#Mali : Retrait de la Cedeao : Les trois pays recouvrent leur souveraineté pleine et entière

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger retrouvent leur liberté de décision sur les plans politique, diplomatique, militaire et économique, soutient le professeur chargé des questions politiques et sociales à l’École normale supérieure (Ensup) de Bamako, Bakabigny Keïta. Il conseille aux trois pays d’élaborer de grands plans stratégiques pour relancer les économies nationales et d’harmoniser leurs politiques extérieures

Publié mardi 30 janvier 2024 à 07:26
#Mali : Retrait de la Cedeao : Les trois pays recouvrent leur souveraineté pleine et entière

Pr Bakabigny Keïta



L’enseignant-chercheur explique que les États, souverainement, souscrivent à la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Quand ils le désirent, les pays décident en toute souveraineté de se retirer, ajoute Bakabigny Keïta. Il rappelle que l’article 91 du texte instituant la Cedeao stipule que tout État désireux de se retirer de la Communauté notifie par écrit, dans un délai d’un an, sa décision au Secrétaire exécutif qui en informe les États membres. À l’expiration de ce délai, si sa notification n’est pas retirée, cet État cesse d’être membre de la Communauté.

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger conservent leurs droit et obligations de membres pendant un an à compter de la notification de la décision de retrait, d’après les statuts de la Cedeao. Ainsi, l’annonce faite dimanche dernier est un retrait politique et non juridique, estime l’universitaire qui ajoute que sur le plan juridique, ces États restent soumis aux textes de l’institution sous régionale. Mais en tenant compte du principe de réalité, dès lors qu’ils annoncent publiquement et en toute souveraineté leur décision de retrait de la structure, de fait, ils ne sont plus membres.

Notre interlocuteur pense que la Cedeao n’ayant pas les moyens d’imposer sa volonté par la force, il ne reste que l’option de la négociation. «L’Autorité reste déterminée à trouver une solution négociée à l’impasse politique», propose la Cedeao dans son communiqué rendu public dimanche en réaction à l’annonce des trois pays. Mais cette ouverture de l’organisation sous régionale a peu de chance de prospérer, juge Bakabigny Keïta en mettant en avant la profondeur de la dissension entre les deux parties.

Parlant des motifs du retrait, l’expert des questions politiques et sociales note que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé que la Cedeao a cessé d’être une organisation au service de l’intégration entre les états de la sous-région. Bakabigny Keïta rappelle à ce propos qu’après le renversement de Mohamed Bazoum, la Cedeao, comme si les sanctions ne suffisaient pas, avait mis sur la table un projet d’intervention militaire contre le Niger. Au point que le Mali et le Burkina avaient prévu d’intervenir aux côtés du Niger. Aussi, faut-il le rappeler, Bamako et Ouagadougou avaient prévu de se retirer de la Cedeao si celle-ci venait à mettre à exécution sa menace d’intervention militaire.

 

POSITION COMMUNE- À propos des inconvénients d’un tel retrait, le professeur à l’Ensup évoque les éventuelles restrictions quant à la libre circulation des biens et des personnes dans l’espace Cedeao. Ces restrictions, dit-il, pourraient avoir des impacts négatifs aussi sur les autres pays. Car le Mali appliquera le principe de réciprocité contre les pays qui prendraient des mesures contraignantes à son encontre. L’enseignant-chercheur fait remarquer à ce sujet les contrecoups subis par la Côte d’Ivoire et le Sénégal lorsque la Cedeao a décidé d’imposer un embargo contre notre pays en 2022.

Notre interlocuteur cite comme avantages, le fait que la déclaration de retrait provoque l’annulation des sanctions prises contre les États membres. Mais aussi, cette annonce entend empêcher les éventuelles sanctions et à permettre aux états membres de l’AES de décider en toute souveraineté de la suite de leur transition. Au-delà de la transition, le retrait permettra aux différents pays concernés de recouvrer leur pleine souveraineté au plan politique, diplomatique, militaire et économique, souligne Dr Keïta, ajoutant qu’à long terme, si les pays de l’AES résistent aux démons de la division, ils ont toutes les chances de gagner la partie grâce à leurs capacités militaires, politiques et économiques.

L’enseignant-chercheur signale aussi que l’annonce du retrait des trois pays entraine des défis, aussi bien pour les États de l’AES que pour la Cedeao. Pour lui, ces défis sont d’ordre social, sécuritaire, économique et politique. «Pour les États membres de l’AES, le grand défi reste la préservation de la paix et la cohésion entre les membres», observe Dr Bakabigny Keïta. Malgré les succès indéniables enregistrés, signale-t-il, la lutte contre le terrorisme demeure également un défi majeur.

Aussi, le bien-être des populations et le renforcement des capacités militaires sont des préoccupations importantes. Il faut aller à des grands plans stratégiques pour relancer les économies nationales, conseille notre interlocuteur. En perspective, Dr Bakabigny Keïta estime qu’il faudra que les pays de l’AES travaillent à harmoniser leurs politiques extérieures.


D’après lui, il serait important de travailler à établir un répertoire des domaines de souveraineté de chaque État pour éviter que les actions d’un pays membre ne soient préjudiciables à un autre. Aussi, l’AES doit adopter une position commune face à des dossiers comme l’accueil et l’établissement des ressortissants des pays membres de l’espace Cedeao. Sans oublier d’autres domaines comme le commerce, l’emploi, les échanges culturels,  artistiques et sportifs.

Namory KOUYATE

Lire aussi : Cadre de concertation avec les Maliens établis à l’Extérieur : Pour renforcer le dialogue, la cohésion et l’unité au sein de la Diaspora malienne

La session inaugurale de deux jours ouverte hier à cet effet se penchera sur les principales préoccupations de nos compatriotes à l’extérieur avec des recommandations pour une meilleure gouvernance migratoire.

Lire aussi : Médiateur de la République : Le crédo de la formation continue

Une trentaine d’agents du Médiateur de la République suivent une formation de perfectionnement en rédaction administrative dispensée par l’École nationale d’administration (ENA). Cette session de cinq jours, présidée par le Médiateur de la République, Mme Sanogo Aminata Mallé, a déb.

Lire aussi : Profession d’architecte : Les architectes de l’espace UEMOA autorisés à exercer au Mali avec droit de libre circulation et d’établissement

Dans une vision globale, l’architecture est reconnue comme l’art de concevoir, d’organiser les espaces et les bâtiments. Le texte adopté par l’organe législatif renforcera le niveau de formation dans le domaine, mais aussi son accréditation dans notre pays et l’espace Uemoa.

Lire aussi : Région de Bougouni : L’armée détruit deux bases des groupes terroristes

Les Forces armées maliennes (FAMa) continuent avec abnégation leur mission d’escorte des camions transportant du carburant dans notre pays. C’est ainsi que dans le cadre d'une mission d'appui aérien au profit d'un convoi de carburant sur l'axe Kadiana-Kolondiéba-Bougouni, l' aviation a effec.

Lire aussi : 2è session du Collège des Chefs d’Etat de la Confédération AES : C'est parti pour la réunion des Hauts fonctionnaires

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a présidé, ce lundi 15 décembre, l'ouverture des travaux des Hauts fonctionnaires de la Confédération AES devant se tenir jusqu'au18 décembre dans notre pays..

Lire aussi : Sécurisation du territoire : Plusieurs terroristes neutralisés par les FAMa

Entre opérations terrestres ciblées et frappes aériennes de précision, les Forces armées maliennes (FAMa) ont mené, du 12 au 14 décembre 2025, une série d’actions offensives contre des groupes armés terroristes dans plusieurs régions du pays. L’état-major général des Armées dresse .

Les articles de l'auteur

Abdoul Niang Journaliste, analyste politique et influenceur sur les réseaux sociaux : «L’ESSOR et L’ORTM gardent encore une place essentielle dans la communication d’État, la diffusion des politiques publiques et la valorisation des institutions»

Pour Abdoul Niang, il est évident pour tout le monde que ces deux médias publics ont marqué leur époque. L’ORTM est la principale source d’information audiovisuelle au Mali depuis plusieurs décennies. Quant à l’Essor, en tant que journal d’État, il est la référence écrite officielle pour l’information institutionnelle..

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 12 décembre 2025 à 09:32

Médias publics : Regards croisés sur l’héritage et les défis actuels de l’Essor et de l’Ortm

Dans les lignes qui suivent, nos deux interlocuteurs se sont prononcés sur les rôles de l’Essor et de l’ORTM dans l’ancrage institutionnel de notre pays, leur adaptation à l’évolution numérique, les défis et la contre-attaque dans le cadre de la guerre informationnelle.

Par Namory KOUYATE


Publié vendredi 12 décembre 2025 à 08:57

Cérémonie de décorations à Koulouba : Djandjo aux soldats du pétrole

La médaille de l’Étoile d’argent du mérite national avec effigie «Lion débout» a été décernée à 31 chauffeurs blessés. Tandis que 17 opérateurs pétroliers et responsables syndicaux ont été faits Chevalier de l’Ordre national du Mali. La cérémonie de remise des distinctions s’est déroulée, vendredi dernier, au palais de Koulouba sous la présidence du Président Assimi Goïta.

Par Namory KOUYATE


Publié lundi 08 décembre 2025 à 07:45

Gestion de la crise des hydrocarbures : La reconnaissance du mérite de 75 personnes

Le Président de la Transition, Grand maître des ordres nationaux, le Général d'armée Assimi Goïta a décidé de matérialiser la reconnaissance du peuple malien par l'attribution de décorations aux opérateurs pétroliers, responsables syndicaux, chauffeurs ayant accompagné l'Etat dans la gestion de la crise des hydrocarbures..

Par Namory KOUYATE


Publié samedi 06 décembre 2025 à 09:44

Redevances annuelles des sociétés minières : La part de l’État malien passe de 201 à 358 milliards de Fcfa

Cette prouesse financière est le résultat du travail acharné mené par la Commission de négociation et de renégociation mise en place par les autorités. Celle-ci a présenté hier son rapport de fin de mission au Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta.

Par Namory KOUYATE


Publié mardi 02 décembre 2025 à 10:14

Clin d’œil sur Idrissa Tiama, major de la 47è promotion de l’Emia

Le major de la 47è promotion (2023-2025) de l’Ecole militaire interarmes (Emia) de Koulikoro s’appelle Idrissa Tiama de nationalité malienne. Il s’est classé premier avec une moyenne de 16 /20 devant ses camarades de différentes nationalités. Le fils de Diakaria et de Maïmouna Tiama est né le 7 février 1996 à San..

Par Namory KOUYATE


Publié lundi 01 décembre 2025 à 08:32

Qui est feu général pangassy sangaré ?

Les 343 officiers d’active de la 47è promotion de l’École militaire interarmes (Emia) de Koulikoro peuvent être fiers du parcours exemplaire de leur parrain au sein de l’Armée malienne. Feu Général de brigade Pangassy Sangaré, puisqu’il s’agit de lui, nait le 11 juin 1947 à Kati. Il entame son parcours à l’école militaire préparatoire de Saint-Louis entre 1959 et 1961..

Par Namory KOUYATE


Publié lundi 01 décembre 2025 à 08:30

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner