Infrastructures sportives : Comment rentabiliser les stades de l’Etat ?

Face à des recettes déficitaires, le ministère en charge de la Jeunesse et des Sports envisage de réviser les statuts des infrastructures sportives du Mali. Cela, dans l’optique de les rendre plus rentables d’autant plus que celles-ci, pour la plupart, viennent d’être rénovées à coût de milliards de Fcfa.

Publié jeudi 15 mai 2025 à 08:06
Infrastructures sportives : Comment rentabiliser les stades de l’Etat ?

Les textes modifiés devront ainsi permettre aux stades de générer plus de revenus en élargissant leur champ d’exploitation grâce à un nouveau mode de gestion adapté aux besoins du moment. Les réformes en vue au niveau du département de tutelle devront ainsi aboutir à la création de l’Office de gestion des infrastructures sportives (OGIS) pour s’occuper de la question

 

 Sur le continent, le Mali est l’un des pays, surtout dans la région ouest-africaine, le mieux dotés en infrastructures sportives. Rien que pour le football, notre pays dispose aujourd’hui de plus d’une dizaine de stades, sans compter le Palais des sports Salamatou Maïga et la salle Abdallah Mahamane Haïdara de Bamako pour le basket-ball en attendant la réalisation du Complexe multisport Mali-Aréna de 10.000 places à Koulikoro dont la pose de la première pierre a été effectuée en janvier 2025.

Des infrastructures multifonctionnelles qui accueillent des milliers de sportifs et plein d’autres usagers pour la pratique sportive et la tenue d’événements d’envergure. Récemment, à la suite de l’usure du temps et de la désuétude de ces infrastructures, l’état du Mali a ouvert un vaste chantier de rénovation qui concerne plusieurs stades à travers tout le pays à Bamako comme à l’intérieur du pays. Si la démarche vise, dans un premier temps, à satisfaire des exigences des instances internationales dirigeantes du sport, les autorités du pays entendent également, à travers ce gigantesque projet, répondre aux besoins des sportifs de haut niveau et de promouvoir le sport de masse dans le pays.

Pilotée par le ministère en charge des Sports, l’exécution de ces travaux de rénovation s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des engagements du Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta.  Ces travaux ont surtout concerné la rénovation des clôtures, des bâtiments principaux, des pelouses, des gradins, des terrains multifonctionnels des différents stades. En plus, de nouveaux bâtiments pour l’administration ont été construits dans d’autres stades. Ces bâtiments sont composés de plusieurs bureaux, des salles de réunion, des salons VIP, des billetteries et des salles techniques.

Aujourd’hui, il existe neuf stades rénovés au Mali. Sur ces neuf stades, cinq ont été déjà homologués par la Confédération africaine de football (Caf). «Avant la rénovation, ces stades ne correspondaient pas aux normes internationales requises par la CAF pour pouvoir abriter les compétitions internationales. à la suite des exigences de la CAF, les autorités du pays ont pris les dispositions nécessaires pour procéder à leur rénovation.

Auparavant, ces stades ne disposaient pas de places assises en plastique, c’étaient des gradins. Les chaises plastiques ont été installées pour répondre à l’une des exigences de la CAF.

En plus, les stades sont dotés de groupes électrogènes de très grande capacité pour assurer leur indépendance en électricité. Ils comprennent également des salons VIP et VVIP, la loge presse, la salle de presse, la connexion internet haut débit, ainsi que des espaces réservés à la prise d’images, à la VAR, aux personnes à mobilité réduite», explique Ousmane Kéïta, chef de division, chargé des infrastructures et équipements à la direction nationale des sports et de l’éducation physique (DNSEP). Selon notre interlocuteur, tous les stades «CAN», c’est-à-dire ceux construits pour abriter la CAN Mali 2002, sont de la catégorie «A».

Il s’agit notamment des stades du 26-Mars, Abdoulaye Macoro Sissoko de Kayes, Babemba Traoré de Sikasso, Amari Daou de Ségou et Baréma Bocoum de Mopti. En revanche, le stade Mamadou Konaté de Bamako est de la catégorie «B» tout comme le stade Salif Kéïta dit Domingo de Kati qui attend d’être homologué par la CAF. Quant au stade Ouezzin Coulibaly de Bamako, également rénové récemment, il est de la catégorie B. Après des travaux de rénovation, celui-ci est passé d’une capacité de 2.030 places à 3.087 places. Plus grande enceinte sportive malienne, le stade du 26-Mars est d’une capacité de 50.000 places, tandis que les autres stades «CAN» sont de 15.000 places.

Mythique enceinte du pays, le stade Modibo Kéïta, encore en chantier, a atteint un taux d’exécution de 46% dans ses travaux de rénovation, indique le chargé des infrastructures et équipements tout en assurant que les travaux avancent progressivement après avoir réellement démarré en fin novembre 2024. «L’une des fiertés de ces infrastructures est que les travaux sont réalisés par une entreprise malienne», souligne Ousmane Kéïta.

Réalisées à coût de milliards de Fcfa, ces infrastructures rapportent pourtant peu en terme de recettes, fait remarquer Ousmane Kéïta.

 «En général, les recettes ne sont rentables que lors des matches internationaux de l’équipe nationale masculine de football. Par contre, les recettes sont déficitaires lors des matches du championnat. Ainsi, c’est à travers généralement des activités culturelles ou artistiques notamment des concerts que les stades font gagner un peu d’argent… Au Palais des sports Salamatou Maïga aussi, les événements culturels rapportent beaucoup plus que les événements sportifs», précise le chef de division, chargé des infrastructures et équipements de la DNSEP.


 Ousmane Kéïta, chef de division, chargé des infrastructures et équipements à la DNSEP

Un état de fait dû en grande partie aux statuts de ces infrastructures qui limitent leur champ d’exploitation et leur capacité rentable pour pouvoir générer beaucoup plus de revenus, selon notre interlocuteur qui ajoute qu’au départ, la mission de ces infrastructures n’était pas la rentabilisation, mais plutôt l’accompagnement des fédérations sportives.

 

SEULEMENT 409.330 FCFA DE RECETTES- Selon une clé de répartition établie par un arrêté interministériel, 65% des recettes nettes générées par un match disputé dans un stade de l’état sont reversés au Trésor public contre 20% pour la direction dudit stade et 15% pour la fédération concernée. A titre illustratif, la rencontre Mali-Eswatini comptant pour la 6è et dernière journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations, Maroc 2025, disputée le 19 novembre 2024, n’a généré que 409.330 Fcfa comme recettes nettes.

Conformément à la clé de répartition, 266.065 Fcfa ont été reversés au Trésor public, 81.866 Fcfa à la direction du stade du 26-Mars et 61.400 Fcfa à la Fédération malienne de football.

Néanmoins, il convient de préciser que les recettes brutes de ce match s’élevaient à 23.494.000 Fcfa avant déduction des charges liées à l’organisation du match qui a finalement donné lieu à la somme de 409.330 Fcfa comme recettes nettes.

Face à la caducité des textes et l’urgence de la création de nouveaux mécanismes générateurs de revenus, le ministère en charge des Sports entend développer d’autres stratégies en commençant par la révision des textes régissant la gestion des infrastructures sportives. Cela, dans l’optique de les rendre plus rentables d’autant plus que celles-ci, pour la plupart, viennent d’être rénovées à coût de plusieurs milliards de Fcfa, à l’image du stade 26-Mars de Bamako qui a fait peau neuve pour un coût évalué à 7 milliards Fcfa. Les textes modifiés devront ainsi permettre aux stades de générer plus de revenus en élargissant leur champ d’exploitation grâce à un nouveau mode de gestion adapté aux besoins du moment.


«Avec la nouvelle vision, nous tendons à rentabiliser nos infrastructures. C’est la raison pour laquelle, on est en train de réviser les statuts. à la suite de cette révision, nous allons prendre des dispositions nécessaires pour leur rentabilisation. Les stades ne seront plus limités dans leur mission. Ils pourront désormais établir des contrats de concession avec des partenaires privés une fois les statuts révisés. C’est d’ailleurs l’une des recommandations des états généraux du sport qui viennent de se tenir», a dit Ousmane Kéïta.

De son côté, le ministre chargé de la Jeunesse et des Sports, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, s’est dit persuadé qu’il faut «introduire certains aspects importants dans ces textes pour permettre aux stades de pouvoir s’autofinancer et de ne pas solliciter le budget de l’état». Selon nos informations, les réformes en vue au niveau du département de tutelle devront également aboutir à la création de l’Office de gestion des infrastructures sportives (OGIS) pour s’occuper de la question.

En attendant la concrétisation de ce projet de rentabilisation, le ministère a lancé un appel à la vigilance autour de ces infrastructures qui, rappelle le département de tutelle, sont d’utilité publique et dont la réalisation a amené l’état à consentir d’énormes efforts financiers. «Donc, il est du devoir de tous de prendre soin de ces installations. Notre souci majeur est la préservation de ces infrastructures. On est en train de prendre des mesures allant dans ce sens. La porte reste ouverte aux citoyens pour la pratique sportive, mais il y a aussi des mesures à respecter», a terminé le chef de division, chargé des infrastructures et équipements à la DNSEP.

Alassane Cissouma

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