
Pour certains enseignants des écoles privées,
les trois mois des grandes vacances représentent un réel casse-tête parce que
pendant cette période ils ne perçoivent pas de salaires. Ces pédagogues se
reconvertissent en cultivateurs, conducteurs de moto taxi, chauffeurs et
autres. Et ceux qui ne savent rien faire de leurs dix doigts sont souvent
contraints de tendre la sébile.
Ces enseignants des établissements privés ne
cachent pas leur amertume de vivre des difficultés. Ils ont des récriminations
contre les habitudes prises par leurs employeurs qui n’arrivent pas à s’organiser pour leur payer
les trois mois de vacances. Il suffit d’échanger avec eux pour comprendre leur
désarroi.
N’Faba Diawara, enseignant généraliste, s’est
reconverti au métier de conducteur de moto taxi pour joindre les deux bouts
pendant les vacances qui semblent une éternité pour lui. Celui qui dispense des
cours dans un établissement d’enseignement privé, depuis 2013, explique que la
situation est psychologiquement intenable.
«On traverse une période financièrement
difficile. Il faut s’endetter pour certains ou battre le rappel des parents
pour d’autres en vue de subvenir à certains besoins vitaux», confie
l’enseignant, avant de pointer du doigt la mauvaise foi des promoteurs d’école
privée. Ce père de trois enfants attend impatiemment une amélioration dans le
traitement des enseignants des écoles privées.
Il invite les autorités
scolaires à imposer un cahier de charges à ces établissements concernés, afin
de soulager les «pauvres enseignants» qui y officient. Il estime que les moins
de 100.000 Fcfa qu’il gagne par mois durant l’année scolaire ne suffisent même
pas à faire face aux charges familiales et si l’on ajoute les trois mois des
vacances, cela devient encore plus difficile.
Abdramane Samaké enseigne en classe de 5è année
dans une école fondamentale privée à Daoudabougou en Commune VI du District de
Bamako. Joint au téléphone, il explique comment il se débrouille pendant les
vacances. Il retourne au village pour se consacrer à la riziculture et à l’élevage.
«Je ne perçois pas de salaire pendant les vacances.
Grâce à mes économies, je
paie la location de ma maison pendant cette période et essaie de faire face à
certaines dépenses liées aux activités agricoles et à l’élevage»,
explique-t-il. Selon lui, le pire est qu’il n’est pas inscrit à l’Institut
national de prévoyance sociale (INPS) pour éventuellement prétendre à la
retraite un jour.
Le quadragénaire en appelle à l’implication du gouvernement pour imposer aux écoles privées un bon traitement pendant toute l’année, à défaut de pouvoir les aligner sur leurs collègues du secteur public. «Nos salaires oscillent entre 40.000 à 65.000 Fcfa», précise celui qui enseigne depuis 2000. Il pense que les enseignants des écoles privées n’observent pas les grandes vacances. Il explique même que c’est une période de chômage.
CONVENTION COLLECTIVE- Une enseignante d’une école
privée à Niamana (arrondissement de Kalaban Coro), qui a requis l’anonymat,
accepte de verser son avis dans le débat. «Nous demandons aux autorités de
faire en sorte que les promoteurs nous donnent au moins la moitié de nos
salaires pendant les vacances», dit-elle, avant de préciser que dans son établissement
les salaires des enseignants varient entre 50.000 et 80.000 Fcfa. Pour elle, la
situation oblige certains de ses collègues à faire les apprenti-maçons,
chauffeurs, conducteurs de moto taxi, etc.
Le secrétaire général du Syndicat national des
enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales (SYNEFCT), Ousmane
Almoudou Touré, indique que le département, qui est à l’initiative de la loi
relative aux écoles privées, a été guidé par le souci de bon fonctionnement sur
le plan pédagogique et académique. Et d’affirmer qu’il n’a pas été trop regardant
sur la rémunération du personnel qui officie dans les établissements
d’enseignement privés. «Si la loi avait été plus contraignante par rapport à la
prise en charge des enseignants, on n’en serait pas là», tranche le
syndicaliste.
Selon lui, la nécessité s’impose de corriger
cette situation pour être en conformité avec le Code du travail, mais aussi
permettre de payer régulièrement ces enseignants sur toute l’année et les
inscrire à l’INPS afin qu’ils soient aussi couverts par un régime de sécurité sociale.
Le secrétaire général du SYNEFCT invite les autorités à prendre des mesures
rigoureuses comme exiger des écoles privées de payer des salaires aux
enseignants pendant toute l’année. Les établissements qui ne respecteraient pas
ce cahier de charges devraient être sanctionnés. Au-delà de vivre une situation
de précarité, ils sont souvent victimes de licenciements abusifs quand ils
revendiquent leurs droits.
Ousmane Almoudou Touré soutient que le
travailleur qui n’est pas dans de bonnes conditions de travail ne peut pas
donner un bon résultat quel que soit le secteur (public ou privé). Il faut que
l’État joue un rôle fondamental surtout dans la prise en charge des
enseignants. Il insiste sur le fait que celui-ci ne doit pas laisser les écoles
privées évoluer librement comme elles l’entendent. «C’est pourquoi, pendant la
conférence sociale, nous avons défendu l’idée d’avoir aujourd’hui une
convention collective pour les enseignants des écoles privées comme dans les
pays voisins», martèle le militant du SYNEFCT.
Les promoteurs des écoles privées que nous
avons contactés ont simplement refusé d’opiner sur la question. Le
directeur national de l’enseignement secondaire général et son collègue de
l’enseignement fondamental nous ont signifié aussi leur peu de goût pour la
communication. Qu’est-ce qui explique alors leur appréhension à aborder une préoccupation
réelle des enseignants pour le bien de l’école malienne ?
Le phénomène existe-il dans les universités ?
Pas sûr. Mais certains enseignants indiquent souffrir d’une situation
semblable. C’est le cas de Djibril Bah, enseignant vacataire au département
lettres de la Faculté des lettres et des sciences du langage (FLSL). Pendant
les vacances, il dispense des cours de renforcement dans les centres de
formation pour pouvoir s’en sortir. «Avec l’arrêt des cours, je n’ai pas de
rentabilités mensuelles.
Ce manque à gagner fait que les activités liées à mon
projet de formation doctorale connaissent un ralentissement», révèle-t-il,
avant d’indiquer que sur le plan social, c’est un danger. «Je ne suis pas payé
parce qu’il n’existe pas de contrat entre les universités et nous. Je suis payé
en fonction des heures exécutées», précise le jeune vacataire. Et de lancer un
appel aux autorités à veiller au respect strict des textes en vigueur dans le
domaine de l’éducation.
Parlant de son passage comme professeur de
lettres au lycée, celui qui est aussi doctorant en littérature française à
l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar accuse les promoteurs de lycée de
mauvaise foi. Ceux-ci, selon lui, refusent le paiement des salaires des
enseignants, en plus de l’absence de rétributions pendant les vacances.
Aujourd’hui, nous gardons espoir de voir les états généraux de l’éducation annoncés par le président de la Transition combler les attentes à ce niveau. Vivement donc la solution au problème!
Aminata SOUMAH
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