Bamako : Des gros embouteillages

Étroitesse des voies, chaussées dégradées, absence de trottoirs, de marquages au sol ou de feux de signalisation par endroits, incivilités et indiscipline, circuler dans la capitale est tout sauf une sinécure. La situation est pire pendant les heures de pointe

Publié mercredi 22 janvier 2025 à 07:39
Bamako : Des gros embouteillages

La circulation dans la capitale est dominée par les motos et les véhicules des transports en commun

 

 

Fatoumata Diarra travaille dans un service public. Cette fonctionnaire quitte les logements sociaux de N’Tabacoro tous les matins à 6 heures pour éviter les embouteillages afin d’être à l’heure au bureau. Contrairement à elle, Mohamed Fofana, habitant du même quartier, se retrouve tous les jours confronté à ces bouchons car il quitte sa maison à 7 heures du matin. Il raconte que depuis la grande porte des logements sociaux, les bouchons se forment et se désencombre par endroits.

«Lorsque je quitte la maison à 7 heures, j’arrive très souvent au travail à 8 heures et demi, souvent même à 9 heures, soit plus d’une heure de retard», dit-il. Ces embouteillages sont dus, selon lui, à des actes d’indiscipline, d’incivisme et d’intolérance de la part des usagers. «Souvent, tout le monde est pressé et personne ne veut céder le passage et par finir, on reste coincés surtout dans les carrefours, où il n’y a pas de policier pour règlementer la circulation», déplore notre interlocuteur.

Pourtant, le temps passé dans les embouteillages est considéré comme perdu. Il n’est ni utilisé pour le travail ni pour le loisir. Aux heures de pointe et même en dehors, se déplacer dans la capitale est un véritable calvaire pour les usagers de la route. Des bouchons monstres provoquant de longues files d’attente sur certains axes de la ville pendant des heures, deviennent le quotidien de ces usagers en véhicule ou à moto qui prennent leur mal en patience.

Les usagers venant des quartiers comme Niamana, Sénou, Sébenikoro, Kati, et Titibougou  ne diront pas le contraire. Pour comprendre les raisons de ces embouteillages, rappelons que Bamako, de par ses fonctions socio-économiques et politico-administratives, est le principal pôle de convergence des populations environnantes, car la ville abrite la plupart des unités industrielles, les services centraux, les institutions de la République. Toutes choses qui obligent les gens à converger quotidiennement vers le centre ville.

Lundi 30 décembre 2024, sur le boulevard Niamody Sissoko (qui va du viaduc de Yirimadio à l’entrée du pont de l’amitié Sino-Malienne), aux environs de 8 heures, la voie est prise d’assaut par les automobilistes, motocyclistes et minibus Sotrama cherchant chacun à se frayer un chemin pour éviter le retard dans les services.  Personne ne veut céder le passage, foulant aux pieds le code de la route.

Dans cette situation, on entend que des bruits de Klaxon et des injures venant des usagers. Et comme pour ne rien arranger, les gros porteurs s’invitent souvent dans la danse. Et cela bien qu’un arrêté du 20 octobre 2009 de la mairie du District de Bamako interdit à ces porteurs de circuler le jour sur certains axes  de la ville, notamment sur les ponts Fahd et des Martyrs. Leur passage n’est autorisé qu’entre minuit et 6 heures du matin. Malheureusement les transporteurs ne respectent pas cette mesure provoquant ainsi des embouteillages et des accidents. Selon l’Agence nationale de la sécurité routière (Anaser), en 2022, 8.189 accidents, 8.297 blessés et 684 tués ont été recensés.

Pour certains observateurs, la recrudescence des moyens de transports notamment les engins à deux roux, les voitures personnelles et les modes de transports collectifs comme les Sotrama, les taxis et les mototaxis ainsi que le manque de route contribuent beaucoup à ces embouteillages. Et pour d’autres, le phénomène est inhérent à l’augmentation de la population. Selon le 5e recensement général de la population et de l’habitat, la population malienne est caractérisée par une croissance accélérée et s’établie à 22.395.489 habitants en 2022. À ces causes, s’ajoutent l’occupation anarchique des voie publiques,  les stationnements interdits et l’inadéquation des transports en commun avec l’urbanisation.

Ces embouteillages ne sont pas sans conséquences. Mohamed Gambi est un vendeur de basin au Grand marché de Bamako. Coincé dans les bouchons sur le trajet Sébénikoro-Grand marché, il raconte que sa boutique devrait être ouverte depuis 8 heures alors qu’à 10 heures, il est toujours dans les bouchons. «Je vais perdre beaucoup de clients aujourd’hui, car ceux-ci n’ont pas la patience d’attendre», déplore le commerçant. Quant à Mme Coulibaly Alimatou Dembélé, elle déplore la consommation supplémentaire de  carburant et le retard dans le traitement des dossiers qui lui a été confiés par son chef.

 

Problème de mobilité- L’urbanisation et la croissance démographique accentuent la demande de mobilité pour éviter les pertes économiques. Aujourd’hui, le défi majeur auquel sont confronté les usagers de la circulation urbaine à Bamako est un problème de mobilité. Les perspectives d’une mobilité confortable existent et sont liées aux actions de sensibilisation et à la réalisation de grands chantiers routiers dans la ville de Bamako. Ainsi, face à l’ampleur des embouteillages et aux accidents dans le District de Bamako et conformément à sa mission d’assurer une mobilité urbaine,  les autorités ont décidé de mettre en application la mesure relative à la circulation alternée.

L’opération qui a été lancée en 2019 est appliquée le matin, de 7 heures à 9 heures, et le soir, de 16 heures à 19 heures. Le week-end, la mesure n’est pas appliquée. Sur le pont des Martyrs, le passage est autorisé à un sens unique aux heures de pointe, de sept heures à neuf heures et de quinze heures trente minutes à dix neuf heures trente. Cette opération censée  alléger les souffrances des usagers de la route, n’a pas répondu aux attentes de certains.

À cette mesure, s’ajoutent les projets d’envergure engagés par les autorités de la Transition, comme l’aménagement de 7 km de voirie dans la ville de Kati et de la section d’embranchement GMS-Samé-Kati en 2×2 voies avec un coût  d’investissement de 95 milliards de Fcfa financé par le budget national. Lors du lancement des travaux d’aménagement en février dernier, la ministre de l’équipement et des Transports, Mme Dembélé Madina Sissoko, indiquait que cet axe est stratégique et a enregistré un trafic moyen journalier de 45.117 véhicules en 2023.

Cette estimation inclut les tricycles et les deux-roues. En comparaison, l’axe Bamako-Koulouba-Kati enregistrait une moyenne de 9.000 véhicules par jour, avec une projection de 43.000 véhicules par jour d’ici 2045. En plus de ces projets en cours, certains usagers de la circulation proposent des  solutions notamment l’introduction du code de la route dans les programmes d’enseignement primaire et secondaire et la construction d’un quatrième pont sur le fleuve Niger.

Anne Marie KEITA

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