Changement climatique : La grande muraille verte, bouclier de l’Afrique

Pépinière de plantations qui serviront à reverdir les espaces dénudés

Publié jeudi 07 avril 2022 à 06:40
Changement climatique : La grande muraille verte, bouclier de l’Afrique

Avec pour objectif de contribuer à l’amélioration des revenus des populations locales, cette initiative est une réponse aux effets combinés de la dégradation des ressources naturelles et aux épisodes de sècheresse dans les zones rurales

 

La Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel, est l’initiative phare de l’Union africaine pour lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification en Afrique. C’est une vision unifiée des Africains aux défis environnementaux comme la désertification, la dégradation des terres et la perte de la biodiversité exacerbant les effets de la sécheresse en faisant du Sahel l’une des régions de la planète la plus vulnérable au changement climatique et à l’instabilité politique et sociale.


L’initiative a pour but de transformer la vie de millions de personnes en créant une mosaïque d’écosystèmes verts et productifs du Sahel à la corne de l’Afrique. Elle est conçue comme un long couloir de près de 9.000 kilomètres de long et 15 kilomètres de large, traversant le continent du Nord au Sud-Est, en reliant le Sénégal à Djibouti en passant par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Érythrée et l’Éthiopie. La mise en œuvre a démarré en janvier 2007.

Depuis, l’idée initiale d’un mur d’arbres traversant le désert africain d’Ouest en Est pour stopper l’avancée du désert, la vision de la Grande muraille verte s'est peu à peu transformée en une gamme d’interventions destinées à relever les défis auxquels sont confrontées les populations du Sahel et du Sahara. En tant qu’outil de programmation pour le développement rural, l’objectif global de ce partenariat régional est de renforcer la résilience des populations et des systèmes naturels de la région, grâce à une gestion rationnelle des écosystèmes, la protection du patrimoine rural et l’amélioration des conditions de vie des communautés locales.

En contribuant à l’amélioration des revenus des populations locales, la Grande muraille verte est ainsi une réponse aux effets combinés de la dégradation des ressources naturelles et aux épisodes de sécheresse dans les zones rurales. L’initiative est un partenariat qui soutient les efforts des communautés locales dans la gestion et l’utilisation durable des forêts, des pâturages et de l'ensemble des ressources naturelles dans les terres arides.

Elle contribue également à l’atténuation du changement climatique, à l’adaptation à ses effets et à l’amélioration de la sécurité alimentaire dans le Sahel et le Sahara. Pour la plantation, on parle de la régénération naturelle assistée, car la densité de flore actuelle est souvent insuffisante pour espérer une régénération naturelle spontanée. La régénération naturelle assistée consiste en la sélection d’un rejet favorisé, et la coupe des autres afin que la croissance se concentre sur un seul rejet.

 

Technique ancestrale du zaï-Dans certaines régions très sèches comme au Mali, on optimise les plantations en pratiquant des sillons ou la technique ancestrale du zaï qui permet de mieux concentrer l'eau sur les jeunes plants. On utilise des jeunes plants d’essences préexistantes au niveau local qui résistent à la très faible pluviométrie locale (200 mm/an en 2015 contre 400 mm/an en moyenne dans les années 60) et qui ont un intérêt économique. La gestion des pépinières de jeunes plants et des jardins polyvalents (potagers) créés est confiée aux femmes, créant ainsi des emplois et une production alimentaire au niveau local.

Au Mali, l’Agence nationale de la Grande muraille verte (ANGMV) est la représentation nationale de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte (APGMV). Elle a été créée par l’Ordonnance n° 2019-016/P-RM du 20 septembre 2019. C’est un organisme personnalisé doté de l’autonomie financière et de gestion, sous la tutelle du ministère de l’Environnement. Sa mission est d’assurer sur le terroir, la mise en œuvre de la Grande muraille verte, sur une superficie de 2.066 kilomètres de long sur 215 kilomètres de large, concernant toutes les régions à l’exception de Sikasso.

Selon le directeur général de l’ANGMV, les enjeux majeurs de sa structure se résument aux changements transformationnels des zones difficiles en zones de prospérité économique, le développement durable par l’inversion des tendances de dégradation des écosystèmes et le rétablissement de la viabilité du capital naturel. À ceci s’ajoutent, explique Toumany Diallo, le développement socio-économique résilient des terroirs et le renforcement de la communication. Malgré ces défis, l’Agence rencontre des difficultés aussi bien structurelles que matérielles, souligne son premier responsable. Sur une prévision d’effectifs de 48 personnes, la structure ne compte que 13 agents actuellement.

On enregistre également un faible niveau de mobilisation des partenaires techniques et financiers autour de l’ANGMV, l’insuffisance des ressources internes mobilisées, la faible mobilisation des ressources extérieures. Toumany Diallo regrette aussi la faible coordination des acteurs intervenant sur le tracé et le déficit d’informations sur les instruments financiers des différents partenaires.

Dans la mise en œuvre de ses activités, l’ANGMV s’appuie sur une approche intégrée, multisectorielle et inclusive qui sous-tend la synergie entre tous les acteurs et intervenants sur ce tracé, explique son directeur général. Ces agents sont composés des départements sectoriels et leurs services déconcentrés, les Collectivités territoriales, les Partenaires techniques et financiers, la société civile, le secteur privé, l’administration et les populations locales.

Une polémique existe sur la difficulté de mise en œuvre du projet dans des régions politiquement instables. Le tracé passe dans des endroits assez instables (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad, Soudan) et des zones de niveau orange et rouge en termes de risques sécuritaires et terroristes. Les scientifiques ne sont donc pas autorisés à s’y rendre, en particulier les étrangers. Cependant, l'Union européenne (UE) déclare soutenir cette initiative car elle s’attaque aux causes profondes des problèmes de cette région et peut, à travers des projets transfrontaliers, œuvrer à la prévention des conflits.

 Une idée d'Olusegun Obasanjo-L’idée d’une muraille verte est apparue en 2002 lors du Sommet spécial tenu à N’Djamena (Tchad) à l'occasion de la Journée mondiale pour combattre la désertification et la sécheresse. Cette idée fut approuvée lors de la septième session de la Conférence des dirigeants et chefs de gouvernement africains de la Communauté des États sahélo-sahariens tenue à Ouagadougou (Burkina Faso), les 1er et 2 juin 2005.

L’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, revendique sa conceptualisation sous la formule de «Grande muraille verte» en précisant que le projet est né d’une idée d'Olusegun Obasanjo, l’ex-chef d’État du Nigéria. Depuis lors, le concept de Grande muraille verte a fortement évolué. Les leçons tirées du Barrage vert algérien ou de la Muraille verte chinoise, ont permis de mieux comprendre le besoin d’une approche multi sectorielle pour des résultats durables.

D’une initiative de plantation d’arbres, la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel est donc devenue un outil de programmation du développement.

Lors de la 8è session des dirigeants et chefs de gouvernement africains tenue le 29 et 30 janvier 2007 à Addis-Abeba (Éthiopie), les dirigeants et les gouvernements ont approuvé l’initiative de la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel pour lutter contre les impacts sociaux, économiques et environnementaux de la désertification dans la région.

Afin de partager une vision commune, une Stratégie régionale harmonisée pour la mise en œuvre de l’initiative Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel a été adoptée en septembre 2012 par la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE).


Lors de cette rencontre, les ministres ont déclaré que la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel était un programme phare de l'Union africaine pour contribuer à l'objectif d’un «monde où la dégradation des terres serait nulle», adopté lors de la Conférence des Nations unies sur le développement durable de Rio, au Brésil, en 1992.

Cheick Amadou DIA

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