Médicaments de la rue : Un véritable danger

Certains prétextent la précarité, voire la pauvreté pour recourir à la «pharmacie par terre». Malheureusement ces produits peuvent avoir de graves conséquences sur les reins et le foie, selon les spécialistes

Publié lundi 05 septembre 2022 à 05:22
Médicaments de la rue : Un véritable danger

C’est le prix relativement bas de ces produits qui attire certains clients

 

«Il vaut mieux aller au boulanger qu’au médecin». Explications : le médecin coûte plus cher que la nourriture. Cette maxime reste brûlante actualité dans notre pays où les produits pharmaceutiques ne sont pas forcément accessibles aux petites bourses, surtout dans un contexte de crise sécuritaire, de conjoncture liée à la situation économique du pays.

 Il n’est guère souhaitable d’avoir à faire face à des prescriptions médicales, même si l’Assurance maladie obligatoire (Amo) apporte un véritable bol d’air dans certaines situations. Pour se soigner, le Malien moyen préfère souvent recourir aux médicaments de la rue ou médicaments contrefaits.


Ce que d’autres appellent ironiquement «pharmacie par terre». Il y a recours du fait d’une tension de trésorerie et cette automédication a fini par s’installer chez lui comme une habitude.


Ces médicaments qui, très souvent, ne contiennent généralement aucun principe actif, ne répondent à aucune norme de fabrication ou de conservation produisent un effet placebo (c’est-à-dire que les patients qui consomment ces produits sans substance active pensent qu’ils sont très actifs et très efficaces contre leur mal).

Pourtant, on ne le dira jamais assez, ces médicaments de la rue peuvent se révéler toxiques pour l’organisme humain et provoquer soit une insuffisance rénale (une redoutable maladie qui oblige à recourir à la dialyse), soit une insuffisance hépatique.


Dans l’un ou l’autre cas, ces pathologies sont graves. Il y a d’autres conséquences liées à la consommation des médicaments de la rue. Tous les spécialistes (professionnels du médicament, c’est-à-dire les pharmaciens, les médecins, les laborantins de fabrique de médicaments) s’accordent sur les risques encourus dans la consommation des médicaments, provenant de la pharmacie par terre.

Nonobstant une implacable lutte contre le phénomène, le marché d’approvisionnement en médicaments contrefaits ou médicaments de la rue prospère. Le marché «Dabanani» à Bozola est une importante source d’approvisionnement. Le 23 août dernier dans ce marché, notre équipe a distingué deux catégories de vendeurs de médicaments illicites, notamment des grossistes qui vendent dans des boutiques et des détaillants qui exposent sur des étals.

 L’endroit grouille de monde. Des conducteurs de tricycles déchargent des cartons de médicaments pour les stocker dans les magasins. Awa Doumbia, une cliente, est à la recherche de l’aspirine estampillée : «Mali aspirine» qu’elle juge hyper efficace contre le rhume et les maux de tête.

Elle est aussi consciente des risques encourus par la consommation de médicaments contrefaits. Une autre cliente accepte de verser son avis dans le débat, tout en gardant l’anonymat. Elle justifie le recours à la pharmacie par terre par la précarité, voire la pauvreté. Un médicament de la rue coûte moins cher. Elle compare un médicament de la rue contre le paludisme qu’elle désigne sous le générique de  «sosoni». Elle paie à 150 Fcfa ce produit qui serait aussi disponible dans les officines pharmaceutiques de la place à 750 Fcfa et trouve la marge assez considérable.


Dans ce marché, la plupart des distributeurs de médicaments nous ont signifié leur peu de goût pour la communication. Certains ont éconduit notre équipe de reportage avec une rare violence verbale. Mais l’un d’entre eux a accepté de témoigner sous couvert d’anonymat. Cet imposant individu assis sur un tabouret reconnaît que les médicaments par terre sont dangereux et déconseillés par les blouses blanches (les médecins). Le trentenaire dit vivre de cette activité, même si pour lui les clients ne se bousculent plus à ses portillons ces derniers temps.

 

DES VARIÉTÉS PAS DISPONIBLES DANS LES PHARMACIES- À quelques mètres, un jeune diplômé officie dans le même domaine. Il explique avoir été poussé dans la vente de médicaments par nécessité de survivre au moins. «Il y a beaucoup de jeunes qui évoluent dans ce business», laisse-t-il entendre, avant de préciser que leurs marchandises proviennent notamment de la Guinée, du Nigeria et du Burkina Faso.


Le jeune diplômé en comptabilité déclare que la brigade des stupéfiants effectue souvent des irruptions brusques pour procéder des saisies de stocks. Il estime que cette situation peut pénaliser nos compatriotes qui consomment ces médicaments. D’ailleurs, il y a des variétés qu’on ne trouve pas au niveau des officines pharmaceutiques. Mêmes certains malades, munis de leurs ordonnances viennent payer les médicaments de la rue. Il explique naïvement, mais surtout par ignorance que ces produits ne représentent aucun danger pour l’organisme humain.

Selon Dramane Traoré, pharmacien dans une officine à Bozola, la pharmacie par terre ne réunit pas les meilleures conditions de stockage. Tout le monde sait que le médicament relève de la science du pharmacien, donc ce pharmacien explique simplement que certains produits doivent être conservés à l’abri du soleil et de la chaleur.


Il rappelle que la pharmacie par terre représente un grave danger pour les consommateurs du fait que ceux qui vendent ces produits n’en savent rien. Ils sont mus par un esprit mercantiliste. Il cite l’exemple de sa grand-mère qui a été intoxiquée par des médicaments de la rue et sauvée par une prise en charge rapide.

 Une jeune dame raconte  le cas de sa mamie atteinte de problèmes gastriques. Au lieu de recourir à des médecins dans un centre de santé, elle a préféré prendre des médicaments par terre et s’est évanouie. Elle a ensuite été transportée à l’hôpital pour une prise en charge au cours de laquelle une maladie plus redoutable a été diagnostiquée.


À en croire notre interlocutrice, sa grand-mère en est décédée. En tout cas, elle incrimine la pharmacie par terre. Dr Souleymane Keïta du Centre de santé communautaire de Bozola révèle que l’utilisation des médicaments de la rue peut avoir de graves conséquences, notamment sur les reins et le foie. Et de dire aussi que la prise de ces médicaments peut perturber le diagnostic. Le praticien souligne la nécessité et l’urgence d’interdire la vente de ces médicaments et pointe du doigt des pharmaciens qui vont s’approvisionner à partir des médicaments de la rue.

Assitan KIMBIRY

Rédaction Lessor

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