Avant-projet de Constitution : Deux politologues décortiquent le document

Dans les lignes qui suivent, les spécialistes en sciences politiques, Pr Mamadou Samaké et Jean François Marie Camara, livrent leurs appréciations sur le projet de Loi fondamentale remis aux autorités par la Commission de rédaction

Publié mardi 25 octobre 2022 à 05:49
Avant-projet de Constitution : Deux politologues décortiquent le document

Pr Mamadou Samaké : «On est parti vers un régime hyper  résidentialiste avec une relative indépendance aux parlementaires…»

 

C’est un document qui détermine la nouvelle architecture institutionnelle de notre pays avec un renforcement des pouvoirs de l’exécutif, une modification des relations entre l’exécutif et le Parlement. Parce que le gouvernement n’est plus responsable devant l’Assemblée nationale, mais devant le président de la République. Le gouvernement ne détermine plus la politique de la nation, qui est déterminée par le président de la République. Qui, maintenant, chaque année, va faire une déclaration sur l’état de la nation devant les deux chambres du Parlement.

Le bicaméralisme est aussi une innovation puisqu’on voit la création du Haut conseil de la Nation qui va être la seconde chambre du Parlement. Encore une fois, dans les relations entre l’exécutif et le parlement, le président n’a plus le pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale. Tout comme, l’Assemblée nationale n’a plus la possibilité de renverser le gouvernement qui n’est plus responsable devant elle, mais devant le président de la République. Dans ses prérogatives, le Premier ministre devient comme le coordinateur de l’action gouvernementale, c’est-à-dire un ‘‘super ministre’’. Puisque, ce n’est plus lui qui propose les membres du gouvernement, mais il est consulté par le président de la République pour leurs choix.

Quant au pouvoir judiciaire, il y a d’importantes innovations qui ont été introduites : c’est l’ouverture à moitié du Conseil supérieur de la magistrature, organe chargé de la carrière et de la discipline des magistrats, la possibilité donnée aux citoyens de saisir directement le Conseil supérieur de la magistrature ; l’instauration de juges des peines qui ôte l’inclusivité de l’action publique au parquet.

Sur la Cour constitutionnelle, les conditions de désignation des membres de l’institution ont été revues. Le citoyen a désormais la possibilité de soulever l’exception de constitutionnalité dans le cadre des procès. Je crois que la Cour constitutionnelle aussi peut être saisie en matière de liberté publique par les citoyens.  Pour ma part, dès lors qu’on recommande l’élaboration, après l’adoption par referendum du texte, des lois organiques des différentes institutions, la fixation du nombre des membres du gouvernement dans le texte constitutionnel, normalement, n’a pas lieu d’être. On pourrait, peut-être, renvoyer cela à une loi organique tout comme le nombre des membres du parlement.

Parce qu’avec la réorganisation du territoire, il est évident que la loi organique sur le nombre, les conditions d’éligibilité des députés, va changer pour prendre en compte les nouvelles circonscriptions administratives. Mais aussi, pour adapter le nombre des députés à notre réalité démographique. Parce que le nombre de 147 (députés) a été choisi sur la base du recensement général de 1996 au moment où le Mali comptait 9 millions d’habitants.

Au dernier recensement, je crois, de 2007 ou 2009, nous sommes, aujourd’hui, à plus de 20 millions d’habitants. Donc, il y a lieu de revoir le nombre des députés tout comme celui des conseillers au niveau du Haut conseil de la Nation parce qu’il sera l’institution représentative des collectivités territoriales. Notre pays étant dans son organisation administrative, certes une République unitaire, mais déconcentrée et décentralisée. Donc, le nombre des membres du Haut conseil des collectivités va changer au regard de nouveaux cercles, de nouvelles régions et de nouvelles communes.

Par ailleurs, on est parti vers un régime hyper présidentialiste, parce que l’essentiel des pouvoirs se trouve entre les mains du président de la République qui nomme et révoque le Premier ministre aussi bien que les membres du gouvernement. Le fait que le président de la République n’ait aussi plus la possibilité de dissoudre le parlement donne une relative indépendance aux parlementaires dans le contrôle de l’action, cette fois-ci, présidentielle. Parce que l’essentiel des prérogatives revenant au président de la République, c’est pourquoi il fait, chaque année, l’état de la nation au parlement. Et l’innovation majeure que j’avais oubliée, c’est la possibilité de destitution du président de la République par les deux chambres.


Propos recueillis par 

Bembablin DOUMBIA 


Rédaction Lessor

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