
Meeting de soutien à la Transition, le 14 janvier 2022 au Monument
de l'indépendance
Plusieurs
facteurs sont à l’origine
des manifestations populaires qui ont abouti à la «démission» du Président feu
Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020. Cette année aura été très
pénible pour le régime en place. Pendant plusieurs mois, les écoles étaient
restées fermées à cause de la grève des enseignants. La crise de la Covid-19
était venue s’ajouter, amenant les autorités à prendre certaines mesures impopulaires
dont le couvre-feu, contesté par une partie de nos compatriotes. Entre-temps,
des voix se sont élevées pour dénoncer la mauvaise gouvernance, l’insécurité
grandissante, le détournement des fonds destinés à la Loi d’orientation et de programmation militaire (Lopm), l’achat des
équipements militaires, etc.
Dans ce
tohu-bohu, l’ancien président du Haut conseil
islamique, l’Imam Mahmoud Dicko, aujourd’hui en exil, fut convoqué au Tribunal
de la Commune IV pour «affaire
le concernant». La raison, selon son porte-parole
de l’époque Issa Kaou N’Djim, était que le leader religieux avait, au cours
d’un meeting, dénoncé «la corruption, l’affaire des avions cloués au sol, des
blindés en carton, la mauvaise gouvernance…» Grâce à la
mobilisation de ses partisans au niveau dudit tribunal, son audition avait été
reportée sine die. La foule en colère, s’était alors transportée à la mosquée
où il officie à Badalabougou. Dans la foulée, un meeting spontané fut organisé
au Palais de la Culture
pour appeler à un plus grand rassemblement
quelques jours plus tard.
Les propos
tenus par l’Imam Dicko avaient, en son temps,
fait réagir les présidents des institutions de la République qui, dans un
communiqué conjoint, avaient dénoncé la «diffusion sur les médias et les
réseaux sociaux de propos insurrectionnels, subversifs et séditieux tenus par
l’Imam Mahmoud Dicko et la coordination se réclamant de ses idéaux contre les
autorités légitimement établies par le peuple malien». Ils ont condamné ces agissements et engagé le gouvernement à «mettre fin à l’impunité
par une application rigoureuse des dispositions pénales, pour la préservation
de l’ordre public et de l’état de droit».
Pendant ce
temps, la situation se crispait davantage sur le plan politique avec la
prorogation des mandats des membres du Haut conseil des collectivités, des conseillers communaux et des députés à
deux reprises sur un avis favorable de la Cour constitutionnelle. Ce qui, de
l’avis de nombre de Maliens, s’est fait en violation de la Constitution et des conventions internationales
en matière de démocratie et de gouvernance.
À cela s’est ajoutée l’insécurité grandissante avec son cortège de morts civils
et militaires qui ont exacerbé le mécontentement général de la population. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la
proclamation des résultats définitifs des élections législatives de mars-avril
2020 par la Cour constitutionnelle. La contestation sociale a en effet atteint
son point culminant après que la Cour ait rendu son Arrêt.
Contestation
populaire- C’est dans ce contexte qu’à l’appel du
Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), de Espoir Mali Kura (EMK) et
de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam
Mahmoud Dicko (Cmas), des
milliers de Maliens vont se retrouver le 5 juin 2020 à la Place de l’Indépendance pour un meeting.
La manifestation annoncée comme pacifique s’est achevée par des affrontements
entre manifestants et forces de l’ordre au niveau de Djicoroni-Para. Les manifestants exigeaient cette fois-ci la démission du Chef de l’état «le même jour avant
18 heures». À l’expiration de l’ultimatum, certains s’étaient dirigés vers sa
résidence à Sébénicoro pour «exiger sa démission». Les forces de l’ordre ont dû
faire usage de gaz
lacrymogènes pour les disperser.
Après cette manifestation, les contestataires
décidèrent de maintenir la pression. Suite au succès retentissant de ce
rassemblement, les différentes entités politiques et de la société civile ayant
pris part vont se constituer
en Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). La Cour
constitutionnelle était dans
leur viseur suite à son Arrêt controversé sur les résultats définitifs des
élections législatives. De même, ils réclamaient la démission du Chef de l’état pour mettre en place une Transition. Sous
la pression, quatre membres de la Cour constitutionnelle avaient rendu le
tablier. Leur démission avait été précédée par le décès d’un des leurs. Toujours sous pression, le 11 juin 2020, le
gouvernement a démissionné et le Chef de l’état a renouvelé sa
confiance en Dr Boubou Cissé comme Premier ministre, qui a mis en place une
équipe restreinte de six ministres en attendant la suite du dialogue avec les
contestataires.
Quelques jours
après, pour tenter de calmer la tension sociale, au
cours d’une rencontre avec les forces vives
de la Nation au Centre international de conférences de Bamako, le Président de
la République avait annoncé «l’application immédiate de l’article 39». Une
autre mesure qu’il a prise
est l’abrogation du décret de nomination
des membres restants de la Cour constitutionnelle et son remembrement par le
décret n°2020-0342/P-RM du 7 juillet 2020. Mais rien n’y fit. Les
manifestations se sont poursuivies et les contestataires du régime continuaient à durcir le ton, ne réclamant désormais plus
que la démission pure et simple du Président Keïta.
MÉDIATION DE LA CEDEAO- Face à cette situation, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) va offrir sa médiation. À cet effet, une première délégation ministérielle va rencontrer les protagonistes à la mi-juin 2020 à Bamako, avant de faire des propositions parmi lesquelles, la reconstitution de la Cour constitutionnelle. Cette proposition avait été réitérée par la mission conduite par l’ancien Président nigérian Goodluck Jonathan, médiateur de la Cedeao dans la crise malienne et ensuite par cinq Chefs d’État de l’Organisation ayant fait le déplacement à Bamako le 23 juillet 2020. Il s’agit d’Issoufou Mahamadou du Niger, d’Alassane Ouattara de la Côte-d’Ivoire, de Macky Sall du Sénégal, de Muhammadu Buhari du Nigeria et de Nana Akufo-Addo du Ghana. Après leur visite dans notre pays, les Présidents ouest-africains ont tenu un sommet extraordinaire le lundi 27 juillet 2020 par visioconférence où ils avaient indiqué que la Cour constitutionnelle devait être recomposée rapidement, tout en proposant également la «démission immédiate» des 31 députés dont l’élection était contestée parmi lesquels, le président de la 6ème législature de l’Assemblée nationale Moussa Timbiné. Entre-temps, le M5-RFP a proposé un mémorandum qui a été rejeté par le camp présidentiel.
À travers ce
document, le Mouvement proposait, entre autres, la dissolution immédiate de
l’Assemblée nationale, la mise en place
d’un organe législatif de Transition,
le renouvèlement intégral des membres de la Cour constitutionnelle, la mise en
place d’un gouvernement de Transition avec les caractéristiques ci-après : le
Premier ministre est désigné par le M5-RFP, il ne peut être demis par le
Président de la République que dans les conditions prévues par la Charte de la
Transition, il forme son gouvernement en entier, nomme aux hautes fonctions
nationales, etc. Les alliés politiques du Président feu Ibrahim Boubacar Keïta
avaient en son temps dénoncé « une action qui s’apparenterait à un
pronunciamiento, une proposition antidémocratique, antirépublicaine et
anticonstitutionnelle qui n’est, ni plus ni moins, qu’une tentative déguisée de
coup d’état, des propositions qui s’apparentent
davantage à un schéma de conquête du pouvoir
par des voies non constitutionnelles…» Face au rejet de ces propositions, le
Mouvement de contestation a rompu le dialogue. Dos au mur, le Chef de l’État va
rencontrer l’Imam Mahmoud Dicko qui était l’autorité morale des
contestataires en vue de trouver une ultime solution à la crise. Mais la
situation va dégénérer le 10 juillet 2020 lorsque le M5-RFP va entrer en
désobéissance civile à l’issue d’un rassemblement populaire, le même jour, à la
Place de l’Indépendance. L’Assemblée nationale, le Haut conseil des
collectivités, l’ORTM ont été saccagés, vandalisés, des matériels emportés et
des voitures calcinées. Et toutes les routes de la capitale étaient coupées par
des barricades pendant plusieurs jours.
Dans le
sillage de ces évènements,
certains leaders du Mouvement ont été interpellés notamment Issa Kaou N’Djim,
président de la Cmas et Choguel Kokalla Maïga, président du comité stratégique
du M5-RFP. Des échauffourées ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre les 10, 11 et 12 juillet 2020 entraînant des morts (côté
manifestants) et plusieurs blessés (côté manifestants et forces de l’ordre). Ni
la diplomatie préventive de la Cedeao, ni les concessions faites par le pouvoir
encore moins les bons offices
des forces vives et des religieux n’ont suffi
pour calmer le M5-RFP qui a continué ses manifestations. C’est dans cette
atmosphère délétère que le 18 août 2020, il y a eu une mutinerie dans certaines
casernes près de Bamako, poussant l’Armée à intervenir.
Le Président Ibrahim Boubacar Keïta a été arrêté à
son domicile à Sébénikoro puis conduit à Kati par un groupe de cinq Colonels
qui va plus tard constituer le Comité national pour le salut du peuple (CNSP).
«Maintenu en lieu sûr», le Président Keïta va annoncer sa démission.
Dans son discours de démission lu à la télévision nationale, il a annoncé qu’il
quittait toutes ses fonctions et avec toutes les conséquences de droit : la
dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement. Les Maliens vont alors découvrir les visages des cinq jeunes Colonels
qui ont pris le pouvoir avec à leur tête, un certain Assimi Goïta alors méconnu
du grand public.
RECTIFICATION
DE LA TRAJECTOIRE- La démission de
feu Ibrahim Boubacar Keïta a été suivie quelques semaines après par des Assises nationales qui ont adopté
une Feuille de route et une Charte de la Transition sur la base desquelles,
l’ensemble des organes ont été mis en place pour une durée de 18 mois. Bah
N’Daw a été choisi comme Président et Chef de l’État et le Colonel Assimi Goïta, comme vice-président, chargé des questions de défense et de
sécurité. Ils ont tous deux prêté serment le 25 septembre 2020. Ensuite, il y a
eu la nomination du Premier ministre Moctar Ouane qui a formé son gouvernement et la mise en place du Conseil national de
Transition (CNT).
Après huit mois de mise en œuvre de la Feuille de
route, des évènements sociopolitiques ont conduit à la «rectification de la
trajectoire» de la Transition après la démission du Président Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane le
24 mai 2021. Suite à la
constatation de la vacance de la présidence de la Transition par la Cour
constitutionnelle, le Colonel Assimi Goïta a été investi le 7 juin 2021 comme
Président de la Transition. Il confiera ensuite le poste de Premier ministre à Dr Choguel Kokalla Maïga qui a mis en place
son gouvernement le 11 juin 2021. Et depuis, de nombreuses actions ont été
réalisées notamment la tenue des Assises nationales de la refondation (ANR).
Plusieurs décisions ont été prises par les autorités et des actions réalisées.
Il y a d’abord la fin de la présence militaire française au Mali avec le départ
des derniers soldats français de l’opération Barkhane à Gao en août 2022, la
rupture des accords de défense avec la France, le renforcement de la coopération avec la Russie surtout sur le plan de
la défense et de la sécurité, la diversification du partenariat du Mali avec
des partenaires qualifiés de sincères comme la Turquie, la Chine, etc. Ces
partenariats sont marqués par
des acquisitions d’avions
militaires, de drones, d’hélicoptères de combat et de transport de troupes, des
blindés modernes qui ont transformé l’armée malienne, jadis décriée, en une
armée équipée et plus confiante.
Il y aussi la
tenue d’un référendum pour doter le Mali de la Constitution du
22 juillet 2023, le retrait du Mali du G5 Sahel, de la Cedeao et de l’Organisation internationale de la Francophonie
(OIF), l’adoption d’un nouveau Code minier, la relance de la Comatex et de
l’UMPP, la construction en
cours d’une raffinerie d’or, la
militarisation de la Police nationale et de la Protection civile. S’y ajoutent
le retrait de la Minusma, la création de l’Alliance des états du Sahel avec
pour objectif d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle entre le Mali, le
Burkina Faso et le Niger, puis de la Confédération des
états du Sahel, la fin de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du
processus d’Alger, l’appropriation nationale du processus de paix avec
l’organisation du Dialogue
inter-Maliens, la rédaction d’un
projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale.
On peut citer aussi, le lancement d’un nouveau passeport biométrique, la
dissolution des partis politiques, la création de l’École de guerre du Mali, l’adoption du nouveau Code pénal et le Code de
procédure pénale, la révision de la Charte de la Transition, la prolongation de
la Transition pour une durée de 5 ans renouvelable, la création de nouvelles
régions et la construction de nouveaux camps
militaires dans les nouvelles régions créées
(Bougouni, San, Kita, Koutiala, etc.) pour assurer le maillage sécuritaire du
territoire, la construction d’un hôpital militaire, la signature d’un pacte de
stabilité et de croissance, le prélèvement sur les recharges téléphoniques
et transferts mobile money pour alimenter le fonds de soutien aux projets
d’infrastructures de base et de développement, la tenue des sessions spéciales
de la Cour d’assises sur les affaires de corruption et de délinquance financière.
Ces derniers temps ont été marqués aussi par le limogeage du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et son remplacement par le Général de division Abdoulaye Maïga le 21 novembre 2024, le placement sous mandat de dépôt de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, la convocation de l’ancien chef du gouvernement Choguel Kokalla Maïga par le Pôle national économique et financier où il a été placé en garde à vue et l’arrestation d’un groupe de militaires et civils dont les Généraux Abass Dembélé et Néma Sagara pour tentative de déstabilisation des institutions de la République.
Dieudonné DIAMA
Plusieurs jours auparavant, l’information circulait avec insistance sous forme de rumeurs. En début de soirée du jeudi 14 août, le gouvernement a confirmé l’arrestation de plusieurs militaires et civils dont deux officiers généraux des Forces armées maliennes pour tentative de déstabilis.
Auditionné le vendredi 1er août dernier une première fois, l’ancien Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga avait, une fois de plus, été convoqué hier par la brigade du Pôle national économique et financier. Il y a, par la suite, été placé en garde à vue. L’information a été don.
Auditionné le vendredi 1er août dernier une première fois, l’ancien Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga avait, une fois de plus, été convoqué ce mardi par la brigade du Pôle national économique et financier. Il a, par la suite, été placé en garde à vue. L’information a été .
Dans le cadre du processus de paix dans notre pays, le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, le Général de corps d’armée Ismaël Wagué multiplie les initiatives..
Le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, le Général de corps d’armée Ismaël Wagué a conduit le dimanche 3 août dernier, une importante délégation à Gao dans le cadre de la cérémonie de clôture de la rencontre de coordination régionale des autorités .
À l’invitation de son homologue du Venezuela, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale est en visite d’amitié et de travail à Caracas depuis le 3 août dernier..