#Mali : Impact du retrait de la Minusma : Une stratégie d’atténuation bien pensée

Le retrait de la Mission des Nations unies a causé des pertes d’emplois importantes. Pour accompagner les personnes affectées, le gouvernement travaille à la mise en œuvre d’une stratégie d’atténuation de l’impact socioéconomique

Publié mercredi 10 janvier 2024 à 06:48
#Mali : Impact du retrait de la Minusma : Une stratégie d’atténuation bien pensée

Les opérations de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) ont officiellement pris fin le 31 décembre dernier conformément à la résolution 2690 du Conseil de sécurité des Nations unies. Selon la résolution, la phase de liquidation commence le 1er janvier.

Ce départ accéléré découle d’une décision de notre gouvernement demandant le retrait sans délai de la force onusienne. Mais la situation n’est pas sans conséquence sur les 3.390 employés de la Mission et les entreprises qui étaient liées à elle par des contrats avec un impact à la fois sécuritaire, socioéconomique et environnemental dans les régions d’implantation de la mission, voire à l’échelle nationale. Le retrait des Casques bleus a ainsi provoqué des pertes d’emplois, des baisses de revenu des entreprises, des appuis en moins aux structures sanitaires et des diminutions subséquentes de leurs capacités d’intervention et de prise en charge de la population locale entre autres.

Les pouvoirs publics qui avaient réfléchi en amont aux conséquences de leur décision se sont, en conséquence, efforcés d’anticiper sur les effets négatifs du retrait. Ainsi, sur instruction du président de la Transition, le gouvernement a initié la formulation d’une stratégie nationale d’atténuation de l’impact socioéconomique du départ de la mission onusienne. Il a mis en place deux comités, l’un au niveau ministériel et l’autre au niveau «expert». Ces deux structures ont travaillé étroitement avec les équipes de la Minusma pour, d’une part, examiner, valider et mettre en œuvre le plan de retrait de la mission, et d’autre part, identifier et engager des mesures d’atténuation de l’impact sécuritaire, social et économique du retrait.

Contacté au téléphone, Mohamed A. Idrissa Maïga, ancien staff de la Minusma, vice-président national et porte-parole de l’Association de staff local de la Minusma (Aslam) à Tombouctou, décrit la situation de ses mandants : «Depuis le départ de la mission, les impacts s’exercent sur plusieurs secteurs, autant sur le plan économique que social». Le plus frappant, de son point de vue, est le fait que plus de 3.000 jeunes, toutes catégories confondues, se retrouvent sans travail. «Le boulot d’une personne est sa dignité et même sa vie, dans le contexte d’une famille africaine», constate-t-il d’une voix affectée.

Avec le retrait de la Minusma, note-t-il, nombre de familles feront face à de sérieux problèmes, particulièrement dans les régions où il y a peu d’emplois et de services qui embauchent. C’est, dit-il, la Minusma qui employait beaucoup à travers des activités génératrices de revenus par l’entremise de différents projets, ONG et entreprises. «Il va être très difficile pour les nombreuses personnes désormais sans travail stable d’être absorbées par le marché local de l’emploi. Les demandeurs sont très nombreux pour une offre limitée», analyse notre interlocuteur

Le retrait de la Mission onusienne, souligne Mohamed Idrissa Maïga, survient de surcroit dans un contexte déjà détérioré du fait de l’insécurité sur le terrain. Celle-ci a entrainé le départ de pas mal d’ONG et de certaines agences qui auraient pu constituer une alternative à l’absence de la Minusma. Aujourd’hui, le départ de la mission déclenche une spirale négative qui tire vers le bas tous les business liés aux multiples volets du mandat onusien.

 

OUTIL NATIONAL PERTINENT- L’ampleur de ces impacts justifie donc pleinement le Plan stratégique national d’atténuation de l’impact socioéconomique du retrait de la Minusma et son plan d’actions 2024-2026 élaborés par le ministère de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Il s’agit d’un document de 52 pages abordant quatre axes stratégiques en fonction des mesures urgentes à prendre et du souci du développement socioéconomique du pays, tout en se basant sur la mise en œuvre des politiques et programmes existants. Le partage de ce document a eu lieu le 12 décembre dernier à la faveur d’un atelier organisé dans les locaux du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) en présence de la ministre de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mme Bagayoko Aminata Traoré.

Le document, élaboré de façon inclusive et participative, se veut un outil national pertinent, efficace et efficient, destiné à atténuer à tous les niveaux l’impact du retrait onusien. Ses axes traitent des mesures urgentes, du développement des compétences, de la promotion de l’emploi et de l’esprit d’entrepreneuriat, de l’appui aux entreprises et de la fourniture des services sociaux de base. Agir dans ces domaines permettra, entre autres, d’atténuer la pression sur les employés de la Minusma, d’assurer la promotion des ex-cadres de la Mission, de renforcer les capacités des jeunes femmes et de créer de nouveaux emplois en faveur des ex-employés de la Minusma.

À ceci, s’ajoutent la relance des activités des entreprises à l’arrêt, le retour accru à l’école dans les localités ciblées ainsi que l’amélioration de l’offre de santé dans les localités. En la matière, le plan d’action de la stratégie s’étend sur trois ans, du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2026. Il coûtera 809,3 milliards de Fcfa avec une participation financière de 70% de l’État. Selon la ministre de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, ces mesures constituent une réponse aux inquiétudes et appréhensions que nos citoyens des zones concernées peuvent ressentir dans le cadre de la fourniture des services sociaux de base.

Expert en économie et président de l’Organisation des jeunes patrons du Mali, Cheick Oumar Soumano juge le document bien élaboré car la politique de la promotion de l’emploi doit intégrer dans sa logique la protection et la préservation de l’emploi créé. Dans cette dynamique, note-t-il, le nombre de Maliens employés directement ou indirectement par la Minusma est énorme. «Quand du jour au lendemain il est question que la Minusma se retire et que, par conséquent, la plupart de ces employés se retrouvent sans rien faire, cela peut véritablement donner des sujets de réflexion», reconnait-il en estimant que les autorités maliennes doivent être saluées pour la proactivité dont elles ont fait preuve en réfléchissant et en élaborant ce document de qualité.

Pour lui, la promotion de l’emploi et tout ce qui touche à la politique de l’emploi, relève de l’innovation et qui dit innovation, parle de stratégie. Comme son nom l’indique, c’est la stratégie d’insertion de ceux qui sont affectés par cette rupture, souligne-t-il. «Quand on parcourt et qu’on analyse le document, son côté participatif s’impose. Les autorités ne se sont pas assises dans un coin pour réfléchir et sortir ce document. On voit que toutes les compétentes se sont associées surtout du côté de la Minusma». Le fait que le document soit présenté au secteur privé apporte aussi à sa valeur ajoutée dans la mesure où l’on a conscience de la place qu’occupe le secteur privé dans la création et la promotion de l’emploi dans le contenu du document.

Sur le fond du document et les actions prévues, Cheick Oumar Soumano insiste : il faut que chacun de nous joue sa partition car, seul, l’État ne pourra pas. «Il est véritablement question de privilégier l’entreprenariat. Quand on veut impliquer les entrepreneurs, l’État s’engage mais aussi d’autres acteurs notamment les banques, les soutiens à la création d’entreprise, etc. Je trouve que, dans l’ensemble, le document est bon et considère, jusqu’à preuve du contraire, que la stratégie pensée est venue à point nommée», résume-t-il.

Quand aux financements de 809 milliards annoncés, Cheick Oumar Soumano propose de réfléchir rapidement à la manière de les mobiliser. «Il ne faut pas que les gens pensent que ces fonds sont déjà là. Ce sont des fonds qu’il faut rechercher et c’est cela qui fait la particularité de ce document. Il faut mobiliser ces ressources et la manière de le faire dépendra de l’implication de tout un chacun», insiste-t-il avant d’inviter les uns et les autres à s’approprier la stratégie et à l’accompagner avec le peu de moyens disponibles pour le moment, tant en termes de ressources qu’en terme de conseils afin que l’application de celle-ci soit une réalité.

Fadi CISSE

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