Faits divers, Cour d’assises de Bamako : Des orpailleurs prennent 10 ans de réclusion

Ils avaient suspecté leur victime d’avoir volé leur métal jaune. Ils se sont débarrassés de lui de la façon la plus cruelle avant que la justice ne sévisse

Publié lundi 07 novembre 2022 à 06:05
Faits divers, Cour d’assises de Bamako : Des orpailleurs prennent 10 ans de réclusion

Les juges de la Cour d’assises ont condamné Alou Ouattara, Chaka Goumalé, Sidiki Diarra et Ibrahim Coulibaly à 10 ans de réclusion criminelle chacun aux termes de plusieurs heures de débats. Le quatuor était appelé à répondre à un cas de meurtre commis sur la personne de Boubacar Sissao qu’ils suspectaient d’avoir commis un vol à leurs dépens.

Les quatre individus ont commis cet acte criminel courant 2019 à Déguedoumou dans le Cercle de Kangaba, pendant qu’ils recherchaient celui qui avait osé voler leur métal jaune. En commettant leur crime, ils avaient certainement oublié que l’acte qu’ils avaient posé est prévu et puni par les dispositions des articles 226, 252 et 257 du code pénal pouvant donner lieu à des peines criminelles.=



 D’intenses douleurs au pied

C’était un dimanche 5 mai 2019. Ce jour-là, vers 17 heures, Amadou Guindo et Boubacar Sissao, au moyen de leur moto de marque "Sanily’’, quittèrent Koflatiè dans la Commune rurale de Kéniéguè, Cercle de Kangaba où ils résidèrent, pour se rendre à environ 7 km plus loin aux places de Déguedoumou dans la Commune rurale de Koniogo, à la recherche de l'or dans les anciens puits aurifères abandonnés.

Au retour vers 23 heures, leur moto tomba en panne et Boubacar Sissao marchant péniblement à cause d'une douleur au pied, fut devancé par son compagnon Amadou Guindo qui arriva avec la moto à destination dans leur village de résidence, pendant que Sissao trainait toujours derrière, à cause de la douleur qui le tenaillait. Le lendemain lundi, Amadou Guindo se rendît au domicile de Boubacar Sissao pour s'enquérir de ses nouvelles.


Il était très étonné d’apprendre que ce dernier n’était pas encore rentré depuis qu’ils avaient quitté ensemble la veille. Il en informa les parents qui à leur tour ont contacté les légitimités locales appelées « les Tombolomas ». Les recherches qui s’en sont suivies se sont soldées par un échec.

Tournure dramatique

Le jour suivant, précisément le mardi, ils décidèrent d’agir selon la logique en l’espèce. Ils ont ainsi  saisi la Brigade territoriale de gendarmerie de Kangaba. Les pandores n’ont pas tardé à ouvrir une enquête pour en savoir davantage sur cette disparition inexpliquée de Sissao. Quelques heures plus tard, les enquêteurs sont tombés sur  le corps sans vie de Boubacar Sisasao au fond d'un puits aurifère. Les gendarmes ont décidé d’approfondir les enquêtes sur cette affaire qui venait de prendre une tournure dramatique. Ces enquêtes ont permis d'interpeller Alou Ouattara, Chaka Goumalé, Sidiki Diarra et Ibrahim Coulibaly. Ils ont ainsi été poursuivis et inculpés devant le magistrat instructeur pour meurtre.

Cuisinés de questions durant l'enquête préliminaire, ils n’ont pas hésité à nier catégoriquement les faits. Ils ont opté pour la même attitude à l'information judiciaire de leurs dossiers.

Coincés par les enquêteurs, ils ont changé d’attitude et ont opté pour une explication qui ne tient pas la route. Tour à tour, chacun des quatre a donné une version similaire à celle avancée par l’autre. Visiblement, ils s’étaient entendus sur une seule et même version dans l’espoir de brouiller les pistes. Ils ont ainsi expliqué qu’ils ont  appréhendé Boubacar Sissao pour l'avoir soupçonné du vol de leurs minerais d'or.


Ils l'ont ensuite ligoté des mains, attaché ses deux jambes liées à un bois avant de le frapper à coups de bâton afin qu'il puisse dénoncer ses complices. C’est ainsi qu’en tentant d’échapper, le  malheureux a fait une chute pour se retrouver au fond d’un ancien puits aurifère qui manque cruellement d'oxygène. Malgré tout, ils ont tenté de le secourir pour le détacher alors qu’ils se trouvaient au fond du puits. Mais hélas.  En s’expliquant ainsi, les suspects tentaient de soutenir la thèse de l’accident comme la principale cause du décès de leur victime. 

Au procès, tour à tour, les accusés sont passés à la barre. Ils n’ont pas varié dans leurs déclarations. En revanche, ils ont à l’unanimité reconnu avoir porté des coups de fouet à la victime sans reconnaitre les faits de meurtre. Pour la Cour, ils ont violé les règles en se faisant justice eux-mêmes sans en informer les autorités traditionnelles. En outre, ils ont refusé de porter assistance à leur victime, une fois tombée dans le puits.


La Cour était convaincue que la victime attachée des mains et pieds ne pouvait faire le moindre déplacement de lui-même à plus forte raison de fuir. Les jurés ont ainsi balayé d’un revers de main la thèse de l’accident que les accusés tentaient de soutenir. Mieux, elle leur a rafraichi la mémoire sur le fait qu’ils avaient été dénoncés par un certain Hady Tindo, témoin des faits, pour qu'ils puissent être identifiés puis interpellés et le corps de la victime retrouvé.

Chose qui, aux yeux des jurés, prouvait à suffisance la malveillance des accusés et surtout leur intention ferme à vouloir dissimuler leur forfait, à savoir l'homicide qu'ils viennent de commettre  volontairement sur la personne de Boubacar Sissao, qu'ils prenaient pour le voleur de leurs minerais d’or.

Quant au ministère public, il a estimé que les accusés veulaient se disculper  alors que les faits sont très clairs.

« Attacher pieds et mains, bastonner, sans aide et assistance, la victime est décédée à la suite des coups et blessures et surtout, suite à sa chute dans le puits. Pire aucun d’eux n’a tenté de l’extraire pendant 48 h », a indiqué le parquet, selon qui la séquestration et la bastonnade sont les causes qui ont occasionné sa mort. Pour lui, il est clair qu’ils ont bel et bien voulu que la victime reste au fond du puits, d’où leur malveillance.

Le conseil de la défense a sollicité la Cour pour des circonstances atténuantes. Pour lui, même si ses clients ont fauté en posant  un tel acte, ils ne méritent pas la potence. L’avocat a expliqué que dans les sites aurifères, il n’y a pas de loi, c’est « Chacun pour soi, Dieu pour tous ».

Partant de tout ce qui précède, après délibération la Cour les a reconnus coupables des faits avec des circonstances atténuantes. Mais malgré tout, ils ont été condamnés à 10 ans de réclusion criminelle.

Tamba CAMARA

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