L’affaire des harcèlements et abus sexuels a éclaté en juin 2021
Plaidoyer au Congrès de FIBA-Afrique (9-10 à Maputo au Mozambique), élaboration et adoption par la Fédération malienne de basket-ball (FMBB) de nouveaux textes pour lutter contre les harcèlements et abus sexuels, conférence de presse : ces dernières semaines, Me Jean Claude Sidibé était sur tous les fronts et s’est démultiplié pour avoir l’indulgence de FIBA-Monde dans l’affaire de harcèlement sexuel au sein de l’instance dirigeante du basket-ball national. Peine perdue car la Fédération internationale de basket-ball, encore appelée FIBA-Monde a décidé de sanctionner toutes les personnes incriminées dans le rapport Mclaren. La sanction la plus lourde a été infligée à l’ancien sélectionneur national des U18 Filles, Amadou Bamba : «une suspension à vie de l’exercice d’une fonction ou de la participation à toute activité de la FIBA ou liée à la FIBA, en plus d’une amende de 80.000CHF» (environ 53 millions de Fcfa).
L’instance suprême du basket-ball mondial a également eu la main très lourde pour l’ancien président de la FMBB, Harouna B. Maïga, suspendu huit ans de toutes les activités de la FIBA ou liées à la FIBA, une sanction assortie d’une amende de 20.000 francs suisse (environ 13 millions de Fcfa). Les trois autres personnes sanctionnées par FIBA sont : Seydou Maïga, ancien secrétaire général de la FMBB (six ans de suspension, 6 millions de Fcfa d’amende), Amadou Traoré, ancien vice-président de la fédération (quatre ans de suspension, 3 millions de Fcfa d’amende) et Fatoumata Diallo, sélectionneuse-adjointe des U18 Filles (deux ans de suspension). Dans le communiqué de FIBA on peut également lire : «Dans le cadre des sanctions, les parties sont tenues de suivre une formation de sauvegarde approuvée par la FIBA, avant l’expiration de la sanction et comme condition préalable à leur retour à la FIBA ou à des activités liées à la FIBA».
L’annonce de ces sanctions est intervenue 48h seulement après la conférence de presse organisée par le président de la FMBB pour dévoiler les nouveaux textes élaborés et adoptés par le bureau fédéral pour lutter contre les harcèlements et abus sexuels dans le basket et plaider la cause des cinq personnes citées plus haut dans l’affaire dite de «harcèlements sexuels systémiques au sein du basket-ball malien».
L’affaire a éclaté en 2021 et FIBA a ouvert une procédure disciplinaire contre une dizaine de personnes composées de techniciens et d’officiels. Parallèlement, une enquête a été ouverte au Mali qui a conduit à l’inculpation de l’ancien sélectionneur national des U18 Filles Amadou Bamba. Le président de FIBA et ancien président de la FMBB, Hamane Niang dont le nom a également été cité dans l’affaire, a décidé de son côté de se mettre à l’écart jusqu’à la fin de l’enquête. Mais très vite, Hamane Niang sera blanchi par FIBA, permettant ainsi à ce dernier de reprendre ses fonctions à la tête de l’instance dirigeante du basket-ball mondial. En revanche, pour les autres personnes épinglées par le rapport McLaren, l’instance a décidé de les suspendre à titre provisoire et l’enquête va durer deux ans (juin 2021-juin 2023). Malheureusement pour le basket-ball national, Amadou Bamba, Harouna B. Maïga, Amadou Traoré, Seydou Maïga et Fatoumata Diallo ont tous été reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés et sanctionnés par FIBA.
LA FMBB SOUS PRESSION- La FIBA ne s’est pas contentée de prendre des sanctions contre les dirigeants et techniciens accusés de harcèlements et d’abus sexuels. Elle a également décidé de mettre sous surveillance les instances dirigeantes du basket-ball national, notamment la FMBB.
«La FIBA s’est également concentrée sur l’élaboration de politiques de sauvegarde de ressources et d’éducation, et sur l’amélioration de la protection des personnes en situation de vulnérabilité dans le paysage malien du basket-ball», écrit le communiqué de l’instance sportive. Et de préciser : «la FIBA s’est associée à la Fondation Terre des Hommes, une organisation indépendante possédant une vaste expérience dans la protection des enfants dans le sport, et un partenaire local. Grâce à ce partenariat, la FIBA a lancé un service de sauvegarde et de protection du basket-ball pour les jeunes joueurs et autres personnes en situation de vulnérabilité au Mali».
C’est dire que si l’affaire des harcèlements et abus sexuels au sein du basket-ball national est terminée (les personnes sanctionnées peuvent toutefois interjeter appel devant des juridictions comme le Tribunal arbitral du sport), la FIBA reste sur ses gardes vis-à-vis du monde du basket-ball malien. Autrement dit, la nouvelle équipe dirigeante de la FMBB va devoir se battre pour reconquérir la confiance de l’instance suprême du basket-ball mondial et faire oublier cette triste affaire.
Le basket-ball malien mérite mieux que ce qu’il vit depuis deux ans, surtout quand on sait que notre pays fait partie aujourd’hui des nations émergentes du continent. Le Mali n’a-t-il pas été le premier pays africain à atteindre une demi-finale de Coupe du monde féminine U19 en 2021 en Hongrie et à remporter la médaille d’argent au Mondial masculin U19 en 2019 ?
Aussi, les sélections de catégorie d’âge du Mali (Filles et Garçons) ne sont-elles pas les plus titrées d’Afrique ? Ces performances ont hissé notre pays au sommet du basket-ball continental et le Drapeau national a flotté presque partout. Malheureusement, l’affaire des harcèlements et abus sexuels est venue tout salir. Certes, les sanctions prises par FIBA, quelles soient fondées ou pas, ne remettent pas en cause les résultats obtenus par les basketteuses et les basketteurs maliens sur l’échiquier international, mais il ne fait guère de doute que l’ombre du rapport McLaren planera longtemps sur notre balle au panier.
Soulemane Bobo TOUNKARA
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