Dénommé également «Danga» qui signifie la berge en langue locale bamanakan, Bozola Berge est un site où vivraient près de 200 familles. Selon des habitants rencontrés sur place, le dernier recensement effectué, il y a quatre années faisait état de 130 familles. Un chiffre qui a évolué depuis. De nos jours, dans certaines familles, l’on peut dénombrer jusqu’à 31 personnes.
C’est le cas chez Dramane Konta où le constat est palpable pour tout visiteur. Pendant notre entretien avec ce chef de famille, une bonne dizaine d’enfants dont le plus âgé ne dépasse pas 12 ans, jouaient dans la cour. Des course-poursuites par-ci, des cris de bébés par-là, l’intervention d’une mère de l’autre côté pour séparer des bambins bagarreurs. L’on se croirait dans une cour de récréation de jardin d’enfants. «Je vis avec mes enfants et mes petits-enfants», explique le chef de famille après s’être excusé du temps considérable mis à sortir de sa chambre pour nous recevoir. «C’est la période de l’épidémie du paludisme. Je suis alité depuis quelques jours», avance-t-il d’une voix grelottante.
Mais avant d’arriver chez notre hôte du jour, ce fut la croix et la bannière. En ce jour du mois de septembre, la rue principale menant à Bozola Berge est boueuse et encombrée au lendemain d’une forte pluie qui avait arrosé la capitale malienne. Sur la voie d’accès principale, il a fallu à notre équipe de reportage plus d’une demi-heure, alors qu’il n’en faut pas normalement plus de 5minutes, pour pouvoir se frayer un chemin dans ce bourbier en raison du mauvais état de cette unique issue et le bouchon monstre qui rythme le quotidien des usagers de cette rue.
Patriarche des lieux, Dramane Konta, est ressortissant de Konou dans la Région de Ségou. Comme lui, beaucoup d’autres squatteurs ont rejoint le site. Agé de 71 ans, le patriarche explique le processus de peuplement de Bozola Berge : «Au départ, on venait travailler ici de façon saisonnière et ensuite retourner chez nous au village. Mais après, on a commencé à s’installer peu à peu car ceux qui venaient à Bamako ne retournaient plus au village où il existe peu d’alternatives. Finalement, si l’un venait, les autres le rejoignaient et s’installent à leur tour. Par la suite, le site a été donné par la chefferie de Bozola». Le vieux Konta dit avoir élu domicile à «Danga» depuis 1976 avant de succéder à trois devanciers; à savoir Baba Diarra, Bagnini Sogoré et Badjan Sacko.
Ce bidonville est bondé de constructions de fortune faites en banco ou en paille
D’après lui, c’est loin d’être un plaisir pour eux de squatter ce bidonville surpeuplé et bondé de constructions de fortune faites en banco ou en paille qui peuvent s’écrouler facilement à la moindre intempérie. «S’il existait d’autres alternatives, on ne serait pas là. Malheureusement, presque toutes les activités à fort impact génératrices de revenus se déroulent à Bamako», argumente-t-il, pointant du doigt la misère des lieux où l’air est chargé de relent de poissons et autres cadavres d’animaux et de déchets déversés dans les eaux par des riverains.
FÊTE DU POISSON- Nonobstant, comme dans n’importe quelle communauté normale, la vie à Bozola Berge est basée sur la cohésion sociale, l’entraide. Ce rapport de bon voisinage a ainsi abouti à la création d’une association réunissant tous les pêcheurs du site. Un regroupement dénommé «Commission» a été mis en place avec pour mission, de maintenir et de renforcer l’unité. Dans cette harmonie, des activités récréatives sont périodiquement organisées comme la course de pirogues lors de la fête du 22 septembre ou à l’occasion de la «Fête du Poisson». Responsable des jeunes de la communauté, Issa Niaré, coordonne ces activités. Lors de notre passage sur le site, il venait de recevoir un coup de fil de la part d’Européens pour une activité sur le fleuve.
«C’est impossible de répondre avec satisfaction à cette sollicitation. Ils disent qu’ils ont besoin de 50 pirogues, alors que chaque Commune de Bamako qui doit participer à ce genre d’activité ne dispose que d’une pirogue», regrette notre interlocuteur. Et d’ajouter que l’association venait de louper une occasion de se faire de l’argent en cette période de vache maigre.
Les pieds presque dans les eaux du fleuve Niger, la vie à Bozola Berge, où vivent majoritairement les Bozo et Sômônô, tourne principalement autour d’activités fluviales, notamment la pêche. Mais depuis quelques temps, une reconversion coercitive s’impose aux habitants du fait de la rareté des poissons, une réalité consécutive au dragage, au morcellement de la berge pour des travaux de construction ainsi qu’au déversement des déchets solides et liquides dans le fleuve. «Actuellement, la pêche n’est pas fructueuse. Les poissons n’ayant plus d’endroits pour se reproduirent, car les endroits propices à la reproduction sont endommagés par des activités de dégradation de l’environnement», dénonce Dramane Konta.
Face à cette contrainte, les habitants se tournent vers d’autres activités jugées rentables, afin de pouvoir, disent-ils, survivre. Les hommes, pour la plupart, ont choisi des métiers comme la mécanique, la menuiserie et autres. Et les femmes, qui vendaient autrefois les poissons pêchés par leurs époux pour ensuite acheter les condiments, font désormais le commerce de fruits tels que la banane et la papaye. Une solution palliative qui semble ne pas produire l’effet escompté, à en croire Fatoumata Konta, désormais commerçante de circonstance, déscolarisée après son échec à l’examen de la 6è année. À entendre des interlocuteurs rencontrés sur le site de Bozola Berge parler, les études semblent être aussi reléguées au second plan au profit des activités de subsistance.
Dramane Konta témoigne que ses enfants n’ont pas su tirer leur épingle du jeu sur les bancs d’écoles. «À vrai dire, au départ on ne s’intéressait pas à l’école», admet-il, avant de souligner : «J’ai inscrit certains de mes enfants à l’école. Ils ne sont pas allés loin dans les études. Je n’ai pas d’explication concrète à donner à leur échec. En tout cas, aucun d’entre eux n’a avancé dans les études». Pour identifier l’une des causes de cet échec, pas besoin d’être un spécialiste de la sociologie ou de l’enseignement primaire. Car rien qu’en jetant un clin d’œil sur le décor qui se présente, l’on se rend automatiquement compte que l’environnement n’est pas propice à une réussite scolaire à Bozola Berge. D’autant plus qu’il est de notoriété publique que les conditions de vie jouent un rôle important dans la réussite d’un élève.
DES MALADIES CAUSÉES PAR LES MOUSTIQUES- Outre la morosité des activités fluviales, la reconversion timide, la population de Bozola Berge est également confrontée à des maladies causées; le plus souvent par les moustiques et la forte humidité qui est accentuée durant l’hivernage. Épidémiologiste malien, Dr Bourama Kéïta, explique que les eaux stagnantes favorisent surtout la prolifération des moustiques et par ricochet le paludisme.
«Il y a des espèces de moustiques qui sont en train d’émerger aussi et qui transmettent d’autres maladies surtout virales telles que la dengue, la fièvre jaune. Pour ce qui est de la forte humidité, elle peut provoquer des maladies respiratoires, des dermatoses caractérisées surtout par des infections fongiques», alerte celui qui est également chercheur à l’IDMERTC (Infectious Diseases and Medical Entomology Research and Training Center).
Malgré ce quotidien difficile, les ambitions sont énormes pour ce site dont les habitants ont à cœur de moderniser leur habitat bien qu’installé illégalement. C’est ainsi qu’ils formulent le vœu de voir l’État leur venir en aide afin de pouvoir aménager le site et le rendre plus vivable. «On a fait l’objet de plusieurs tentatives de déguerpissement. Étant donné que nous n’avons pas d’autres endroits où aller, il vaut mieux que les autorités viabilisent ce site pour nous», propose Dramane Konta qui garde encore en mémoire les souvenirs douloureux des précédentes inondations. L’an passé, rappelle-t-il, «on a été obligés de quitter les écoles où nous avions été recasés en raison de la reprise des cours».
Alassane Cissouma
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