Notre santé, Lupus érythémateux systémique : Troubles osseux, articulaires et musculaires

Le lupus érythémateux systémique (LES) est une maladie auto-immune (attaque des propres tissus du patient par le système immunitaire au lieu de protéger le corps contre les bactéries et les virus) ayant un tropisme particulier pour la peau, les articulations et les reins, mais pouvant affecter aussi d’autres organes.

Publié lundi 05 décembre 2022 à 06:52
Notre santé, Lupus érythémateux systémique : Troubles osseux, articulaires et musculaires

La prise en charge est adaptée à chaque patient et en fonction des signes cliniques

 

 

  Le spécialiste des maladies systémiques, Dr Boureïma Kodio de la «clinique Primum Non Nocere»  dit que le nom «lupus érythémateux systémique» remonte au début du 20e siècle. Du latin «lupus» signifie «loup» en référence aux éruptions cutanées faciales en «masque de loup». Et le vocable «érythémateux» d’origine grecque signifie «rouge» et se réfère à la couleur rouge des éruptions cutanées. «Systémique» signifie que la maladie touche de nombreux organes.

 C’est une maladie qui a une prédilection pour la femme avec un sex-ratio de 9 femmes pour un homme. Elle touche généralement la gent féminine en période d’activité ovulatoire (15 à 45 ans). Pourquoi les femmes sont singulièrement les plus touchées? Le toubib dit que cela s’explique par deux facteurs. Les hormones femelles (œstrogènes) qui cependant peuvent avoir un rôle anti-inflammatoire protecteur. Le facteur génétique de plus en plus incriminé est le chromosome féminin X qui y joue un rôle majeur, car il porte de nombreux gènes de l’immunité. L’expression et la régulation de ces gènes pourraient être perturbées dans le lupus érythémateux systémique.

 Concernant l’origine de la maladie, le médecin confirme qu’elle n’est pas encore bien élucidée. Toutefois, précise-t-il,  elle résulte de la rencontre de plusieurs facteurs : un terrain génétique particulier, de facteurs environnementaux (les rayons ultraviolets du soleil, les hormones et les virus) et certains médicaments. Des variants de nombreux gènes, en modifient un peu leur fonction, induisent une susceptibilité génétique. Ces «originalités génétiques» semblent liées à de petites différences (appelées polymorphismes) qui caractérisent certains gènes de l’immunité. Quand elles s’additionnent (d’où le terme «maladie multigénique»), elles favorisent l’apparition des perturbations du système immunitaire.

Selon Dr Kodio, le lupus est une maladie très polymorphe qui débute habituellement par un cortège de signes qui s’associent progressivement, en quelques jours ou quelques semaines. Il peut s’agir d’une atteinte cutanée initiale le plus souvent, comportant des rougeurs (érythèmes) se localisant symétriquement sur les pommettes, les ailes du nez, autour des yeux et parfois sur le front  en «aile de papillon» en «vespertilio», c’est-à-dire en aile de chauve-souris). Ces rougeurs peuvent s’étendre au décolleté et toucher le dos des mains et des avant-bras. D’une photosensibilité (rougeur de peau à type de «coup de soleil» après une exposition modérée au soleil) et d’une alopécie.

Il peut s’agir également d’une ulcération buccale, nasale, génitale et sècheresse oculaire, buccale et génitale ou d’une atteinte articulaire qui inaugure souvent la maladie. Le médecin précise qu’il s’agit de douleurs articulaires inflammatoires pouvant  gêner le sommeil et entraîner un enraidissement douloureux, surtout matinal à la mise en route des articulations. Et d’ajouter que l’atteinte articulaire concerne en priorité les mains et les poignets. à côté de ces atteintes, il citera d’autres atteintes comme celles des séreuses qui peuvent aussi être révélatrices. C’est une inflammation qui touche les feuillets qui entourent le poumon (pleurésie) ou le cœur (péricardite). L’atteinte rénale peut s’exprimer par des gonflements des pieds et visage et la présence de protéines ou de globules rouges dans les urines.

 L’atteinte neurologique et psychique par des convulsions, dépressions, psychose, épilepsie, AVC. L’atteinte sanguine se présente par une baisse du taux d’hémoglobine (anémie), de globules blancs (leucopénie), de plaquettes (thrombopénie) et trouble de la coagulation sanguine. D’autres atteintes plus rares : digestive (pancréatite, hépatite), cardiovasculaire (atteinte des valves du cœur, inflammation du muscle cardiaque à type de myocardite, thrombose artérielle ou veineuse aussi appelée phlébite), obstétricales (avortements à répétions, stérilité, échec de fécondation in vitro). Ce n’est pas tout, Dr Kodio  mentionne aussi la présence des auto-anticorps antinucléaires, anticorps anti-ADN natif avec des concentrations élevées dans le sang ou d’une grosse fatigue, parfois de la fièvre.

Il est important de savoir qu’il existe essentiellement deux formes de lupus : le lupus spontané, qui survient sans facteurs inducteurs, connus ou reconnus et le lupus induit, qui est provoqué par la prise prolongée de certains médicaments. Le spécialiste révèle que le lupus spontané peut être cutané ou systémique. Le lupus cutané (pur) au cours duquel, l’atteinte est limitée à la peau (sans risque pour un organe vital). Et le lupus systémique qui est une maladie qui peut toucher plusieurs organes ou appareils (la peau, les articulations, les reins, le cœur, les vaisseaux).

Le LES est reconnu dans le monde entier. à l’instar des autres pays africains, le Mali ne dispose pas d’étude sur sa prévalence au sein de la population générale. Toutefois, relève-t-il, le nombre de patients suivis dans nos structures  avoisine les 800. Le diagnostic du lupus repose sur l’association des signes cliniques (qui peuvent varier d’un patient à l’autre) et des tests sanguins et urinaires.


Certains signes sont très évocateurs de la maladie (les lésions cutanées) et d’autres le sont moins, car ils existent aussi dans d’autres maladies auto-immunes (arthrites, péricardites). Afin de distinguer le LES des autres maladies, des médecins du Collège américain de rhumatologie (American College of Rheumatology) ont dressé une liste de 11 critères qui aident à classer la maladie.

Dr Kodio souligne qu’il est difficile d’éviter la maladie qui, dans la moitié des cas, est héréditaire. Par contre, il conseille l’éviction ou l’exposition excessive aux rayons du soleil/rayons UV pouvant déclencher ou aggraver le LES. Il recommande que les grossesses soient planifiées avec les soignants. Aucun régime alimentaire ne peut guérir le LES.

Pour la  prise en charge de la maladie, le spécialiste dit qu’elle est adaptée à chaque patient avec  la diversité des signes cliniques. Les traitements actuels visent à contrôler les symptômes et à prévenir les complications de la maladie. Il s’agit du traitement symptomatique (anti-inflammatoires non stéroïdiens et corticothérapie) et de celui a base d’antipaludiques de synthèse, d’immunosuppresseurs et biothérapie.

Fatoumata NAPHO

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