Prise en charge nutritionnelle des enfants : La grande gymnastique de Bollé mineurs et de la pouponnière

Les deux structures ont des difficultés à faire face aux besoins nutritionnels de leurs pensionnaires. Parmi les facteurs favorisant cette situation figurent l’inexistence de ligne budgétaire dédiée à la cause, le retard dans l’obtention de dotations en denrées alimentaires

Publié lundi 30 juin 2025 à 08:42
Prise en charge nutritionnelle des enfants : La grande gymnastique de Bollé mineurs et de la pouponnière

 Au centre de Bollé, les mineurs sont pris en charge par l’état et ses partenaires

 

La prise en charge nutritionnelle des pensionnaires, notamment les nourrissons, du Centre spécialisé de détention, de rééducation et de réinsertion pour mineur de Bollé et du Centre d’accueil et de placement familial ou Pouponnière de Niamana demeure un casse-tête. Le Centre de Bollé compte 146 pensionnaires (âgés de 13 à 18 ans). Au Centre de rééducation et de réinsertion pour femme et filles, on dénombre 14 mineures et une vingtaine de mères détenues. Bien qu’en détention, ces pensionnaires ont droit à une bonne alimentation.

 Ce qui n'est pas le cas, d'après le constat fait en décembre 2024 par l'Alliance des journalistes maliens en faveur de la nutrition et de la sécurité alimentaire (AJMNSA). C’était lors d’une visite dans le cadre du plaidoyer en lien avec le suivi des investissements publics en matière de nutrition et de sécurité alimentaire.

 Ibrahim Sacko est le directeur adjoint de Bollé Mineurs. Il explique que les mineurs de Bollé sont pris en charge par l'État et ses partenaires à travers une dotation en céréales et condiments. Par conséquent, les enfants ont droit à trois repas par jour composés de haricot, de «tô» (la pâte de semoule de maïs), de riz, de lait et de spaghetti. «Nous avons des condiments, des pâtes alimentaires, du poisson fumé», confirme-t-il, avant d'ajouter que les légumes et les fruits font défaut.

Pourtant, insiste-t-il, ces enfants ont droit aux légumes ou aux fruits car ceux-ci concourent à une très bonne alimentation. Le directeur adjoint de Bollé Mineurs révèle qu'en effet l'État n'est pas en mesure d'assurer tous les aliments nutritifs nécessaires pour la croissance de ces enfants.

 Le point focal nutrition à la Direction nationale de l'administration pénitentiaire et de l'éducation surveillée reconnaît que son service rencontre beaucoup de difficultés par rapport à la prise en charge des enfants au niveau de Bollé femme.

Des contraintes dues, selon Babou Togora, à l'inexiste
nce d’une ligne budgétaire allouée à la prise en charge alimentaire de ces enfants. «C'est vrai que ces enfants séjournent dans le centre. Mais, en ce qui concerne leur prise en charge, il faut reconnaître que notre budget ne prévoit rien», déplore le point focal.

 Comme on le dit, les droits les plus fondamentaux ne s'arrêtent pas devant la porte d'une prison, étant donné que ce sont des enfants et qu'ils doivent bénéficier du même traitement que ceux qui ne sont pas privés de leur liberté. C'est pourquoi, Babou Togora indique que lors des estimations en termes de dotation en céréales et condiments, sa structure essaye de tenir compte de cette spécificité.

Notre interlocuteur de la Direction nationale de l'administration pénitentiaire et de l'éducation surveillée signale que des femmes allaitantes se trouvent aussi bien à Bollé Mineurs qu'à Bollé Femmes. Et d'ajouter que les dépenses nutritives des femmes aussi augmentent quand elles allaitent. Il ressort de ses explications que conformément à la loi, ces enfants de mères détenues ne sont pas détenus et doivent forcément quitter la prison à partir de trois ans.

La situation n’est guère reluisante à la Pouponnière. L'alimentation des enfants se gère dans une gymnastique indique  le chargé de la nutrition au niveau de cet établissement, Dr Lassana Kané. Il s’empresse de préciser que les enfants sont actuellement à l'abri de la malnutrition aigüe sévère et modérée. Le nutritionniste souligne que des efforts ont été faits pour l'amélioration de la prise en charge nutritionnelle des enfants, des nouveau-nés et des nourrissons. «Les enfants que nous accueillons sont des bébés. En l'absence de lait maternel, on a suppléé leur alimentation de façon lactée par les substituts du lait maternel. De 0 à 6 mois et de 6 à 12 mois, on leur donne du lait», dit-il, avant d'ajouter que pour l'amélioration de la situation nutritionnelle des enfants, ils ont mis en place un programme de diversification alimentaire pour les enfants de 59 mois à 6 ans, voire jusqu'à l'âge préscolaire.

 

AIDE DE L’ÉTAT- Selon le nutritionniste, ce programme est composé de soupes aux légumes verts accompagnées de viandes hachées, de poissons ou poulets, y compris des purées de pomme de terre, de patate avec du lait en poudre. Mais aussi des œufs durs et des omelettes. Le programme propose également des bouillies enrichies mixtes avec nos céréales locales : le mil, le maïs, le riz, le sorgho et le haricot. Mais aussi un peu d'arachide et souvent de pain de singe (baobab).

 Le directeur général de la Pouponnière confie qu'ils ont très souvent du mal à respecter ce programme de diversification faute de moyens financiers. Par ailleurs, Amadou Dembélé  insiste que dans le cadre du traitement nutritionnel, son centre respecte rigoureusement le Programme national intégré de lutte contre la malnutrition aigüe. «Les enfants à l'état de malnutrition aigüe sévère en phase 1, reçoivent d'abord le lait thérapeutique F75 pour combattre les infections opportunistes, les gastro-entérites, les diarrhées, les vomissements.

C
ela prend cinq jours à une semaine, selon la gravité du cas et l'amélioration de l'état de santé de l'enfant», précise le responsable du centre. Et de poursuivre que dans la phase 2 ou la phase de stabilité, ils leur donnent le lait F100 qui permet un retour immédiat de l'appétit. Ce produit est aussi substitué à un autre intrant thérapeutique qu'on appelle PlumpyNUT.

Amadou Dembélé indique que le traitement peut durer dix jours ou deux semaines. «Ici, les activités nutritionnelles sont assez nombreuses pour l'amélioration des conditions d'alimentation des enfants», déclare-t-il. «Nos consommations dépassent largement l'aide de l'État. Pour le lait infantile, il nous donne 112 cartons par an alors que notre besoin en consommation annuelle est estimée à près de 450 cartons», souligne-t-il. Cependant, il déplore le retard dans l’obtention de toutes les dotations en denrées alimentaires et dans l’attribution des marchés.

À notre passage à la Pouponnière, le nombre de pensionnaire était de 102 enfants, dont 46 garçons. Parmi les pensionnaires 58 enfants sont en situation de handicap. Ces enfants sont repartis entre 12 dortoirs, dont les entretiens sont assurés par 56 nounous à travers un système de rotation de 4 nounous par salle. Le directeur général du Centre d’accueil et de placement familial explique que sa structure accueille les enfants de 0 jusqu’à 5 ans. Ils sont ensuite transférés dans les villages d'enfants SOS. Il informe que l’État doit assurer la prise en charge totale de l'alimentation des pensionnaires. Il explique que les appuis et dons des partenaires et des personnes de bonne volonté demeurent une bouffée d’oxygène pour son centre.

Fatoumata NAPHO

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