Journée internationale des femmes et des filles de science : Ces amazones qui s’imposent

Malgré les nombreux défis socio-culturels, certaines d’entre elles font des exploits en matière de recherches scientifiques dans leurs domaines respectifs

Publié lundi 13 février 2023 à 06:21
Journée internationale des femmes et des filles de science : Ces amazones qui s’imposent

Mme Boré Bintou Traoré, analyste en biologie moléculaire, dans un laboratoire au Point G

 

La communauté internationale a célèbré samedi dernier, la Journée internationale des femmes et des filles de science. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), les femmes représentent 30% des chercheurs dans le monde.

La même organisation indique qu’en 2017, le taux de participation des femmes maliennes à la recherche en Afrique était de 15,1%. Parmi les Maliennes qui participent à la recherche scientifique sur le continent, figure Mme Boré Bintou Traoré, une analyste en biologie moléculaire.

Elle mène des activités de recherche à l’Unité d’épidémiologie moléculaire de la résistance des antirétroviraux au VIH à la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie.

Depuis plusieurs années, Mme Boré Bintou Traoré et ses collègues mènent des recherches sur la quantité du virus dans le sang d’une personne. Des activités qui leur ont permis de participer à des protocoles de recherches sur le VIH et la Covid-19, notamment ceux en échec sous traitements de 2è ligne d’antirétroviraux à Bamako et BamaCov, un protocole de recherche sur le coronavirus. La biologiste de 26 ans a également pris part à la mise en place d’une base de données unique entre les ONG évoluant dans ce domaine et l’État qui permettent la surveillance et le trackage (suivi, ndlr) des personnes vivant avec le VIH (PVIH). Selon elle, son amour pour la science date de son enfance.

«J’étais curieuse de connaître et comprendre les maladies et d’apporter ma petite contribution dans ce domaine», confie-t-elle. Cette contribution est aujourd’hui manifeste. Mme Boré Bintou Traoré, avec ses 5 ans d’expérience, anime des ateliers de sensibilisation sur la prévention des maladies et comment en sortir indemnes. Elle participe également aux séminaires de renforcement de capacités sur les méthodes d’analyses au laboratoire et sur l’utilisation des nouveaux appareils.

 

Défis socio-culturels- Selon elle, les femmes doivent relever les défis d’ordre socio-culturel pour pouvoir réussir dans leur carrière professionnelle surtout scientifique. «Une de mes amies a été contrainte d’abandonner son travail de laborantine parce que son fiancé lui a dit qu’il ne pouvait pas épouser une femme qui travaille constamment sur les microbes.

Face à cette décision, elle a été obligée de choisir le mariage qui était aussi le choix des parents», témoigne l’assistante laboratoire à l’ONG Family health international 360 (FHI360). Ajoutant que la marginalisation des femmes dans l’occupation des postes de responsabilité est également un obstacle à leur épanouissement professionnel. L’analyste en biologie moléculaire exhorte les femmes à avoir confiance en elles, croire en leurs rêves et ne pas laisser les autres les piétiner.

Dr Traoré Merepen dite Agnès Guindo est docteur en pharmacie et enseignante chercheure à la Faculté de pharmacie. «Depuis toute petite, raconte cette fille d’infirmier d’État, j’appréciais la façon dont mon père s’occupait de ses patients. À partir de la 3è année à la Faculté de la pharmacie, j’ai eu l’occasion de faire un stage dans un laboratoire au Centre de recherche et de formation contre le paludisme (MRTC). Ce qui m’a donné plus d’envie d’aller vers la recherche». Après l’obtention de son doctorat en 2006, Dr Traoré Merepen dite Agnès Guindo, 40 ans, a participé à plusieurs essais cliniques, notamment sur le vaccin contre le paludisme.

À partir de 2007, elle dirigera ce laboratoire clinique du MRTC qui deviendra en 2010, le premier laboratoire accrédité en Afrique de l’Ouest par le Collège of American Pathologist. C’est ce labo, précise-t-elle, qui supporte pratiquement tous les essais cliniques du MRTC que cela soit le vaccin ou les essais cliniques de médicaments. Selon elle, le fait d’être une dame a plutôt été un avantage pour elle. Dr Traoré Merepen dite Agnès Guindo explique que la vie de couple notamment la gestion d’une grande famille, peut être un obstacle pour la femme de réaliser ses objectifs.

 

Les amazones- «J’ai eu la chance d’avoir un mari qui est presque du domaine et qui connaît mes activités», se réjouit cette mère d’un enfant. Indiquant que le MRTC compte beaucoup de femmes qui ont avancé dans la recherche. Le regretté Pr Ogobara Doumbo les surnommait les amazones, témoigne-t-elle. Et d’ajouter qu’il tenait à la participation de la gent féminine à la recherche.


La quadragénaire se félicite de la disponibilité des offres de bourses d’études et des financements de projets qui encouragent les candidatures féminines. Une situation, souligne-t-elle, qui assure aux femmes un bel avenir dans le domaine de la recherche scientifique. «Les femmes peuvent faire tout ce que les hommes font. Elles doivent seulement avoir la vocation», lance celle qui doit soutenir son PhD (doctorat) en immuno-parasitologie cette année. Étudiante à l’École nationale d’ingénieurs Abderhamane Baba Touré (ENI-ABT) de Bamako, Marie Chantal Diawara, 23 ans, apprend le Management des systèmes d’information (MSI).


Cette branche de l’informatique s’intéresse à l’analyse des données afin d’assurer leur sécurité et la prise de décision des entrepreneurs concernant leur productivité, explique-t-elle. L’étudiante se dit passionnée des Technologies de l’information et de la communication (Tic. Elle regrette que les femmes qui ont opté pour les disciplines scientifiques subissent beaucoup de pressions à travers des préjugés comme «la science n’est pas faite pour les femmes».


Marie Chantal Diawara révèle que dans le domaine informatique, le premier programme informatique a été développé par une femme du nom d’Ada Lovelace. Un autre défi à relever, poursuit la jeune informaticienne, est la dissuasion des filles à faire de longues études. Sous prétexte, dit-elle, qu’elles doivent se marier le plus tôt possible.  Notre interlocutrice encourage ses camarades filles à choisir les études scientifiques qui offrent beaucoup d’opportunités en termes de spécialités et d’accès facile à un emploi.

Mohamed DIAWARA

Lire aussi : Tombouctou : Les communautés pleurent la perte de l'imam de la grande mosquée de Djingareyber

De son vrai nom Abdrahmane Ben Esaayouti, le grand imam a tiré sa révérence ce mercredi 10 decembre 2025. Il a été accompagné à sa dernière demeure par une foule nombreuse de fidèles, d'amis et de parents..

Lire aussi : Fonction publique d'État : Le recrutement de 926 agents contractuels lancé

Les autorités de la Transition ont décidé de combler au niveau de la Fonction publique d'État les insuffisances en termes de personnel de l'administration relevant du Code du travail..

Lire aussi : Abdoul Niang Journaliste, analyste politique et influenceur sur les réseaux sociaux : «L’ESSOR et L’ORTM gardent encore une place essentielle dans la communication d’État, la diffusion des politiques publiques et la valorisation des institutions»

Pour Abdoul Niang, il est évident pour tout le monde que ces deux médias publics ont marqué leur époque. L’ORTM est la principale source d’information audiovisuelle au Mali depuis plusieurs décennies. Quant à l’Essor, en tant que journal d’État, il est la référence écrite officiell.

Lire aussi : Kayes : La lutte contre le Sida ne faiblit pas

Le VIH/Sida représente un réel problème de santé publique à l’échelle planétaire.

Lire aussi : Sikasso : Réformes politiques, institutionnelles et électorales au cœur d’une rencontre

-.

Lire aussi : Université publique de Gao : Le ministre Kansaye entend accélérer son opérationnalisation

Dans le cadre de l’opérationnalisation effective de l’Université publique de Gao, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Pr Bouréma Kansaye a entamé, le week-end dernier, une visite dans la Cité des Askia qu’il bouclera aujourd’hui. Il est accompagn.

Les articles de l'auteur

Fonction publique d'État : Le recrutement de 926 agents contractuels lancé

Les autorités de la Transition ont décidé de combler au niveau de la Fonction publique d'État les insuffisances en termes de personnel de l'administration relevant du Code du travail..

Par Mohamed DIAWARA


Publié samedi 13 décembre 2025 à 11:47

Information à la télévision : Le coup de gueule des sourds

Ces personnes atteintes de surdité et ceux qui défendent leurs droits dénoncent la non application des textes. Certains estiment que la télévision nationale doit avoir des interprètes en langue des signes à l’instar de beaucoup d’autres pays de la sous-région.

Par Mohamed DIAWARA


Publié lundi 08 décembre 2025 à 08:09

Violences psychologiques : Les tourments d'une victime

Les activités de la campagne intitulée : «16 jours d'activisme contre les Violences basées sur le genre (VBG)» battent leur plein. Dans ce cadre, une victime de violences psychologiques a accepté de se confier sous anonymat. L'habitante de la Commune I du District de Bamako dit avoir été abandonnée, il y a trois ans, par son mari après une épisiotomie..

Par Mohamed DIAWARA


Publié vendredi 05 décembre 2025 à 09:41

Audiovisuel : Les virtuoses qui font la fierté de l’Ortm

Mme Bintou Ouédraogo Dembélé et Mme Ouédraogo Rokia Traoré ont su tracer avec abnégation leur sillon dans le métier du son, essentiellement dominé par la gent masculine.

Par Mohamed DIAWARA


Publié vendredi 05 décembre 2025 à 09:39

Gestion de la crise des hydrocarbures : 41 pétroliers, responsables syndicaux et chauffeurs décorés

À tout seigneur, tout honneur ! Ainsi peut-on qualifier la décision du Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, d’attribuer des distinctions honorifiques aux opérateurs pétroliers, aux responsables syndicaux et chauffeurs blessés qui ont accompagné activement l’État dans la gestion de la crise des hydrocarbures. Les décrets d’attribution de ces décorations datent du 26 novembre 2025..

Par Mohamed DIAWARA


Publié mercredi 03 décembre 2025 à 09:34

Mali: L'opérateur économique El Hadj Hamed Niang tire sa révérence

L'opérateur économique et philanthrope Elhadj Hamed Niang est décédé le dimanche 30 novembre 2025 à Dakar dans la capitale sénégalaise.

Par Mohamed DIAWARA


Publié lundi 01 décembre 2025 à 12:15

Santé de la reproduction : Les femmes sourdes refusent la fatalité

Faisant partie de l’une des couches les plus vulnérables du pays, ces dames ont initié, entre elles, des activités d’échanges sur la santé de la reproduction pour favoriser un changement de comportement dans leur communauté.

Par Mohamed DIAWARA


Publié vendredi 28 novembre 2025 à 08:40

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner