Dr Sogoba Jacqueline Konaté : La première docteur en informatique au Mali

Lundi dernier, vers 8 heures, une ambiance calme régnait au bloc A de la Faculté des sciences et des techniques (FST). Dans une salle, des étudiants en Licence suivaient des cours de génie logiciel.

Publié lundi 13 février 2023 à 06:19
Dr Sogoba Jacqueline Konaté : La première docteur en informatique au Mali

En face d’eux, une enseignante de taille moyenne, aux cheveux frisés, explique avec habileté la leçon. Elle se nomme Dr Sogoba Jacqueline Konaté, première femme titulaire d’un doctorat en informatique décroché en 2009 à l’Université de Toulouse III, en France.

La lauréate de la bourse d’excellence initiée par l’ancien président de la République Alpha Oumar Konaré explique qu’elle a été attirée en 2001 par le métier de concepteur en architecture de machines et systèmes informatiques.


«Quand j’ai eu la bourse, j’ai vu la description de ce métier sur une fiche qu’on nous avait donnée et ça m’a plu. À l’époque, je n’avais pas une grande connaissance de l’informatique», se souvient-elle. Arrivée en février 2012 à la FST, elle y enseigne notamment la théorie des automates, la conception et l’administration de bases de données, l’algorithmique et la programmation, le génie logiciel, l’architecture des ordinateurs et l’Intelligence artificielle.


La native de Bamako est spécialisée en systèmes d’information, une branche qui s’occupe du développement des applications pour les organisations afin de supporter leurs tâches quotidiennes. L’enseignante chercheure est à l’origine d’un système électronique d’information qui a apporté un grand ouf de soulagement à plusieurs universités de Bamako. Ce système permet de gérer les inscriptions, les notes, les résultats et les réclamations des étudiants.

«On a développé une application mobile grâce à laquelle les élèves de la FST ont accès à leurs notes. On n’affiche plus les notes sur les tableaux d’affichage», explique-t-elle. Et d’ajouter que ce système électronique a facilité l’accès à la carte d’étudiant, tout en luttant contre les faux diplômes au niveau de la FST.

Dr Sogoba Jacqueline Konaté est revenue au Mali après avoir vécu 10 ans en France. «J’ai décidé de rentrer pour apporter ma pierre à la construction du pays», justifie cette mère de trois enfants dont deux filles. Pour elle, l’informatique est une science très passionnante à laquelle la population surtout les femmes doivent s’intéresser.


À 40 ans, celle qui a occupé le poste de cheffe de cabinet au ministère de la Communication, de la Poste et des Nouvelles technologies, a engrangé plusieurs distinctions dont le Prix de la femme ingénieur du Next Einstein Forum (NEF), le Prix de l’enseignant de l’année à la FST et le Prix d’excellence pour les filles en sciences de la Fondation Pathfinder. Dr Sogoba Jacqueline Konaté a également occupé le poste de chef du service des technologies de l’information et de la communication (Tic) à la Primature.

Auteur de plusieurs articles scientifiques, elle a été consultante pour des organisations tels que l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). La chercheure a également contribué à la mise en place du Guichet unique électronique du commerce extérieur et la numérisation de la procédure du permis de construire au Mali.

Dr Coulibaly Kadidiatou Djibo, docteur en informatique génie logiciel et intelligence artificielle, loue la générosité et le dévouement de celle qui lui a permis d’être elle-aussi docteur. «C’est grâce à Dr Sogoba Jacqueline Konaté que les meilleures étudiantes détentrices de la licence dont je fais partie, ont bénéficié de bourses d’études pour obtenir le Master. Elle est mon idole et ma source d’inspiration.

Elle nous donne l’engouement du métier», témoigne l’informaticienne. Diplômé en génie logicielle, Ouattara Mahamadou Klédjo, se dit fier de son professeur dont les actions à la FST, assure-t-il, sont immenses. Dr Sogoba Jacqueline Konaté parle le français, l’anglais, le bomou (bobo) et le bamanakan. Elle est engagée dans les activités politiques et associatives.

Mohamed DIAWARA

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