Grandes vacances : Le temps des vaches maigres pour les enseignants des écoles privées

Certains de ces pédagogues, faute de percevoir des salaires pendant cette période, se reconvertissent en conducteurs de moto taxi, chauffeurs de circonstance, voire cultivateurs et autres. Ceux d’entre eux qui ne savent pas faire grand-chose de leurs dix doigts tendent la sébile

Publié mercredi 27 septembre 2023 à 05:01
Grandes vacances : Le temps des vaches maigres pour les enseignants des écoles privées

Pour certains enseignants des écoles privées, les trois mois des grandes vacances représentent un réel casse-tête parce que pendant cette période ils ne perçoivent pas de salaires. Ces pédagogues se reconvertissent en cultivateurs, conducteurs de moto taxi, chauffeurs et autres. Et ceux qui ne savent rien faire de leurs dix doigts sont souvent contraints de tendre la sébile.

Ces enseignants des établissements privés ne cachent pas leur amertume de vivre des difficultés. Ils ont des récriminations contre les habitudes prises par leurs employeurs qui  n’arrivent pas à s’organiser pour leur payer les trois mois de vacances. Il suffit d’échanger avec eux pour comprendre leur désarroi.


N’Faba Diawara, enseignant généraliste, s’est reconverti au métier de conducteur de moto taxi pour joindre les deux bouts pendant les vacances qui semblent une éternité pour lui. Celui qui dispense des cours dans un établissement d’enseignement privé, depuis 2013, explique que la situation est psychologiquement intenable.


«On traverse une période financièrement difficile. Il faut s’endetter pour certains ou battre le rappel des parents pour d’autres en vue de subvenir à certains besoins vitaux», confie l’enseignant, avant de pointer du doigt la mauvaise foi des promoteurs d’école privée. Ce père de trois enfants attend impatiemment une amélioration dans le traitement des enseignants des écoles privées.


Il invite les autorités scolaires à imposer un cahier de charges à ces établissements concernés, afin de soulager les «pauvres enseignants» qui y officient. Il estime que les moins de 100.000 Fcfa qu’il gagne par mois durant l’année scolaire ne suffisent même pas à faire face aux charges familiales et si l’on ajoute les trois mois des vacances, cela devient encore plus difficile.

Abdramane Samaké enseigne en classe de 5è année dans une école fondamentale privée à Daoudabougou en Commune VI du District de Bamako. Joint au téléphone, il explique comment il se débrouille pendant les vacances. Il retourne au village pour se consacrer à la riziculture et à l’élevage. «Je ne perçois pas de salaire pendant les vacances.

Grâce à mes économies, je paie la location de ma maison pendant cette période et essaie de faire face à certaines dépenses liées aux activités agricoles et à l’élevage», explique-t-il. Selon lui, le pire est qu’il n’est pas inscrit à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) pour éventuellement prétendre à la retraite un jour.


Le quadragénaire en appelle à l’implication du gouvernement pour imposer aux écoles privées un bon traitement pendant toute l’année, à défaut de pouvoir les aligner sur leurs collègues du secteur public. «Nos salaires oscillent entre 40.000 à 65.000 Fcfa», précise celui qui enseigne depuis 2000. Il pense que les enseignants des écoles privées n’observent pas les grandes vacances. Il explique même que c’est une période de chômage.

 

CONVENTION COLLECTIVE- Une enseignante d’une école privée à Niamana (arrondissement de Kalaban Coro), qui a requis l’anonymat, accepte de verser son avis dans le débat. «Nous demandons aux autorités de faire en sorte que les promoteurs nous donnent au moins la moitié de nos salaires pendant les vacances», dit-elle, avant de préciser que dans son établissement les salaires des enseignants varient entre 50.000 et 80.000 Fcfa. Pour elle, la situation oblige certains de ses collègues à faire les apprenti-maçons, chauffeurs, conducteurs de moto taxi, etc.

Le secrétaire général du Syndicat national des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales (SYNEFCT), Ousmane Almoudou Touré, indique que le département, qui est à l’initiative de la loi relative aux écoles privées, a été guidé par le souci de bon fonctionnement sur le plan pédagogique et académique. Et d’affirmer qu’il n’a pas été trop regardant sur la rémunération du personnel qui officie dans les établissements d’enseignement privés. «Si la loi avait été plus contraignante par rapport à la prise en charge des enseignants, on n’en serait pas là», tranche le syndicaliste.

Selon lui, la nécessité s’impose de corriger cette situation pour être en conformité avec le Code du travail, mais aussi permettre de payer régulièrement ces enseignants sur toute l’année et les inscrire à l’INPS afin qu’ils soient aussi couverts par un régime de sécurité sociale. Le secrétaire général du SYNEFCT invite les autorités à prendre des mesures rigoureuses comme exiger des écoles privées de payer des salaires aux enseignants pendant toute l’année. Les établissements qui ne respecteraient pas ce cahier de charges devraient être sanctionnés. Au-delà de vivre une situation de précarité, ils sont souvent victimes de licenciements abusifs quand ils revendiquent leurs droits. 

Ousmane Almoudou Touré soutient que le travailleur qui n’est pas dans de bonnes conditions de travail ne peut pas donner un bon résultat quel que soit le secteur (public ou privé). Il faut que l’État joue un rôle fondamental surtout dans la prise en charge des enseignants. Il insiste sur le fait que celui-ci ne doit pas laisser les écoles privées évoluer librement comme elles l’entendent. «C’est pourquoi, pendant la conférence sociale, nous avons défendu l’idée d’avoir aujourd’hui une convention collective pour les enseignants des écoles privées comme dans les pays voisins», martèle le militant du SYNEFCT.

Les promoteurs des écoles privées que nous avons contactés ont simplement refusé d’opiner sur la question. Le directeur national de l’enseignement secondaire général et son collègue de l’enseignement fondamental nous ont signifié aussi leur peu de goût pour la communication. Qu’est-ce qui explique alors leur appréhension à aborder une préoccupation réelle des enseignants pour le bien de l’école malienne ?

Le phénomène existe-il dans les universités ? Pas sûr. Mais certains enseignants indiquent souffrir d’une situation semblable. C’est le cas de Djibril Bah, enseignant vacataire au département lettres de la Faculté des lettres et des sciences du langage (FLSL). Pendant les vacances, il dispense des cours de renforcement dans les centres de formation pour pouvoir s’en sortir. «Avec l’arrêt des cours, je n’ai pas de rentabilités mensuelles.


Ce manque à gagner fait que les activités liées à mon projet de formation doctorale connaissent un ralentissement», révèle-t-il, avant d’indiquer que sur le plan social, c’est un danger. «Je ne suis pas payé parce qu’il n’existe pas de contrat entre les universités et nous. Je suis payé en fonction des heures exécutées», précise le jeune vacataire. Et de lancer un appel aux autorités à veiller au respect strict des textes en vigueur dans le domaine de l’éducation.

Parlant de son passage comme professeur de lettres au lycée, celui qui est aussi doctorant en littérature française à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar accuse les promoteurs de lycée de mauvaise foi. Ceux-ci, selon lui, refusent le paiement des salaires des enseignants, en plus de l’absence de rétributions pendant les vacances.

Aujourd’hui, nous gardons espoir de voir les états généraux de l’éducation annoncés par le président de la Transition combler les attentes à ce niveau. Vivement donc la solution au problème!

Aminata SOUMAH

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