Martin Ziguélé au forum Medays de Tanger : «Invitons l’Afrique à passer à l’âge adulte»

L’ancien Premier ministre de Centrafrique, Martin Ziguélé, était l’une des personnalités invitées à la 16è édition du forum Medays de Tanger au Maroc. Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, il se prononce sur la thématique de cette rencontre, la place de l’Afrique dans un tel débat, les crises que traverse le continent et les perspectives

Publié lundi 02 décembre 2024 à 07:30
Martin Ziguélé au forum Medays de Tanger : «Invitons l’Afrique à passer à l’âge adulte»

L’Essor : Nous sommes à Tanger à la 16è édition du forum Medays qui se focalise sur les souverainetés, les résiliences et l’équilibre du monde. Quel est votre point de vue sur cette thématique ?

Martin Ziguélé : Aujourd’hui dans le monde entier, chaque pays tient à réaffirmer sa souveraineté et à résister par rapport aux chocs économiques, politiques, sécuritaires et sociaux, c’est donc une nouvelle donne. L’élection de Donald Trump aux États-Unis est la traduction la plus récente. Il y a donc ce besoin aussi bien de souveraineté que de résilience et de transformation de son destin par soi-même. C’est la première leçon que nous pouvons retenir de la thématique principale de ce forum, c’est d’inviter les pays africains à vraiment passer à l’âge adulte, à se prendre en charge et à se compter d’abord sur soi-même et puis à s’organiser dans une certaine solidarité pour résister à tous les chocs.

L’Essor : Quelle est la place de l’Afrique dans ce débat ? Est-ce que l’Afrique a une voix par rapport à la marche du monde, par rapport à une telle analyse entre résiliences et souverainetés ? Quelle est la part de l’Afrique ? 

Martin Ziguélé : L’Afrique, c’est 1,4 milliard d’habitants sur les 8 milliards que nous sommes sur terre. Donc, l’Afrique a sa place dans ce débat. L’Afrique, c’est 40% des ressources  naturelles dans le monde. Donc, elle a sa place, que ça soit sur le plan humain, sur le plan économique et sur le plan politique. Mais le problème de l’Afrique, c’est à la fois d’assumer sa souveraineté et de s’organiser dans une solidarité pour défendre ses propres intérêts. Car, l’enjeu mondial devient de plus en plus difficile. 

L’Essor : Qu’est-ce qui peut nourrir une telle thématique : souveraineté, résilience et équilibre mondial ? Est-ce la montée du populisme ? Est-ce que ce sont les conflits persistants ? 

Martin Ziguélé : Non, ce n’est pas la montée du populisme. C’est une prise de conscience à un certain moment où le développement dans nos pays africains ne se fera pas par d’autres pays extérieurs ou d’autres institutions financières. Cette prise de conscience est, aujourd’hui, réelle surtout du côté de la jeunesse et aussi d’une frange de nos dirigeants.

Chacun comprend que pour qu’il y ait du changement, il faut compter sur soi-même. C’est une très bonne chose que cette thématique soit aujourd’hui au centre de débat pour permettre à chacun de comprendre que nous sommes obligés de revenir à l’adage qui est à la base de toute activité humaine : «il faut d’abord compter sur soi-même».

L’Essor : Est-ce que les conflits persistants sur le continent, les déséquilibres macroéconomiques peuvent permettre à l’Afrique d’apporter sa part dans cet équilibre mondial ? 

Martin Ziguélé : Ça fait 65 ans que nous sommes indépendants. Dans les autres continents, en Europe notamment,   ils ont connu plusieurs siècles de guerres. Je ne souhaite pas plusieurs siècles de guerres en Afrique mais je pense que nous avons le temps de mieux nous organiser pour faire face aux défis sécuritaires, et surtout collectivement.

L’Essor : L’Afrique est devant le défi de la stabilité politique. Il y a des foyers de tension que ça soit en Afrique centrale, en Afrique de l’Ouest, un peu partout, en tant qu’homme d’État, homme politique, leader, décideur, acteur, comment vous percevez justement l’évolution du continent de par son passé et aujourd’hui pour se projeter dans l’avenir ?  

Martin Ziguélé : Oui, je ne suis pas naïf mais je ne suis pas pessimiste. Je sais que l’Afrique affronte des difficultés.  Comme je vous ai dit, il faut se regarder mais il faut voir aussi les autres, quelle trajectoire ils ont connue sur le plan de la construction politique, sur le plan de la construction des États.  Comme je disais, ils ont eu plusieurs siècles à faire ce travail de construction nationale avec des guerres dévastatrices qu’on appelait des guerres mondiales qui, en fait, étaient des guerres européennes, occidentales. Et tout en souhaitant que l’Afrique n’ait pas à faire ce chemin là. Je disais que nous n’avons que 65 ans d’indépendance et nous devons tirer des leçons de ce qui est arrivé aux autres et mieux nous organiser en étant forts, individuellement et collectivement. C’est la voix de l’unité qui est le salut de l’Afrique.

Propos recueillis par

Alassane Souleymane

Lire aussi : Édito: La nécessité d’un pacte social de stabilité du sport malien

Du niveau régional au niveau national, le ministre des sports tient désormais entre ses mains les recommandations des Etats généraux du sport. Plus de 80 recommandations sorties de centaines d’heures de conclave entre les acteurs, toutes spécialités, disciplines et expertises confondues..

Lire aussi : Perspectives sahéliennes : La sécurité commune dans l’AES, à pas de géant

«Ceux qui pensent nous intimider et nous déstabiliser se trompent lourdement». Nouvelle phrase choc venue du ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Général de corps d’armée Sadio Camara et dont il a la science. C’était vendredi dernier à l’issue d’une session du Cons.

Lire aussi : Édito, Perspectives sahéliennes : Les projets économiques fondateurs de l’AES

La diplomatie de la Confédération AES poursuit sa marche d’ensemble entre unité et cohérence, comme l’ont démontré les trois chefs de la diplomatie dans la première moitié de ce mois d’avril, d’abord en Russie avec leur homologue Serguei Lavrov, ensuite à Antalya en Türkiye lors dâ.

Lire aussi : Edito : Au Mali, nous avons de la mémoire historique

«Je considère que c’est une crise de trop. Elle engendre une situation extrêmement douloureuse. Les Maliens ont le sentiment d’être trahis par un pays frère avec lequel nous avons écrit l’une des pages glorieuses de l’histoire de la libération du continent», a confié l’ancienne mi.

Lire aussi : Perspectives sahéliennes : La place désormais indélébile de l’AES sur l’échiquier diplomatique international

Les acteurs médiatiques maliens et sahéliens, publics ou indépendants, peuvent se réjouir du nouveau contexte créé il y a de cela trois ans à partir de notre pays, marqué par l’absence née d’une interdiction officielle dans le paysage de certains organes de radio, de télévision et que.

Lire aussi : *=7$Drone abattu par l’Algérie : Double agression du Mali et de l’Aes

Ce sont deux communiqués fort détaillés, au contenu clair et limpide, que le Gouvernement de Transition du Mali et le Collège des Chefs d’États de l’AES ont publié en début de soirée dernière. Tous deux évoquent le même sujet : une seule agression et d’un seul agresseur..

Les articles de l'auteur

Édito: La nécessité d’un pacte social de stabilité du sport malien

Du niveau régional au niveau national, le ministre des sports tient désormais entre ses mains les recommandations des Etats généraux du sport. Plus de 80 recommandations sorties de centaines d’heures de conclave entre les acteurs, toutes spécialités, disciplines et expertises confondues..

Par Alassane Souleymane


Publié lundi 28 avril 2025 à 07:06

Perspectives sahéliennes : La sécurité commune dans l’AES, à pas de géant

«Ceux qui pensent nous intimider et nous déstabiliser se trompent lourdement». Nouvelle phrase choc venue du ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Général de corps d’armée Sadio Camara et dont il a la science. C’était vendredi dernier à l’issue d’une session du Conseil supérieur de la défense présidée par le Chef de l’État..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 22 avril 2025 à 07:39

Édito, Perspectives sahéliennes : Les projets économiques fondateurs de l’AES

La diplomatie de la Confédération AES poursuit sa marche d’ensemble entre unité et cohérence, comme l’ont démontré les trois chefs de la diplomatie dans la première moitié de ce mois d’avril, d’abord en Russie avec leur homologue Serguei Lavrov, ensuite à Antalya en Türkiye lors d’un forum diplomatique..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 15 avril 2025 à 08:02

Edito : Au Mali, nous avons de la mémoire historique

«Je considère que c’est une crise de trop. Elle engendre une situation extrêmement douloureuse. Les Maliens ont le sentiment d’être trahis par un pays frère avec lequel nous avons écrit l’une des pages glorieuses de l’histoire de la libération du continent», a confié l’ancienne ministre et sociologue Aminata Dramane Traoré, hier soir sur le plateau de la télévision nationale ORTM 1, dans l’émission «Questions d’actualité»..

Par Alassane Souleymane


Publié lundi 14 avril 2025 à 09:29

Perspectives sahéliennes : La place désormais indélébile de l’AES sur l’échiquier diplomatique international

Les acteurs médiatiques maliens et sahéliens, publics ou indépendants, peuvent se réjouir du nouveau contexte créé il y a de cela trois ans à partir de notre pays, marqué par l’absence née d’une interdiction officielle dans le paysage de certains organes de radio, de télévision et quelques titres internationaux..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 08 avril 2025 à 07:55

*=7$Drone abattu par l’Algérie : Double agression du Mali et de l’Aes

Ce sont deux communiqués fort détaillés, au contenu clair et limpide, que le Gouvernement de Transition du Mali et le Collège des Chefs d’États de l’AES ont publié en début de soirée dernière. Tous deux évoquent le même sujet : une seule agression et d’un seul agresseur..

Par Alassane Souleymane


Publié lundi 07 avril 2025 à 07:42

Édito: Après la fête, le beau temps... et les défis

L’administration publique et une grande partie des travailleurs maliens reprennent le chemin du travail après les congés de l’Aid El-Fitr, marquant la fin du Ramadan. Cinq jours fériés, entre deux mardis, ont permis de célébrer à la fois la journée des Martyrs le 26 mars et la fin du mois de jeûne..

Par Alassane Souleymane


Publié mardi 01 avril 2025 à 07:39

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner