Formation professionnelle des femmes : La maison de la femme de la rive gauche fait des heureuses

En 2022, l’établissement a formé plus de 800 femmes contre 560 pendant les six derniers mois. Ces bénéficiaires ont besoin d’un accompagnement en termes d’équipements pour être davantage autonomes

Publié vendredi 11 août 2023 à 05:41
Formation professionnelle des femmes : La maison de la femme de la rive gauche fait des heureuses

Les formations concernent la coiffure, le tatouage (traditionnel et moderne), le perlage, la broderie africaine et chinoise, la coupe et couture, la saponification...


Une voie serpentée conduit les visiteurs à la Maison de la femme, de l’enfant et de la famille de la rive gauche du District de Bamako située à Dar Salam en Commune III. Bordée des deux côtés par des ateliers de réparation d’automobile (garages), la route accumulait successivement, il y a deux semaines, des trous d’éléphants remplis d’eau. Les riverains essayaient de les vider un à un avec des dabas pour faciliter la circulation des usagers.


Des femmes bravent régulièrement ces épreuves difficiles afin d’atteindre la Maison de la femme dans le but de suivre des formations. La structure propose une dizaine de filières pour l’apprentissage. Il s’agit de celui du tatouage (traditionnel et moderne), du perlage, la broderie africaine et chinoise, la transformation agro-alimentaire, la coupe et couture, la saponification, le maraichage hors sol, l’aviculture et la pisciculture. Ces activités ayant pour mission de favoriser notamment l’autonomisation de la femme ont permis de redonner l’espoir à des centaines de femmes et jeunes filles du pays.   

Pour des raisons de grossesse, Salimata Traoré a abandonné les études secondaires. Elle s’est formée en tatouage et est devenue à son tour une formatrice à la Maison de la femme. Selon la dame d’une vingtaine d’années, son métier est lucratif. Elle peut gagner plus de 10.000 Fcfa par jour pour les services qu’elle offre hors de l’établissement de formation. Quant à Safiatou Ouologuem, elle a échoué à l’épreuve du Diplôme d’études fondamentales (DEF). Soucieuse de son insertion professionnelle, elle a appris la coupe et couture. «Quand une femme a des occupations, cela lui évite des disputes frivoles dans son foyer», raconte-t-elle.

Dans une concession à Ouolofobougou en Commune III du District de Bamako, Bibata Gassamba fait la couture sur une terrasse. En cette journée du 18 juillet dernier, la jeune dame cousait un vêtement féminin. Passionnée et courageuse, elle s’est installée il y a une année après avoir bénéficié d’une formation à la Maison de la femme, de l’enfant et de la famille de la rive gauche du District de Bamako. «Après mon échec à l’examen du Certificat d’aptitude professionnelle (Cap), je me suis lancée dans cette activité. J’ai suivi une formation de 6 mois accompagnée d’un recyclage de 4 mois. Après, ma mère m’a offert une machine à coudre», se souvient-elle. Et d’espérer que ce travail va l’aider à surmonter les difficultés liées au chômage.


La jeune couturière peut dès maintenant compter sur les retombées de son métier. «Je subviens à mes besoins personnels grâce aux recettes de mes activités de couture. Je couds les habits des voisins et de ma famille», se réjouit celle qui souhaite ouvrir un atelier de couture et transmettre son savoir à d’autres personnes. Bibata Gassamba est persuadée que ce type d’apprentissage professionnel permet de lutter contre le chômage et l’oisiveté. Elle sollicite l’aide des autorités pour doter les meilleures couturières de chaque formation en équipements. Parce que, justifie-t-elle, après la formation, il y a certaines personnes qui manquent de moyens pour s’offrir des matériels de couture.

Naba Diakité est également une sortante de la Maison de la femme, de l’enfant et de la famille de la rive gauche. Pour éviter le chômage pénible qui attend la plupart des sortants des universités, elle a décidé de se former en coupe couture. Selon elle, la formation professionnelle est un apprentissage concret contrairement à ses études à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG). L’étudiante en licence III argumente que ses cours universitaires ne sont que des théories emmagasinées dans la tête.

 

VOIE DE CIRCULATION CABOSSÉE- Il a fallu huit mois à Nassira Koné pour devenir une maquilleuse et une coiffeuse spécialisée dans la tresse. Elle reçoit ses clients à la maison en attendant d’ouvrir un salon de coiffure bien équipé. L’habitante de Bolibana subvient à ses propres besoins et ceux de sa famille. Pour elle, la réussite dans ce métier exige de la persévérance. La jeune dame de 25 ans salue les efforts fournis par la Maison en matière d’autonomisation des femmes. Elle insiste sur l’accompagnement matériel et financier des autorités en faveur des bénéficiaires de ces formations.

Après avoir bouclé une formation de 3 mois en 2021, Mme Toumagnon Assétou Magalou arrive à fabriquer du savon. «Ce travail m’a été d’une importance capitale. Je peux faire du savon moi-même et je le vends. Mes enfants aussi parviennent à en faire autant», se félicite la mère de 8 enfants. Et d’espérer que ses filles peuvent en tirer des avantages financiers dans leur foyer conjugal. Surtout, souligne-t-elle, leur communauté pourrait en bénéficier. L’accès difficile aux équipements est le même problème qui fait grincer les dents à la technicienne de la saponification. La quadragénaire affirme avoir un besoin pressant d’un moule complet, des barriques, de l’huile et de la potasse.  

La directrice de la Maison de la femme de la rive gauche indique que son équipe fabrique des produits locaux et des bijoux artisanaux que les femmes portent lors des mariages. Y compris des cours d’anglais au profit des enfants. Mme Koné Oumou Diop précise que l’accès à ces formations est conditionné au paiement de 15.000 Fcfa pour une durée respective de trois mois, un mois accompagné d’une formation de recyclage de deux semaines. «Je suis satisfaite par rapport à la formation parce que de 2017 à nos jours les femmes formées sont devenues autonomes grâce à ce métier. Mais la plupart d’entre elles sont constituées de femmes vulnérables qui ne sont pas accompagnées après la formation», confie-t-elle avant d’inviter les partenaires à doter en équipements les meilleures apprenantes. Elle soutient que l’autonomisation est un moyen pour que la femme soit à l’abri du divorce.

Mme Koné Oumou Diop ajoute que les femmes viennent de presque tous les quartiers de la rive gauche. En 2022, précise-t-elle, sa structure a formé 806 femmes contre 560, dont 246 seulement dans l’art d’appliquer le henné pendant les six derniers mois. La patronne de la Maison de la femme, de l’enfant et de la famille rend hommage à tous les partenaires qui les appuient dans l’exécution de leurs activités. Notamment le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille à travers le Fonds d’appui à l’autonomisation de la femme et l’épanouissement de l’enfant (Fafe). Par ailleurs, elle déplore l’état de la route qui mène à son établissement surtout en cette période d’hivernage.


Cela impacte le bon fonctionnement de la structure, regrette la patronne de la Maison de la femme. «Nous n’avons pu faire notre camp de vacances il y a trois ans. On ne peut pas embarquer les enfants des gens sur une voie aussi désastreuse», se déplore-t-elle. Les apprenantes de ces Maisons de la femme font montre d’un courage solide. Certaines d’entre elles pourraient être de futures entrepreneures avec un gros chiffre d’affaires si on les accordait la confiance et le fonds nécessaire pour leur installation, assure la directrice.

Souaré COULIBALY

Rédaction Lessor

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