C’est le prix relativement bas de ces produits qui attire certains clients
«Il vaut mieux aller au boulanger qu’au médecin».
Explications : le médecin coûte plus cher que la nourriture. Cette maxime
reste brûlante actualité dans notre pays où les produits pharmaceutiques ne
sont pas forcément accessibles aux petites bourses, surtout dans un contexte de
crise sécuritaire, de conjoncture liée à la situation économique du pays.
Il
n’est guère souhaitable d’avoir à faire face à des prescriptions médicales, même
si l’Assurance maladie obligatoire (Amo) apporte un véritable bol d’air dans
certaines situations. Pour se soigner, le Malien moyen préfère souvent recourir
aux médicaments de la rue ou médicaments contrefaits.
Ce que d’autres appellent
ironiquement «pharmacie par terre». Il y a recours du fait d’une tension de trésorerie
et cette automédication a fini par s’installer chez lui comme une habitude.
Ces
médicaments qui, très souvent, ne contiennent généralement aucun principe
actif, ne répondent à aucune norme de fabrication ou de conservation produisent
un effet placebo (c’est-à-dire que les patients qui consomment ces produits
sans substance active pensent qu’ils sont très actifs et très efficaces contre
leur mal).
Pourtant, on ne le dira jamais assez, ces médicaments
de la rue peuvent se révéler toxiques pour l’organisme humain et provoquer soit
une insuffisance rénale (une redoutable maladie qui oblige à recourir à la
dialyse), soit une insuffisance hépatique.
Dans l’un ou l’autre cas, ces
pathologies sont graves. Il y a d’autres conséquences liées à la consommation
des médicaments de la rue. Tous les spécialistes (professionnels du médicament,
c’est-à-dire les pharmaciens, les médecins, les laborantins de fabrique de médicaments)
s’accordent sur les risques encourus dans la consommation des médicaments,
provenant de la pharmacie par terre.
Nonobstant une implacable lutte contre le phénomène,
le marché d’approvisionnement en médicaments contrefaits ou médicaments de la
rue prospère. Le marché «Dabanani» à Bozola est une importante source
d’approvisionnement. Le 23 août dernier dans ce marché, notre équipe a distingué
deux catégories de vendeurs de médicaments illicites, notamment des grossistes
qui vendent dans des boutiques et des détaillants qui exposent sur des étals.
L’endroit grouille de monde. Des conducteurs
de tricycles déchargent des cartons de médicaments pour les stocker dans les
magasins. Awa Doumbia, une cliente, est à la recherche de l’aspirine estampillée :
«Mali aspirine» qu’elle juge hyper efficace contre le rhume et les maux de tête.
Elle est aussi consciente des risques encourus par la consommation de médicaments
contrefaits. Une autre cliente accepte de verser son avis dans le débat, tout
en gardant l’anonymat. Elle justifie le recours à la pharmacie par terre par la
précarité, voire la pauvreté. Un médicament de la rue coûte moins cher. Elle
compare un médicament de la rue contre le paludisme qu’elle désigne sous le générique
de «sosoni». Elle paie à 150 Fcfa ce
produit qui serait aussi disponible dans les officines pharmaceutiques de la
place à 750 Fcfa et trouve la marge assez considérable.
Dans ce marché, la plupart des distributeurs de médicaments nous ont signifié leur peu de goût pour la communication. Certains ont éconduit notre équipe de reportage avec une rare violence verbale. Mais l’un d’entre eux a accepté de témoigner sous couvert d’anonymat. Cet imposant individu assis sur un tabouret reconnaît que les médicaments par terre sont dangereux et déconseillés par les blouses blanches (les médecins). Le trentenaire dit vivre de cette activité, même si pour lui les clients ne se bousculent plus à ses portillons ces derniers temps.
DES VARIÉTÉS PAS DISPONIBLES DANS LES
PHARMACIES- À quelques mètres, un jeune diplômé officie dans le même domaine.
Il explique avoir été poussé dans la vente de médicaments par nécessité de
survivre au moins. «Il y a beaucoup de jeunes qui évoluent dans ce business»,
laisse-t-il entendre, avant de préciser que leurs marchandises proviennent
notamment de la Guinée, du Nigeria et du Burkina Faso.
Le jeune diplômé en
comptabilité déclare que la brigade des stupéfiants effectue souvent des
irruptions brusques pour procéder des saisies de stocks. Il estime que cette
situation peut pénaliser nos compatriotes qui consomment ces médicaments.
D’ailleurs, il y a des variétés qu’on ne trouve pas au niveau des officines
pharmaceutiques. Mêmes certains malades, munis de leurs ordonnances viennent
payer les médicaments de la rue. Il explique naïvement, mais surtout par
ignorance que ces produits ne représentent aucun danger pour l’organisme
humain.
Selon Dramane Traoré, pharmacien dans une
officine à Bozola, la pharmacie par terre ne réunit pas les meilleures
conditions de stockage. Tout le monde sait que le médicament relève de la
science du pharmacien, donc ce pharmacien explique simplement que certains
produits doivent être conservés à l’abri du soleil et de la chaleur.
Il
rappelle que la pharmacie par terre représente un grave danger pour les
consommateurs du fait que ceux qui vendent ces produits n’en savent rien. Ils
sont mus par un esprit mercantiliste. Il cite l’exemple de sa grand-mère qui a été
intoxiquée par des médicaments de la rue et sauvée par une prise en charge
rapide.
Une
jeune dame raconte le cas de sa mamie
atteinte de problèmes gastriques. Au lieu de recourir à des médecins dans un
centre de santé, elle a préféré prendre des médicaments par terre et s’est évanouie.
Elle a ensuite été transportée à l’hôpital pour une prise en charge au cours de
laquelle une maladie plus redoutable a été diagnostiquée.
À en croire notre
interlocutrice, sa grand-mère en est décédée. En tout cas, elle incrimine la
pharmacie par terre. Dr Souleymane Keïta du Centre de santé communautaire de
Bozola révèle que l’utilisation des médicaments de la rue peut avoir de graves
conséquences, notamment sur les reins et le foie. Et de dire aussi que la prise
de ces médicaments peut perturber le diagnostic. Le praticien souligne la nécessité
et l’urgence d’interdire la vente de ces médicaments et pointe du doigt des
pharmaciens qui vont s’approvisionner à partir des médicaments de la rue.
Assitan KIMBIRY
Rédaction Lessor
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