Seibou Sambri KAMISSOKO

Lire aussi : Championnat national de jeu de dames : Un favori et des outsiders aux dents longues

Cette année, 18 joueurs sont en lice pour le titre de champion du Mali. Les participants au championnat national viennent de 7 Ligues, à savoir Bamako, Kayes, Koulikoro, Ségou, Sikasso, Koutiala et Mopti. Les Ligues de Bamako et Koulikoro sont représentées, respectivement par 5 et 3 joueurs, co.

Lire aussi : New World TV : «ANKATA CAN TA»

La mobilisation autour des Aigles du Mali reçoit un coup de pouce de la part de New World TV Mali (NWTV). Lors d'une cérémonie au ministère en charge de la Jeunesse et des Sports, la plateforme audiovisuelle panafricaine a annoncé un don global de 10 millions de Fcfa pour soutenir les efforts n.

Lire aussi : CAN Maroc 2025 : Tom saintfiet, «cette équipe peut écrire l’histoire»

Pour sa première CAN avec le Mali, le technicien belge rêve grand et martèle que son objectif est de rester au Maroc jusqu’au 18 janvier 2026, date de la finale.

Lire aussi : Championnat professionnel Ligue1 Orange : Le «CLASICO» Stade malien-Djoliba promet du spectacle

L’affiche la plus attendue de la 4è journée du championnat professionnel Ligue1 Orange est sans doute celle qui opposera le Stade malien de Bamako et le Djoliba, dimanche au stade Mamadou Konaté. Et pour cause, c’est le classico malien et la confrontation entre ces deux poids lourds du champi.

Lire aussi : 150 billets d’avion attribués

Après le téléthon de mobilisation des ressources, le 22 novembre dernier, la Commission nationale d’organisation et de mobilisation pour la participation du Mali à la CAN, Maroc 2025 a procédé, hier, au tirage au sort pour attribuer les 150 billets d’avion..

Lire aussi : CAN Maroc 2025 : Les maillots des Aigles dévoilés

Les nouveaux maillots des Aigles ont été dévoilés hier lors d’un point de presse co-organisé par la Fédération malienne de football (Femafoot) et son équipementier Airness..

Les articles de l'auteur

CAN Maroc 2025 : Tom saintfiet, «cette équipe peut écrire l’histoire»

Pour sa première CAN avec le Mali, le technicien belge rêve grand et martèle que son objectif est de rester au Maroc jusqu’au 18 janvier 2026, date de la finale.

Par Seibou Sambri KAMISSOKO


Publié lundi 15 décembre 2025 à 10:35

CAN Maroc 2025 : Les maillots des Aigles dévoilés

Les nouveaux maillots des Aigles ont été dévoilés hier lors d’un point de presse co-organisé par la Fédération malienne de football (Femafoot) et son équipementier Airness..

Par Seibou Sambri KAMISSOKO


Publié vendredi 12 décembre 2025 à 09:31

Coupe du Mali de tennis de table : Des finales de haute volée

Les finales de la 7è édition de la Coupe du Mali de tennis de table se sont disputées, samedi dernier, au Centre Olympafrica de Banakabougou, en Commune VI du District de Bamako..

Par Seibou Sambri KAMISSOKO


Publié mardi 09 décembre 2025 à 09:56

Femafoot : Des acteurs outillés sur la prise en charge de la crise cardiaque et l’utilisation du défibrillateur

La Fédération malienne de football (Femafoot), en collaboration avec l’Association malienne de médecine sportive (Amames) et l’Association malienne des entraîneurs de football (Amefoot) a organisé, hier une session de formation destinée aux médecins de sport, kinésithérapeutes, entraîneurs et encadrements techniques des clubs du championnat professionnel Ligue 1 Orange..

Par Seibou Sambri KAMISSOKO


Publié jeudi 04 décembre 2025 à 13:59

Championnat national de beach-volley : L’Usfas et l’AS commune IV dominent les débats

Les finales de la 2è édition du championnat national de beach-volley se sont disputées dimanche dernier au stade du 26 Mars. En Dames, l’Usfas a été sacrée face à l'AS 1.008 Logement battue 2 Sets à 0, alors que la finale masculine a été remportée par l’AS Commune IV face aux Centristes des 1.008 Logements..

Par Seibou Sambri KAMISSOKO


Publié mercredi 03 décembre 2025 à 10:00

Fitness : Le sport pour lutter contre les VBG

Le sport, vecteur de valeurs et de discipline, est mis à contribution dans la lutte contre les Violences basées sur le genre (VBG) au Mali. C'est dans ce cadre que le ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, en collaboration avec le département de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille, a organisé vendredi dernier au Palais des Pionniers, un programme de fitness spécial intitulé «Zéro VBG avec le fitness»..

Par Seibou Sambri KAMISSOKO


Publié mercredi 03 décembre 2025 à 09:53

DNSEP : Des cadres outillés dans la lutte contre le crime financier

La direction nationale des sports et de l'éducation physique (DNSEP) a organisé, hier une session destinée à renforcer la vigilance des contrôleurs et superviseurs du secteur sportif face au blanchiment de capitaux (BC) et au financement du terrorisme (FT)..

Par Seibou Sambri KAMISSOKO


Publié mercredi 26 novembre 2025 à 07:54

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner