Sikasso : Les ivoiriens comme le poisson dans l’eau

Région frontalière avec la Côte d’Ivoire, Sikasso accueille de nombreux ressortissants ivoiriens depuis belle lurette qui vivent en parfaite harmonie avec les Maliens. Pour eux, les liens entre les pays sont si solides qu’ils ne peuvent être ébranlés par des turpitudes passagères

Publié mercredi 24 août 2022 à 05:12
Sikasso : Les ivoiriens comme le poisson dans l’eau

«À Sikasso, nous nous sentons comme chez nous. Les Sikassois sont nos frères», martèle fièrement Mme Keita Kuamé Amoin Thérèse, une ressortissante ivoirienne. Elle s’est mariée au Malien Sidiki Keita en Côte d’Ivoire il y a plus de 25 ans. Le couple qui réside dans la capitale du Kénédougou depuis 2002 a trois enfants (deux garçons et une fille). C’est la crise politique ivoirienne de 2002 qui a contraint le couple Keita à résider au Mali. «Avec cette grave crise politique, mon mari s’est retrouvé en chômage. Donc, nous avons décidé de rentrer au Mali», confie-t-elle. «Mes beaux parents, les amis et les cousins de mon mari sont vraiment sympathiques avec moi. Chaque fois ils m’apportent des cadeaux tels que le charbon de bois, le riz …», ajoute Mme Keita Kuamé Amoin Thérèse. La plus Malienne des Ivoiriennes souhaite du fond du cœur une entente parfaite entre nos deux pays. «Je prie chaque jour pour la paix entre le Mali et la Côte d’Ivoire.


Ces deux pays sont deux poumons d’un seul corps», défend-t-elle. Le Mali et la Côte d’Ivoire ont toujours été des pays frères. Cette relation de fraternité demeure à jamais inébranlable. À l’image de Mme Keita Kuamé Amoin Thérèse, des milliers d’Ivoiriens vivent dans la cité verte du Kénédougou. Par le lien du mariage pour certains. D’autres excellent dans les affaires en tout genre. D’autres encore pour tout simplement l’amour pour le Mali. Gaoudé Tiemoko Anderson alias «den tièdiougou» est de nationalité ivoirienne. Le natif de la ville de Man est commerçant à la gare routière de Sikasso depuis 2014. «Depuis cette date à nos jours, je n’ai jamais eu de problème avec un Sikassois. Je suis vraiment à l’aise ici. Je plaisante avec tout le monde surtout avec les peulhs et les bobos.


À Sikasso, j’ai eu des mères, pères, frères et sœurs», témoigne-t-il. Tiemoko Anderson salue l’hospitalité légendaire des Maliens. «Quand ma fille Gaoudé Edwige Mondésir a quitté la Côte d’Ivoire pour Sikasso, c’est un voisin Sikassois qui l’a adoptée. Elle est aujourd’hui baptisée Mariam Bengaly», dit-il. PRIVILÉGIER LA SOLUTION DIPLOMATIQUE-Gaoudé Tiemoko Anderson souhaite aujourd’hui se marier à une Malienne. «Chaque fois, je demande la main d’une fille, on demande ma religion. Ce n’est pas encourageant. Je suis même sur le point d’abandonner l’idée du mariage», confie-t-il. Par rapport à l’arrestation de 49 militaires ivoiriens par l’État malien, Gaoudé Tiemoko Anderson estime que cette affaire est purement politique. «C’est un dossier délicat, mais j’invite les autorités des deux pays à privilégier la solution diplomatique. Elles ne doivent surtout pas tomber dans le piège des va-t-en guerre.


La Côte d’Ivoire et le Mali restent des pays frères», martèle-t-il. Le commerçant ivoirien appelle les deux pays à l’entente. «J’ai vécu les crises politiques du Libéria et de la Côte d’Ivoire. J’ai une idée de ce que veut dire la guerre. Mieux vaut l’éviter», affirme-t-il, invitant les Maliens et Ivoiriens à ne pas entrer dans le jeu des réseaux sociaux notamment «Tik-Tok». Toute chose qui contribuera, selon lui, à mettre de l’huile sur le feu. Yéo Ténéma est le 1er conseiller du consulat honoraire de Sikasso et secrétaire général de l’association des Ivoiriens de Sikasso. Selon lui, une crise entre le Mali et la Côte d’Ivoire est inimaginable. Le ressortissant de Korhogo se fonde sur le constat que sur 10 ressortissants ivoiriens, 6 sont mariés à des Maliennes. Comme on le dit chez nous, les liens du mariage sont sacrés. «J’ai épousé une fille bobo et je ne m’imagine jamais être en malentendu avec mes beaux parents car j’aime beaucoup ma femme», avoue Yéo Ténéma.



Celui qu’on surnomme affectueusement «le Malien» argumentera que lui, comme d’autres ressortissants de la Côte d’Ivoire de Sikasso ne peuvent plus passer deux jours sur leur terre natale sans vouloir penser à retourner au Mali. «Très souvent, on nous reproche de fuir le bercail mais ce n’est pas ça. La vérité est que nous avons au Mali tous ceux qui nous ont chers, à savoir les épouses et les enfants», dixit-il. Yéo Ténéma rappelle qu’à son arrivée au Mali en 2002, suite à la crise politique en Côte d’Ivoire, il a été accueilli par une famille Kouyaté au quartier Bankoni de Sikasso. «Cette famille et la sienne sont voisines à Korhogo en Côte d’Ivoire. Ils m’ont réservé un accueil vraiment chaleureux. Ils m’ont soutenu jusqu’à ce que j’obtienne mon examen de Baccalauréat en 2005.


Aujourd’hui, j’enseigne l’Histoire. Je ne pourrai jamais me mettre en conflit avec cette famille. Jamais !», insiste-t-il. Le secrétaire général de l’association des Ivoiriens de Sikasso rappelle aussi qu’au temps du père de l’indépendance de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny, il n’y avait pas d’ambassade de Côte d’Ivoire au Mali car ce dernier estimait que les Ivoiriens étaient chez eux au Mali et les Maliens de même en Côte d’Ivoire. Il a saisi l’opportunité pour inviter les deux pays au dialogue. «Notre ancrage ne doit pas se dissiper aussi facilement car nous sommes deux nations sœurs. Mon association prévoit d’approcher les notabilités de Sikasso afin de jouer notre rôle dans la consolidation de la paix entre nos deux pays», annonce Yéo Ténéma. CONDAMNER À S’ENTENDRE-Seydou Traoré est un notable de Sikasso. Il en sait beaucoup plus sur le degré de relations entre les deux peuples.


«À Sikasso, tu ne trouveras pas une famille qui n’a pas un parent en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas possible. Les choses qui se disent sur les réseaux sociaux, ne reflètent pas la réalité», dit-il. Pour le sexagénaire, bien vrai qu’il y a un malentendu aujourd’hui entre les autorités des deux pays, mais cela n’entame en rien les relations séculaires qui existent entre les populations de part et d’autre de la frontière. «Il ne faut pas surtout se fier à tout ce qui est dit sur les réseaux sociaux. Les Ivoiriens qui viennent ici, nous les accueillons comme des frères, pour la simple raison que nous avons aussi des parents en Côte d’Ivoire. Les relations entre les pays sont et demeurent fortes», insiste-t-il. Pour la plupart de nos interlocuteurs, le Mali et la Côte d’Ivoire sont condamnés à s’entendre, car tout les unit : histoire, géographie, culture, économie. En clair, la Côte d’Ivoire et le Mali sont liés par des relations de parenté et de bon voisinage qui ne sauraient être ébranlés par des turpitudes passagères.


Mariam F. DIABATÉ Amap-Sikasso

Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso

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