Amadou Dicko Sidibé : L’innovateur

Être un exemple est la meilleure façon de servir son pays. Aujourd’hui, Amadou Dicko Sidibé est à lui seul une source d’inspiration pour tout un continent. Lorsque la sécheresse pointe son nez, il n’a aucune peine à faire pousser des fruits et des légumes en quantité aussi bien qu’en qualité.

Publié jeudi 18 août 2022 à 05:46
Amadou Dicko Sidibé : L’innovateur

Architecte de métier, Amadou Dicko Sidibé est le pionnier de la serriculture en Afrique de l’Ouest. Inspiré par les techniques israéliennes, il a révolutionné l’agriculture malienne.


La soixantaine, Amadou Dicko Sidibé est grand de taille, avec une démarche assurée et un sourire timide. Une allure bien loin de celle de l’agriculteur. Il fut le deuxième Malien diplômé de l’Institut d’architecture de Moscou après Cheick Sadibou Cissé, architecte privé installé à Bamako. De retour au pays, il créa son cabinet d’architecte en 1987.


Choisi à l’issue d’un concours national, c’est lui qui a construit le monument de l’Indépendance en 1995, avec la collaboration d’un partenaire russe. Très fier de cette réalisation, devenue un grand symbole de la démocratie malienne, M. Sidibé affirme :«De mon vivant, voir cette œuvre et tout ce qu’elle représente pour le peuple, je n’ai plus rien à prouver en tant qu’architecte». Pour Cheick Sadibou Cissé, il n’y a pas de doute qu’Amadou a compris que l’architecture commence par l’estomac.


«C’est un grand architecte et un homme d’action, et sa formation d’architecte lui a permis de bien aménager son espace et de l’exploiter à bon escient, il ne perd pas 1 cm2».
Ce n’est qu’en 2011 que l’originaire du Wassoulou a troqué son crayon contre les bottes en caoutchouc. «Je suis né dans les fermes, mon père avait sa ferme, mon grand-père était le jardinier de l’administration coloniale à Ouahigouya, en Haute-Volta, je suis peut-être né avec une daba à la main».


Aux portes de Katibougou, sur la route de Kangaba, se situe sa ferme bâtie sur 3 ha qui abrite 5 serres, dont 3 modernes haut de gamme, une de 320 mètres carrés, une de 5.000 mètres carrés, et celle de 10.000 mètres carrés dotée d’un système d’irrigation informatisé. Les deux autres, de 1.250 mètres carrés chacune, sont bas de gamme. Toutes sont importées d’Israël.
Convaincu que l’avenir de l’agriculture en Afrique se trouve dans l’innovation, il n’a pas hésité à tenter le coup. Au début, dissuadé par l’entourage, M. Sidibé démarre son projet sur fonds propres et bénéficie plus tard, en 2013, d’une aide du PCDA (Programme de compétitivité et de diversification agricoles).


Actuellement en rénovation, la ferme emploie 40 personnes à plein temps, avec un chiffre d’affaires annuel de 300 millions de Fcfa. Les productions sont écoulées sur le marché local, notamment dans les supermarchés et les restaurants. Avec une production annuelle de plus de 200 tonnes, la tomate est la vedette de la ferme. Le kilo varie de 500 à 1.000 Fcfa. En fonction des besoins du marché, les tomates rondes, cerises, allongées sont les différentes variétés produites. À côté, il y a une centaine de pieds de papayers, des concombres, fraises, melons, et des fleurs.


Selon Amadou Dicko Sidibé, en Afrique, pour augmenter la production en adéquation avec la croissance démographique, la production sous serre peut, avec un appui politique et des institutions bancaires, aider le continent à assurer l’autosuffisance alimentaire et permettre à la jeunesse de trouver un emploi et d’éviter de choisir l’immigration. Pour la jeunesse, il est prêt à partager son expérience et conseille l’entreprenariat : «Je suis archiculteur, de l’architecture à l’agriculture. Il faut que la jeunesse comprenne que le chômage n’est pas une fatalité. Ce n’est pas parce qu’on a reçu une formation d’ingénieur qu’on ne peut pas faire de l’agriculture».


Seul Malien membre du Global Farmer Network, réseau mondial de fermiers qui relie tous les leaders agricoles pour une agriculture durable, une croissance économique et assurer la sécurité alimentaire. Il a déjà installé cinq serres au Mali, une au Burkina et une au Tchad. Bientôt, il en installera une en Guinée-Conakry.


Consultant pour un projet de Diazon, une filiale d’IBI Group spécialisée en agrobusiness, M. Sidibé a fait ses preuves. Après la réussite, en mars 2022, de son expérimentation sur un champ de 4 hectares de concombres, pastèques et melons à Salla, à une vingtaine de kilomètres de Bamako, avec un système d’arrosage au goutte à goutte, Ibrahim Diawara, PDG de IBI Group, envisage d’étendre le projet sur 10.000 hectares, par tranches, dans diverses localités du Mali. En deux ans de collaboration avec Amadou Dicko Sidibé, Dazin Kéita, responsable du projet, affirme avoir côtoyé un homme intègre, humble et compétent dans son domaine.


Papa de six filles et d’un garçon, Amadou Dicko Sidibé est un grand amateur de poisson et de crudités. Il affirme devoir sa réussite à son défunt père Boubacar Sidibé, ancien ministre de la Justice, qui a été un exemple de probité, de don de soi et de modestie, pour lui et ses 9 frères et sœurs. Cette éducation qui était, à l’époque, perçue comme une privation lui a permis de façonner sa personnalité. Sa maman Korotoumou, pour qui il vendait des œufs en bas âge, n’en a pas fait moins pour eux.


Le nom «Dicko», qui est celui de sa grand-mère, lui a été donné pour respecter la promesse de son papa à cette dernière.
En 2020, l’Oscar africain de l’innovation agricole lui a été décerné en Côte d’Ivoire. Depuis la Covid-19, il accepte moins de projets  en architecture, «je ne prends que ce qui me fait plaisir et peu de choses me font plaisir maintenant».

Fatoumata Sira SANGARÉ
Étudiante à l’ESJSC


Rédaction Lessor

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