#Mali : Dénonciation de l’Accord issu du processus d’Alger : Sous la loupe du Dr Aly Tounkara

Dans les lignes qui suivent, Dr Aly Tounkara, expert sur les questions de paix, de défense et de sécurité au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S), souligne que le document négocié à Alger souffrait d’un déficit d’ancrage, de participation, d’inclusion et posait un sérieux problème quant à son caractère démocratique. Il relève que plusieurs événements ont réconforté l’État du Mali de l’attitude combien douteuse de l’Algérie.

Publié mardi 30 janvier 2024 à 07:44
#Mali :  Dénonciation de l’Accord issu du processus d’Alger : Sous la loupe du Dr Aly Tounkara

 Dr Aly Tounkara : «L’Accord souffrait d’un déficit d’ancrage»

  

D’entrée de jeu, Dr Aly Tounkara dira que  l’agir de l’Algérie à géométrie variable vis-à-vis des acteurs signataires a, à coup sûr, amené les autorités militaires et même politiques à mettre un terme irrévocable à cet Accord pour la paix et la réconciliation. Selon lui, au-delà des récentes attitudes peu orthodoxes que les autorités maliennes n’ont pas appréciées, cet Accord souffrait d’un déficit d’ancrage, de participation, d’inclusion et posait un sérieux problème quant à son caractère démocratique.


Car une ultra minorité armée a pu imposer à un moment donné de l’histoire, sa volonté à une écrasante majorité des populations dites du Nord du Mali. Pour le chercheur, naturellement, la non effectivité de cet Accord était quelque chose d’attendu car le diagnostic même qui le sous-tendait était biaisé et a non seulement falsifié la mémoire collective. Mais il  s’était aussi forcé à faire passer une volonté horizontale  au nom d’une volonté verticale.

Parlant de la réaction de l’Algérie à la dénonciation de l’Accord, Dr Tounkara avance certaines hypothèses qu’il trouve plausibles. D’après lui, on ne peut pas s’attendre à ce stade à la fermeture des frontières. Mais en s’intéressant à la quantité et au volume des produits de première nécessité qui proviennent d’Algérie et qui sont les premiers consommés par les populations dans le Nord, il dira qu’à défaut de fermer ses frontières, elle pourrait rendre la mobilité des camions un peu plus difficile avec de nouvelles tarifications à l’encontre des commerçants qui desservent la partie septentrionale du Mali.

Un autre facteur que le chercheur a mis en avant, c’est la proximité anthropologique entre une certaine catégorie des populations algériennes et certains mouvements armés indépendantistes et groupes terroristes. Selon lui,  le Mali et l’Algérie au-delà de partager des territoires en commun, de part et d’autre, ont des intérêts financiers très liés. Toutefois, Aly Tounkara pense qu’avec cette situation, les ressortissants maliens en transit en Algérie vers les zones méditerranéennes pourraient se voir refuser la prolongation de leurs autorisations de séjour où imposer d’autres contraintes par les autorités algériennes sans que l’état du Mali ne soit en mesure de les lever.

L’expert sur les questions de  paix, de défense et de sécurité évoque certaines attitudes de l’Algérie dans le dossier malien. Il souligne la reprise des hostilités entre les mouvements signataires de l’Accord et l’état du Mali à la suite de la récupération, comme prévu par une résolution onusienne, des emprises de la Minusma par l’Armée malienne. Selon Dr Tounkara,  ces hostilités ont mis en évidence à combien, l’Algérie n’était dans une posture équidistante. Il dira que les attaques dirigées contre les forces de défense et de sécurité du Mali de la part des mouvements signataires de l’Accord fondus dans les groupes terroristes n’ont pas été ni dénoncés ni condamnés par l’Algérie.

De même, lorsque l’Etat du Mali a eu une prééminence  sur les mouvements armés et sur les groupes terroristes dans le nord du Mali, ce coup d’éclat en termes de victoire militaire est passé sous silence côté algérien. Aly Tounkara aussi souligne la prise symbolique de la ville de Kidal qui n’a suscité aucun intérêt de la part de l’Algérie. À cela, il a ajouté l’accueil, l’hospitalité et les largesses accordés aux acteurs des mouvements signataires de l’Accord en passant par l’imam Mahmoud Dicko par l’Etat algérien. Dr Tounkara soutient que ce sont des éléments qui ont réconforté l’État  du Mali de l’attitude combien douteuse de l’Algérie et de sa posture conspirationniste. D’où cette dénonciation de l’Accord par l’élite militaire au pouvoir.

Le chercheur dira que l’annonce du dialogue direct inter-Maliens par le président de la Transition lors de son adresse  à la nation a clairement jeté les bases de la caducité de cet Accord. Selon Aly Tounkara, dans cette adresse, le président Goïta a clairement mis l’accent sur l’impérieuse nécessité de ne réunir que des Maliens au sein de ces pourparlers. L’autre élément important qu’il a évoqué est qu’il n’est pas exclu que les groupes terroristes se joignent, s’ils le jugent pertinent, au processus de ce dialogue inter-Maliens pourvu que les fondamentaux de la République soient respectés par ceux-ci.

Notre interlocuteur soutient que c’est un dialogue  qui a une double dimension. La première dimension est qu’il reste ouvert aux mouvements anciennement sécessionnistes qui souhaiteraient  regagner le corps social. Et la deuxième dimension est que cette offre de dialogue concerne  également tous les entrepreneurs de la violence y compris les groupes terroristes.


Pour Aly Tounkara, l’Accord  pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger de 2015 avait tenu sur la touche, les groupes terroristes qui sont quand même les véritables acteurs de ces régions du Nord du Mali. D’après lui, le caractère inclusif du dialogue, son caractère démocratique et participatif sont des éléments qui permettent de nourrir l’espoir d’arriver à des conclusions qui pourraient permettre à l’État du Mali d’asseoir une paix durable.

Dieudonné DIAMA

Lire aussi : Bafoulabé : Alerte sur le fleuve Bakoye

Le fleuve Bakoye, autrefois fierté des populations riveraines et source de vie, est devenu aujourd’hui une source de danger, arborant une teinte beige, reflet des déversements chimiques continus, selon le constat des riverains..

Lire aussi : Tribunal de grande instance de Sikasso : La chambre criminelle tient sa 1ère session

La 1ère session de la chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Sikasso qui a démarré, lundi dernier, se poursuivra jusqu’à vendredi prochain. La session jugera cinq dossiers à savoir un cas de meurtre et quatre cas d’atteinte sexuel (viols et pédophilies)..

Lire aussi : Cadre de concertation avec les Maliens établis à l’Extérieur : Pour renforcer le dialogue, la cohésion et l’unité au sein de la Diaspora malienne

La session inaugurale de deux jours ouverte hier à cet effet se penchera sur les principales préoccupations de nos compatriotes à l’extérieur avec des recommandations pour une meilleure gouvernance migratoire.

Lire aussi : Médiateur de la République : Le crédo de la formation continue

Une trentaine d’agents du Médiateur de la République suivent une formation de perfectionnement en rédaction administrative dispensée par l’École nationale d’administration (ENA). Cette session de cinq jours, présidée par le Médiateur de la République, Mme Sanogo Aminata Mallé, a déb.

Lire aussi : Profession d’architecte : Les architectes de l’espace Uemoa autorisés à exercer au Mali avec droit de libre circulation et d’établissement

Dans une vision globale, l’architecture est reconnue comme l’art de concevoir, d’organiser les espaces et les bâtiments. Le texte adopté par l’organe législatif renforcera le niveau de formation dans le domaine, mais aussi son accréditation dans notre pays et l’espace Uemoa.

Lire aussi : Région de Bougouni : L’armée détruit deux bases des groupes terroristes

Les Forces armées maliennes (FAMa) continuent avec abnégation leur mission d’escorte des camions transportant du carburant dans notre pays. C’est ainsi que dans le cadre d'une mission d'appui aérien au profit d'un convoi de carburant sur l'axe Kadiana-Kolondiéba-Bougouni, l' aviation a effec.

Les articles de l'auteur

Gestion de la crise des hydrocarbures : Comment le gouvernement et les opérateurs pétroliers ont déjoué les pronostics

Ces derniers mois ont été marqués par un changement de posture des groupes armés terroristes qui ont décidé de s’attaquer aux sources d’approvisionnement du pays en produits pétroliers dans le but d’asphyxier l’économie nationale et de révolter les populations contre les autorités..

Par Dieudonné DIAMA


Publié mardi 09 décembre 2025 à 08:51

Couverture de la 2è session du Collège des Chefs d’État de la Confédération AES : Les médias intéressés invités à se manifester pour les accréditations

La 2è session du collège des Chefs d’Etat de la Confédération des Etats du Sahel (AES) se tiendra à Bamako les 22 et 23 décembre prochains. En prélude à cette importante rencontre, la commission nationale d’organisation est à pied d’œuvre pour une éclatante réussite..

Par Dieudonné DIAMA


Publié mardi 09 décembre 2025 à 08:43

Boubacar Samaké, président du COSAES Libye : «Les trois Chefs d’État de l’AES sont des libérateurs et des patriotes engagés»

Dans cet entretien, Boubacar Samaké, président du Comité de soutien à l’Alliance des États du Sahel en Libye (COSAES Libye), explique les raisons qui ont motivé la création de son association. Il appelle les populations de la Confédération des États du Sahel (AES) à soutenir les Chefs d’État du Mali, du Burkina Faso et du Niger qu’il qualifie de messies, de libérateurs et de patriotes engagés..

Par Dieudonné DIAMA


Publié mercredi 03 décembre 2025 à 08:55

Dr Aly Tounkara : «Nous assistons à une réduction nette de l’intensité des conflits…»

Dans cet entretien, le directeur exécutif du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel(CE3S) livre son analyse sur la nouvelle posture des groupes radicaux violents qui s’attaquent désormais aux sources de ravitaillement du pays en carburant. Dr Aly Tounkara se prononce aussi sur les informations non fondées circulant sur un éventuel encerclement de Bamako et sur les actions à mener par les autorités pour contrer ces fausses informations alarmistes.

Par Dieudonné DIAMA


Publié mardi 25 novembre 2025 à 08:34

AN I du Premier ministre Abdoulaye Maïga : Des avancées notoires

Depuis son installation à la Primature le 21 novembre 2024, le Général de division Abdoulaye Maïga et son équipe s’attèlent à traduire en actes concrets les huit orientations données par le Chef de l’État lors du conseil des ministres inaugural..

Par Dieudonné DIAMA


Publié vendredi 21 novembre 2025 à 10:50

14 novembre 2023-14 novembre 2025 : Il y a deux ans, l’armée malienne s’emparait de Kidal

Aujourd’hui dans la ville de Kidal et environs, les pick-up de l’Armée malienne ont remplacé les motos et véhicules des groupes armés. Dirigée par le Général de division Alhadji Gamou, la région respire bien le Mali et se reconstruit au grand bonheur de sa population.

Par Dieudonné DIAMA


Publié vendredi 14 novembre 2025 à 11:28

Disparition d’ Oumar Hamadoun Dicko et de Madiassa Maguiraga : Le Mali perd deux figures politiques

Le Mali vient de perdre deux figures politiques. Il s’agit de l’ancien ministre Oumar Hamadoun Dicko et du Dr Madiassa Maguiraga..

Par Dieudonné DIAMA


Publié jeudi 06 novembre 2025 à 16:40

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner